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| Chassez le naturel, il revient au galop. SLOAAN&LUCAS | |
| Auteur | Message |
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MOI JE FAIS LA FÊTE AVEC InvitéInvité | Sujet: Chassez le naturel, il revient au galop. SLOAAN&LUCAS Jeu 19 Avr - 18:54 | |
| Chassez le naturel il revient au galop, Sloàan & Lucas, Acte ILa scène pouvait paraître saisissante. Lucas Morrigan, cet être déchu par une enfance gâchée et par quelques déceptions d'adulte, se trouvait exactement là où il aurait rêvé être dans une autre vie, et la où la plupart des gens le regardait comme un individu égaré. Ils n'avaient pas tort. Son attitude ainsi que sa tenue nuançaient avec l'ambiance générale du quartier : Cleveland Street et ses tours d'ivoire. L'équivalent californien de Wall Street, où les tours se mesuraient à la hauteur de la décadence de ses financiers avides. Que diable pouvait-il faire ici ? La réponse tenait en un chiffre saisissant : près de 70% de son chiffre d'affaires se réalisait dans ce quartier en apparence si tranquille. Les financiers et autres cadres d'entreprises étaient prêts à beaucoup pour s'octroyer quelques drogues. D'où un effet de levier important de la part de Lucas, non content d'être le spectateur privilégié de telles situations. Certains venaient le voir en début de journée, avant que la Bourse n'ouvre afin de se donner le courage et folie nécessaire pour parier des sommes folles sur les marchés financiers. D'autres au contraire le sollicitait au crépuscule, après une journée éprouvante. Qui a dit que la drogue ne payait pas ? Finalement, c'était un travail comme un autre. Lucas fixait ses prix, renouvelait son stock et consentait des rabais à ses plus proches amis.
La nuit marquait désormais son empreinte dans les rues désormais sombres du quartier. Les mains rentrées dans les poches de sa veste en cuir, Lucas déambulait d'un pas nonchalant. Son stock pour la journée était parti à une vitesse déconcertante, il lui restait juste de quoi se satisfaire. Le jeune homme attendait néanmoins le moment opportun. Sans en connaître l'exacte raison ou encore l'explication scientifique, il pouvait contrôler ses besoins et éloigner le spectre d'une dépendance trop marquée à la drogue. Lucas avait même une sorte de rituel avant de consommer, du moins à cette heure avancée de la journée. Il marchait parfois plusieurs kilomètres avant de croiser un bar attirant ou d'entendre le bruit particulier d'une fête se donnant dans les environs. À ce moment-là, il participait à la fête et consommait lorsque celle-ci arrivait à sa fin, une fois que l'alcool avait noyé les derniers restes de sa lucidité.
Malgré ses réflexions tortueuses à cet instant précis, Lucas aperçu une silhouette qu'il n'oublierait jamais. Ce corps de femme parfaitement sculpté, ces cheveux longs qui ondulaient légèrement et puis .. rien. Sloàan avait changé de direction, une énième rue qui menait à un parking .. plongé dans l'obscurité. Dès lors, un sourire malsain se dessina sur les lèvres du jeune homme. Les mains toujours dans les poches de sa veste, il accéléra le pas de manière à la rattraper tout en gardant une certaine distance avec elle et marcha de façon à avoir le visage à l'abri de la lumière des réverbères. Monsieur Morrigan souhaitait s'amuser de toute évidence. Seul avec elle dans cette rue, et probablement jusqu'à ce fameux parking, il voulait en faire son jouet. Après quelques mètres, il fit en sorte de se faire remarquer en butant contre une poubelle, le bruit de celle-ci se répercutant dans la rue toute entière et même au-delà. Il poursuivit ainsi sa fausse traque jusqu'au parking. Là, il attendit le moment propice pour surgir et lui assener de sa voix joueuse et amusée : « Ne me dis pas que je t'ai fait peur ! » |
| | | MOI JE FAIS LA FÊTE AVEC InvitéInvité | Sujet: Re: Chassez le naturel, il revient au galop. SLOAAN&LUCAS Ven 20 Avr - 10:54 | |
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★ CHASSEZ LE NATUREL ; IL REVIENT AU GALOP ★
Sensation lourde et inavouable, ses démons l’observaient dans l’ombre de la prochaine rue. Cette impression incompréhensive d’un regard qui se pose sur vous et ne vous quitte plus. Elle vivait avec cette curiosité en permanence. Elle avait appris à les maitriser, à les repousser et les combattre, mais elle le savait, certaines nuits ils revenaient la hanter. Cette nuit était la bonne, elle n’y échapperait pas. Le jour et la nuit, deux attitudes différentes pour un même combat, celui de la drogue. La journée elle s’occupe mais la nuit ? Rien à faire, rien à regarder à la télévision, personne à qui parler, au final elle était foutrement seule face à son destin. Destin qui, ce soir-là, ressemblait foutrement au passé. Cette odeur fétide des rues malfamées des quartiers riches, elle la connait sur le bout des doigts. Une partie de son passé s’était déroulé là, à l’endroit même où elle se tenait, les mains dans les poches de veste, perchées sur ses talons hauts. Personne n’était dans cette ruelle autrefois bien fréquentée par les dealers. La police est sûrement passée par ici il y a peu pour attraper ses destructeurs de vie. Parce qu’ils l’étaient, tous, aussi bien petits que grands, Sloàan en témoignerait volontiers. Quittant cette ruelle dans l’objectif de retourner chez elle, ses pas étaient rapides, comme pour échapper à son passé qui l’a rattrapait. Oh, bien évidemment c’était psychologique… si seulement elle savait qu’il pouvait aussi la rattraper physiquement. Passant d’une ruelle à une autre, d’une grande rue à une plus petite encore, semer ses pensées, semer ses démons, c’est ce qu’elle cherchait à faire dans des détours totalement inutiles. De toute manière elle arrivait bientôt au parking où sa moto l’attendait sagement.
Mais la sensation d’être suivie ne la quittait pas, elle se sentait menacée, gardant pourtant le même rythme assidu de marche. Echapper à un prédateur imaginaire ou bien réel, c’était son objectif. Elle ne se retournait pas, jamais, elle le sait, c’est le meilleur moyen de se faire attaquer. De toute manière, à présent, elle était apte à se défendre physiquement. Mais psychologiquement, était-ce le cas ? Y penser ne ferait qu’entraver son objectif. Bien souvent cette chasse à l’Homme n’était que le fruit de son imagination, mais lorsque le bruit retentissant d’une poubelle frappée de plein fouet vint à ses oreilles, elle n’avait plus de doute, elle était bien suivie. Et soit cet idiot s’était fait remarqué malgré lui, soit il était redoutable et savait parfaitement ce qu’il faisait. Ne se détournant pas de sa route, elle continuait à marcher à vive allure, les lumières extérieures du parking lui indiquant qu’elle était sauvée, ou presque. A l’intérieur, elle relâchait un peu d’air, ayant retenu une partie de son souffle jusque-là. Arrivée à côté de son engin, elle prit les clés dans sa poche et ouvrit le siège pour le soulever et sortir son casque ainsi que sa combinaison de protection. L’obscurité presque totale du parking lui glaçait le sang et se fût pire lorsqu’une voix particulière s’élevait dans l’air, l’interpellant. Un léger sursaut l’atteignait alors que son visage tournait vers celui qui semblait satisfait de son coup. Ce visage, cette voix, elle les connaissait mieux que quiconque. « Morrigan… » Le fruit de son imagination trop poussée ? Non, il ne fallait pas exagérer et se faire une raison, son pire ennemi se trouvait bien face à lui. Un ennemi qu’elle avait pourtant fréquenté pendant de longues années et avec assiduité, lui offrant tout. Aussi bien son âme, pouvant facilement le comparer au diable en personne, mais aussi sa naïveté, sa fragilité qui furent suivie de près de son corps tout entier. Autrefois elle aurait dit qu’elle lui avait donné sa virginité en échange de quelques grammes, aujourd’hui elle pourrait crier qu’il lui a volé, vil manipulateur.
Mais il ne fallait plus se fier aux apparences. Certes son corps n’avait pas changé, mais psychologiquement elle était bien plus forte qu’il ne le pensait. Ne quittant pas le regard de celui qui la fixait, elle refermait presque avec force le siège de son bolide à deux roues. « Tu ne me fais plus peur depuis longtemps Lucas, faut pas prendre tes rêves pour des réalités. » Une affirmation bien ébranlée par une brèche, à sa carapace de fille forte, fraichement créée à son apparition. Lucas, un prénom qu’elle avait prononcé des milliards des fois et qu’elle espérait ne plus voir passer au travers de ses lèvres. Et pourtant elle était de nouveau confrontée à sa personne, bien obligée de subir remarques, moqueries et autres tentatives d’assouvissement celui en arrivait jusque-là, comme à l’époque où elle lui était entièrement soumise. Meilleure mine, meilleure forme, persuadée de le battre à son propre jeu, elle n’hésitait pas à reprendre la parole. « Qu’est-ce que tu veux pour me suivre comme si tu étais un meurtrier qui a soif de sang ? » Elle lui parlait comme si elle l’avait vu la semaine précédente. Ce qui était pourtant totalement faux, cette entrevue étant séparée de plusieurs années avec la dernière. Il n’avait pas changé, ou presque pas. Un visage de séducteur, des gestes précis, une allure de dépravé, une image de souillon masculine à la dérive. Manquait plus qu’à savoir si sa psychologie de petit démon en herbe avait, elle, changée ou non. |
Dernière édition par Sloàan A. Jones le Mer 23 Mai - 16:25, édité 3 fois |
| | | MOI JE FAIS LA FÊTE AVEC InvitéInvité | Sujet: Re: Chassez le naturel, il revient au galop. SLOAAN&LUCAS Ven 20 Avr - 12:52 | |
| Lucas Evan Morrigan. Qui était-il vraiment ? Si on le connaissait sous la coupe du jeune homme brisé et réduit à une consommation démesurée de produits illicites, personne ne pouvait se vanter de le connaître réellement. Ses plus proches amis le présenteraient comme un homme présomptueux mais néanmoins fréquentable, avec un sens aiguisé pour les affaires. Forcément, ils étaient ses clients les plus importants. Ses ennemis, eux, joueraient sur sa déchéance et sur son sort déjà scellé. Quant au propriétaire de son petit appartement, il saluerait ses paiements réguliers. Lucas lui-même savait-il qui il était ? Lorsqu'il était encore un jeune garçon, sa vie semblait déjà lui échapper du bout des doigts. Et il se prenait à rêver de saisir l'insaisissable. Les disputes incessantes de ses parents l'éloignaient chaque jour un peu plus de ses rêves d'enfant. Si longtemps il s'était laissé bercer par l'heureuse insouciance de l'inconscience, la dure réalité des faits l'avait saisi à son adolescence. Le temps avait passé et le domaine de l'illusion retenait tous ses rêves à présent. Cette vie qui était la sienne lui plaisait en même temps qu'il la détestait. Un paradoxe qui en aurait fait frémir plus d'un. Il lui semblait être fait prisonnier dans le prisme d'une identité qui n'était pas sienne. Sa vie entière lui avait échappée avant même qu'il n'en eut conscience, par une enfance brisée dont on s'était amusé à piétiner les quelques morceaux intacts. Aujourd'hui il n'en restait rien sinon quelques souvenirs flous et douloureux. Lucas savait une chose sur lui-même : les gens pensaient le connaitre alors qu'ils étaient à mille lieux de capter sa véritable essence. Leur crédulité l'amusait. Il pouvait se jouer d'eux à souhait, passer pour celui qu'il n'était pas et regarder fleurir leurs réactions prévisibles.
Sloàan. Cette fausse poursuite dans les rues mal éclairées de Cleveland Street lui faisait penser au scénario d'un film d'épouvante. Il traquait sa proie en toute impunité, sûr de lui et de son ascendant, tel le maitre des lieux dans un environnement inconnu. Seulement, Sloàan connaissait cet endroit aussi bien que lui. Il n'aurait pu oublier ses yeux hagards lorsqu'elle avait besoin d'une dose, ainsi que la détresse qui y transperçait parfois. Quelques années auparavant, il pouvait lire en elle comme à livre ouvert. D'une certaine manière, Sloàan avait été sienne. D'abord, il l'avait privé du dernier rempart de sa dignité en lui enlevant sa virginité puis il l'avait conduit tout droit dans les chemins sordides de la drogue et de l'alcool. Il aimait cette emprise sur elle. Au fond de lui pourtant, il devait avouer que cette situation ne lui donnait pas entière satisfaction. Non, il n'attendait rien de plus pourtant. En réalité, il aurait voulu être celui qui la débarrassait de tout cela plutôt que celui qui l'entrainait dans cet engrenage sans fin. Depuis longtemps déjà il s'était fait à l'idée qu'il ne serait jamais cet homme et, malgré lui, malgré elle, Sloàan serait la victime de sa frustration ainsi que de sa jalousie.
Une moue amusée éclairant son visage, Lucas suivait son éternelle proie tout en remarquant déjà l'assurance dont elle faisait preuve. Ses pas étaient mesurés, précis, presque étudiés pour ne pas perdre une seconde d'un trajet dont elle semblait vouloir se débarrasser. Cela contrastait déjà avec la Sloàan qu'il avait connu. Lucas savait que les lumières du parking viendraient combler le peu de manque d'assurance de la jeune femme.
Quelque peu décontenancé par cette assurance qu'il ne lui connaissait pas, Lucas reprit de sa superbe lorsqu'il observa la façon qu'elle eut de refermer le siège de sa moto. La légère crispation de ses doigts fins, leur jointure devenue blanche par une pression trop forte sur le loquet. Infime ou non, le jeune homme exploiterait la moindre faille, la moindre faiblesse. Le regard fixe, un mince sourire en coin, Lucas aurait voulu fermer les yeux à cet instant précis pour profiter au mieux des fluctuations de sa voix. D'autant plus qu'elle prononçait son nom. Sa remarque le fit presque doucement rire. Lorsqu'elle écartait les cuisses, il ne se souvenait pas lui avoir fait peur. Lucas ignorait si le temps s'était écoulé plus vite que ce qu'il avait estimé, toujours est-il que ce fût son interlocutrice qui menait la conversation. Deux remarques, deux failles. En souvenir du passé, le jeune homme consentait à lui faire grâce de la première.
Son regard provocateur se mesura au sien durant quelques secondes. Secondes durant lesquelles sa main alla accrocher un mince sachet de poudre blanche, logé dans la poche de sa veste. « Ne serait-ce pas plutôt moi qui devrait te demander ce que tu veux ? » Nul doute qu'il faisait référence à ce qui les liait autrefois : la drogue. À ce sachet présentement en sa possession et qu'elle lui demandait. Ce soir, il voulait la mener à bout. Mieux, il voulait la voir soumise pour soulager sa frustration. Se rapprochant dangereusement d'elle, il lui parlait en même temps qu'il lui glissait le fameux sachet dans la poche arrière de son jean, en profitant même pour effleurer le galbe musclé de ses fesses. Il ne doutait pas qu'une main puisse venir le gifler, réaction normale et justifiée après une énième provocation, mais c'était toujours mieux que recevoir ce même sachet au visage. « Je suis certain que tu n'as pas changé New-York. » Monsieur jouait sur l'ambiguité entre sa dépendance passée à la drogue et la fréquence de leurs rapports sexuels à cette même époque. Il lui offrait une caresse en même temps que la drogue, certain qu'elle n'avait pas changé dans l'un et l'autre cas. Comme si cela ne suffisait pas, il ressuscitait un surnom vieux de cent ans. New-York. Combien de fois avait-il raillé la ville d'origine de Sloàan ? Les Eagles de Philadelphie contre les Giants de New-York. Malgré son passé en friche, Lucas ne semblait pas renier ses origines.
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| | | MOI JE FAIS LA FÊTE AVEC InvitéInvité | Sujet: Re: Chassez le naturel, il revient au galop. SLOAAN&LUCAS Ven 20 Avr - 15:00 | |
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★ CHASSEZ LE NATUREL ; IL REVIENT AU GALOP ★
La normalité. Une jolie connerie au regard de Sloàan. Qui connait la normalité en réalité ? Qui l’a déjà fréquentée ? Certainement pas la jeune femme qui une fois de plus faisait preuve de décontenance. Être conventionnel, entrer dans les normes, ne pas dépasser les limites, être politiquement correct. Mais où sont-elles justement les limites ? Rien n’est blanc, rien n’est noir, tout est gris. Regardez autour de vous, des entreprises sous la main ferme d’un politique, des médias sous l’emprise d’un bon pactole, des gamins hypnotisés par une télévision qui leur bourre le crâne d’images aussi fausses les unes que les autres. Faux, tout n’est que faussetés, mensonges, cachoteries. Au final, bien que perfide, la seule réelle chose qu’elle connait c’est sa liaison totalement bancale qu’elle entretenait avec Lucas. Ça c’était vrai. Ce besoin d’aller vers lui pour nourrir son manque de poudre blanche surnommé Blanche Neige, cet échange de regards négociants qui savent ce qu’ils veulent, cette manipulation dont elle était parfaitement conscience mais dont elle se foutait royalement, les premiers baisers pour un paiement en nature, les premières caresses, les premières envies, la première fois tout simplement. Action sans cesse réitérée et pourtant tellement appréciée, à la limite de vouloir toujours payer de cette manière. Mais aujourd’hui tout ça s’est bel et bien envolé. En y repensant face à celui qui l’avait détruite, elle se sentait souillée, misérable, idiote d’avoir céder à ce genre de technique l’apparentant à l’image d’une prostituée qui vend son corps pour ses besoins quasiment vitaux.
Mais elle ne comptait plus se laisser faire, plus forte que jamais maintenant qu’elle a reconstruit sa vie loin de tout ça, ou presque. Preuve en était qu’elle lui faisait face sans se démonter alors qu’à l’époque elle serait déjà à genoux à le supplier. Quelques gestes pourtant lui échappaient, laissant voir le stress qui lui nouait l’estomac. Elle ne s’attendait pas à le voir, pas maintenant, pas tout de suite. Et cette nouvelle rencontre intervenue plus tôt qu’elle ne l’avait prévue, avait tendance à l’effrayer, bien que son visage fermé ne laissait paraitre aucune émotion. Un souvenir précis lui revint alors en tête. Le jour où elle a disparue de la circulation, se battant contre la drogue pour économiser avant de mettre son argent dans les soins de sa sœur, qui finalement avait fini par être emportée par la maladie. Ce jour-là, elle ressentait une peur insaisissable, une peur de croiser un quelconque dealer et qu’il la fasse craquer. Le manque était fort, très fort, au point qu’elle se sentit obligée de s’enfermer elle-même dans son appartement, symbolique de ce désespoir et de sa faiblesse face à la drogue. Ce soir c’était presque la même chose. L’envie de consommer n’était plus là, mais sa faiblesse avait refait surface. Au final ce n’était peut-être pas au produit illicite qu’elle était accro, mais à celui qui le fournissait. Un tiraillement puissant entre l’envie de lui en coller une et celle de le plaquer contre l’une des voitures pour goûter de nouveaux à ses lèvres montait au creux de ses reins.
Cette sensation accentuée par son approche la dévorait de toute part, emprisonnant ses membres dans une immobilité presque parfaite. Ce parfum, ce toucher, presque un sentiment de sécurité alors qu’il l’entourait de son bras, glissant un sachet dans sa poche arrière de jean. Elle savait parfaitement de quoi il s’agissait, et il était tout simplement hors de question pour elle de le laisser gagner aussi facilement. Il semblait si fier, si hautain, qu’il était temps de lui faire comprendre qu’il n’est plus le maitre de la partie ni même du jeu. Le faire redescendre sur terre, nouvel objectif. Et ça commençait, effectivement, par une gifle qui claquait dans l’air, brisant le silence du parking souterrain. Reculant d’un pas ou deux, presque collée au mur, elle reprenait la parole, laissant la colère se faire attendre dans sa voix. « Tu me prend pour qui Morrigan ? Tu t’es trompée de personne, je ne suis pas ton jouet, je ne suis plus ton jouet, c’est une époque révolue, mets-toi ça dans le crâne, crétin. » Insulte de jeune fille, incapable d’en sortir une autre sur le coup. Idiote, elle avait l’air d’une idiote, jusqu’à ce qu’elle saisisse le sachet dans sa poche, le gardant un instant en main. « Tu t’attends à quoi au juste ? Que je le garde pour consommer et que j’écarte les cuisses pour te remercier de cette si généreuse offrande ? Tu peux aller voir l’une de tes droguées notoires et si facilement influençables, compte pas sur moi pour faire passer tes pulsions malsaines et perverses. » Plus mauvaise que jamais, plus sûre encore d’elle qu’il ne peut le croire, elle lui renvoyait le sachet, le jetant encore plus loin dans l’espoir, peut-être, qu’il le perde et ne la tente plus. Parce que derrière ce masque de jeune femme inébranlable dormait toujours cette jeune adulte accro à la drogue qui n’attend que le bon moment pour surgir de son trou. Sortie seule de la misère, elle peut craquer à tout moment, elle le sait, surtout les soirs où elle traine dans ce genre de rue.
Et bien qu’elle semblait dure et impassible face à cette proposition que beaucoup aurait trouvée alléchante, elle n’en restait pas moins perturbée par sa présence. Son regard perçant, son corps l’empêchant d’accéder à sa moto sur laquelle elle avait laissé les clés, ses mains qu’elle sait à la fois douces et brutales. Son corps entier, ses gestes ne correspondaient pas à ses paroles. La colère qu’elle laissait paraitre, l’assurance qu’elle montrait dans l’intonation de sa voix n’avait rien à voir avec ses gestes devenus peu sûrs, imprécis, presque flous. Au final elle se défendait plus verbalement que physiquement, il pourrait la détruire en un claquement de doigt malgré la résistance dont elle faisait preuve. Un froncement de sourcil, léger, alors qu’elle le fixait dans l’espoir que ça puisse le faire partir, ou simplement bouger pour qu’elle ait la possibilité de filer sur sa moto et le planter là comme un idiot. Les années avaient créées un trou entre eux, un véritable fossé et alors qu’elle tentait de l’élargir, lui voulait la faire traverser. Un passé douloureux qui lui revenait en pleine figure, créant une nouvelle faille dans sa carapace qu’elle avait déjà du mal à maintenir. Imposant, présence qui ferait taire une salle toute entière s’il y entrait. Lucas Morrigan n’avait rien d’un ange, et c’est exactement l’effet qu’il était en train de faire à Sloàan, toujours incapable de bouger, adossée au mur. Peur de lui ? Certainement. Prête à craquer à ses avances ? Absolument pas. Si elle s’était battue pendant tant d’années, ce n’est pas face au premier obstacle, bien que de taille, qu’elle craquera, hors de question, elle se l’interdisait. « Maintenant tu peux aller te faire voir et aller faire un tour plus loin voir si j’y suis. » Provoquante, il voulait jouer à ce jeu, elle allait jouer. Le round 1 était ouvert. |
Dernière édition par Sloàan A. Jones le Mer 23 Mai - 16:25, édité 3 fois |
| | | MOI JE FAIS LA FÊTE AVEC InvitéInvité | Sujet: Re: Chassez le naturel, il revient au galop. SLOAAN&LUCAS Ven 20 Avr - 17:08 | |
| Son arrogance dépassait l'entendement. Plus visible encore que par le passé, les quelques années qui séparaient les deux protagonistes de leur dernière rencontre avaient forgé deux caractères bien distincts. Le Bien et le Mal, la rédemption et le purgatoire. Car c'est bien dans ce dernier lieu que Lucas semblait évoluer. Sloàan n'était en rien l'issue salvatrice qu'il recherchait depuis si longtemps, simplement une âme suffisamment faible pour la ramener à lui. Oui, son égoïsme était sans nom, sans limites, sans pareil. Sous l'éclairage parfois incertain des quelques réverbères du parking, Lucas luttait en son for intérieur. D'une certaine manière, la présence de Sloàan l'apaisait et ce malgré le ton de la discussion en cours. En d'autres circonstances, il aurait déjà brisé les espoirs de quiconque se serait trouvé à la place de son interlocutrice. La lueur de ses yeux noisettes parvenait à le canaliser. Finalement, Sloàan l'aidait malgré elle. Sa frustration était telle qu'il aurait pu imploser un millier de fois à présent. Et il ne se gênait généralement pas pour laisser exprimer sa colère. Néanmoins, Sloàan agissait sans le savoir comme le détonateur d'une colère trop longtemps refoulée. Oui, il lui en voulait de s'être séparé de lui de la sorte. Sans un mot, sans rien. Du jour au lendemain, il avait perdu la femme qu'il pensait sous son contrôle sans se douter que les rôles étaient peut être inversés.
Son regard vint finalement se noyer dans celui de Sloàan. Regard assassin, regard meurtrier accompagné de la douce note d'un fin rire provocateur. Non. Décidément, il ne laisserait pas ses piètres répliques devenir les porte-parole d'une assurance prétendument gagnée loin de sa présence. Encore moins la gifle piquante qu'elle venait de lui assener. La tête tournée sur la droite, sa joue ne souffrait pas mais témoignait néanmoins d'un besoin depuis longtemps réfréné. Qu'elle le frappe encore et encore, il était certain que cela ferait naître chez elle bien d'autres pulsions. Un instant, il la défia du regard tout en se frottant négligemment la joue. « Gueule pas comme ça New-York ça te va pas. » Un sourire malsain finit de ponctuer la sonorité de sa réaction. Sa main, dont il se rappelait encore la sensation sur sa peau, renfermait le sachet de poudre. Sloàan ne l'avait pas aussitôt jeté, détail loin d'être anodin aux yeux de son bourreau.
La seule évocation qu'elle écarte les cuisses le fit sourire, une image qui vint presque inspirer sa virilité en souvenir de quelques images bien choisies dans leur passé commun. Lucas ignora avec dédain la remarque suivante et se préoccupa plutôt d'attraper le sachet au vol. Ses réflexes n'avaient rien perdu. Tant pis. La tentative suivante serait la bonne. Le sachet coincé au creux de sa main, Lucas lui adressa un regard interrogatif et haussa les épaules. Moment durant lequel il abandonna la jeune femme à sa propre haine. Haine dont il n'était pas le précurseur et dont il ne serait pas la victime … s'il lui avait fourni la drogue, Lucas n'était pas davantage allé la chercher pour lui en proposer. Non. Non, Lucas n'était pas qu'un sale con. Pas plus qu'il n'était un pervers. Il n'était pas qu'un sale type dont l'unique but était de voir souffrir ceux qui avaient le malheur de s'approcher de lui. Il n'était pas l'enfoiré de service que tout le monde qualifiait de monstre sans cœur. Un cœur, il en avait un, il pouvait même le sentir battre contre sa poitrine. Bon, il pouvait bien accorder à tout ce beau monde que son palpitant était certainement légèrement plus dur que celui du commun des mortels, mais de là à le désigner comme étant un connard innommable, il ne fallait pas exagérer ! Après tout, était-ce sa faute si Sloàan s'était glissée dans ses draps sans vraiment savoir à qui elle avait affaire ? Bien entendu, elle connaissait désormais son amant sous tous les aspects de son exécrable personnalité, mais elle avait commencé par séduire un homme dont elle ne savait rien, se laissant simplement envoûter par ce charme mystérieux dont lui seul avait le secret. Alors, à qui la faute en fin de compte ? Lucas ne pouvait se reprocher quoique ce soit. Il n'avait absolument rien demandé et s'était contenté de prendre ce qu'on lui offrait de si bon cœur. Sloàan avait fait l'erreur de se montrer un peu trop téméraire et avait courtisé le danger à plusieurs reprises. Elle s'en mordait maintenant les doigts et reprochait à son ancien fournisseur ses propres erreurs. Et puis, quand on y réfléchissait bien, de quoi l'accusait-elle exactement ? De lui avoir fournir ce pour quoi elle le suppliait ? De s'être laissé appâter par des formes particulièrement généreuses et une personnalité unique en son genre ? C'était flagrant, Lucas semblait bien incapable d'éprouver la moindre parcelle de culpabilité. Celle-ci étant un énorme sac de briques qu'il refusait tout bonnement d'avoir à porter. A ses yeux, Sloàan était la seule responsable de ce qui lui arrivait.
Le sachet fermement tenu d'une main, Lucas prit possession du trousseau de clé qui l'attendait sur la moto. Désormais, il détenait les deux libertés de la belle Jones. D'un côté, la liberté de le fuir et de l'autre la liberté à laquelle elle avait tant goûté. Se protégeant en esquissant quelques pas en arrière, Lucas leva suffisamment les bras pour que ses deux propositions soient hors de portée pour l'instant. Sloàan était plus petite que lui de quelques centimètres mais il ne doutait pas de sa capacité à cogner, sa gifle en témoignait. « Je parie que personne ne t'a autant diverti depuis un bon moment. » Son sourire aurait pu être celui de quelqu'un à qui l'on annonce le gain de plusieurs milliers de dollars. C'était simplement le sourire d'un homme qui passait quelques minutes en compagnie d'une femme qui l'avait délaissé mais pour qui il ressentait toujours ce petit quelque chose. Un sentiment insaisissable dont il n'apercevait que les contours seulement.
Les deux objets en sa possession, Lucas s'amusait de la réaction qu'il venait de susciter. Sans en connaître l'exacte raison, il laissa sa spontanéité s'exprimer. Le sachet de poudre qu'il tenait jusqu'alors alla se perdre dans l'obscurité du parking. « Je ne suis pas aussi accro que ce que l'on dit .. ». Malgré sa perte sèche d'une centaine de dollars, Lucas se fichait bien du sachet. Il pouvait s'en passer maintenant car il savait que plus tard il aurait le réconfort d'en avoir un autre. Son geste consistait à prouver à Sloàan que le rejet était une chose, la dépendance une autre. Dans ce jeu de brutes, ils étaient autant accro à la drogue l'un que l'autre. Penser l'oublier n'était qu'une douce illusion, le monde selon Gargantua. Il lui restait maintenant les clés de la moto. Un rapide coup d'oeil sur le bitume du parking et Lucas les envoya droit dans la grille qui renfermait une installation quelconque. Un petit "clic" se fit entendre lorsque les clés touchèrent le métal de la grille avant de se faire engloutir. Bruit que reproduisit volontiers le jeune homme. « Clic .. oups ! ». Son haussement d'épaules semblait vouloir le dédouaner de ce geste dont il était l'instigateur prétendument malheureux.
Qu'elle le veuille ou non, Sloàan était désormais sa prisonnière. Prisonnière loin de se laisser faire davantage certes mais, au moins, ils étaient seuls au monde sur ce parking d'Oceanside. « Tu viens pas embrasser ton vieux pote Lucas ? »
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| | | MOI JE FAIS LA FÊTE AVEC InvitéInvité | Sujet: Re: Chassez le naturel, il revient au galop. SLOAAN&LUCAS Sam 21 Avr - 21:25 | |
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★ CHASSEZ LE NATUREL ; IL REVIENT AU GALOP ★
La parfaite saloperie qui vous énerve au plus haut point. Il était exécrable, oh oui il l’était. Et le ton qu’employait la jeune femme le laissait largement savoir. Elle voyait parfaitement clair dans son jeu, il ne cherchait pas à la faire craquer pour la drogue, non, il cherchait juste à la pousser à bout pour lui montrer à quel point elle est soumisse, à quel point elle peut être faible. Quelle idiote elle a été de lui montrer ses faiblesses. Se jeter seule, comme une grande fille, dans la gueule du loup. La pire erreur de sa vie… et en même temps la plus jouissive. Joli paradoxe digne d’un roman policier où la victime hait son agresseur mais est atteinte du syndrome de Stockholm. Foutus souvenirs, à la fois d’une violence extrême du point de vue de son combat mais d’une douceur inégalée du point de vue humain. Parce que oui, elle était certes sous son contrôle, mais elle l’avait choisis. Elle se répugnait elle-même pour avoir osé, mais à l’époque où elle passait le plus clair de son temps avec lui dans un lit ou ailleurs à boire et faire les cons, c’était les plus destructrices mais aussi les plus belles années de sa vie, humainement parlant. C’était un lien étrange qui les unissait. Bancal certes, mais fort. Assez puissant pour qu’aujourd’hui encore elle en ressente des bribes, comme si rien ne s’effaçait réellement et que d’une façon ou d’une autre il avait subsisté. Et plus elle regardait celui qu’elle tenait pour responsable sans aucune raison valable et plus elle se disait que c’était exact. Des souvenirs intactes, une sensation étrange de continuité, comme si rien ne s’était réellement arrêté, cette fâcheuse impression de sentir ses mains sur elle et la satisfaction d’avoir sa dose nécessaire. Et ça, c’était foutrement déstabilisant. Parce que la sensation de continuité entrainait avec elle le passé. Son passé se prolongeait, sous ses yeux. Elle était là, il était là, et au fond, ça allait aboutir à quoi ? A une partie de jambe l’air entre deux voitures ? C’était peut-être ça le plus effrayant en dehors de Lucas lui-même. Qu’elle puisse retomber dans des travers plutôt facilement simplement parce qu’il est présent. Qu’elle puisse se souvenir de lui si facilement et que dans un sens, ses souvenirs elle les voyait comme bons. Juste et tentante raison pour revenir dans le passé et recommencer à le fréquenter. Horrible mensonge à elle-même qui ne tente qu’une chose, s’en sortir indemne.
Et comme c’était partit, elle était plutôt mal barrée. Elle n’avait qu’une envie, lui cracher au visage qu’il n’est qu’une pourriture ambulante et pourtant elle en était incapable, refrénée et absorbée par le regard inquisiteur qu’il lui lançait. Ce foutu bleu qui réussissait à vous maintenir en captivité quelques secondes, voire quelques minutes. Mais elle fut bien vite plus concentrée sur le sachet, qu’elle voyait atterrir dans la main de Lucas. Merde ! Non seulement il gagnait cette bataille mais en plus elle n’avait plus aucune arme pour se défendre. Un mélange de colère contre elle-même et contre lui se formait lentement au creux de son estomac. Elle aurait voulu faire pire, elle n’aurait pas fait mieux. D’autant plus lorsqu’elle se rendit compte que les clés de son véhicule étaient à porter de main. Et c’était bien trop tard, son regard avait à peine dérivé dessus qu’elles s’envolaient entre les mains de celui qui prenait visiblement plaisir à l’emmerder comme jamais on l’avait emmerdée avant. « Diverti ? Je ne suis pas un chien je te signale à qui on lance une baballe pour qu’il aille la chercher histoire de l'occuper. Ça n’a rien d’un divertissement, tu m’emmerdes plus qu’autre chose, Philadelphie. » Elle ne le lâchait pourtant pas du regard, persuadée qu’il allait utiliser les deux objets d’une façon quelconque, et que l’un ou l’autre allait être l’objet d’un malheur. Et à son plus grand étonnement c’est d’abord le sachet qui s’envolait loin des deux jeunes gens, qui bataillaient par le regard et les paroles. Un rire, à l’intonation moqueuse venait de s’échapper de la gorge déployée de Sloàan. « Prouve-le, débarrasses-toi en définitivement. » Un regard de défi. Elle-même avait eu du mal à s’en débarrasser définitivement, laissant derrière elle quelques traces et quelques doutes. Alors lui ? Lui qui consomme plus qu’elle puisque par logique, il s’en était enfilé quelques rails pendant les années où elle combattait cette monstruosité. Serait-il capable d’arrêter définitivement ?
Mais pas le temps de penser à ça qu’elle voyait déjà le regard de Lucas bifurquer un peu plus loin. Ses yeux suivaient les iris de son interlocuteur alors que son sourire quelque peu moqueur s’effaçait. Peut-être bien que c’était une mauvaise idée de se foutre de sa dépendance à la poudre blanche, très mauvaise idée. « Ni pense même p… » Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’elle voyait les clés de son bolide glisser sur le sol et disparaitre dans les entrailles du bâtiment. Elle le connaissait que trop bien et cet « enfoiré » comme elle venait de l’appeler à voix haute, avait fait disparaitre la seule clé pour démarrer son engin qu’elle a actuellement sur elle, le double étant resté à son appartement. Heureusement que son antivol était toujours sur la moto, un petit bonheur dans sa malchance. Mais d’une façon ou d’une autre pour rentrer, elle avait besoin d’un véhicule. « Qu’est-ce que tu veux de moi au juste Lucas ? Dit le, pourquoi tu m’as suivie ? Tu veux me pousser à bout ? Et pour faire quoi ? Te venger de t’avoir laissé tout seul dans la drogue et les emmerdes ? Tu sais que tu n’y arriveras pas aussi facilement, ta provocation ne fonctionne pas avec moi. Plus de bourreau, plus de victime, plus de fille assez naïve ou assez bête pour se jeter dans les bras de celui qui peut assouvir ses besoins. On est plus que deux adultes Morrigan, tu comptes faire quoi maintenant ? » Coincée avec lui, elle le défiait toujours du regard, elle n’avait de toute façon plus rien à perdre. Il ne lui restait qu’à appeler un taxi ou une connerie de ce genre pour pouvoir s’en aller. Mais la discussion devenait tout à coup plus intéressante, parce que dans un sens lui non plus n’a plus aucune arme si ce n’est les mots. Un léger rire amusé résonnait dans le parking alors qu’elle croisait les bras sous sa poitrine, ne cherchant même pas à aller chercher ses clés, ça serait trop le satisfaire. « Mon vieux pote ? Tu fais bien de dire ça, tu as pris quelques rides. Enfin, vieux ou pas ce n’est pas comme si tu étais mon pote ou que j’avais envie de t’embrasser de toute façon. » S’approchant de lui, à quelques centimètres seulement, elle posait l’une de ses mains sur son torse, appuyant sur cette dernière pour le faire reculer et le pousser de son chemin. « Tu m’excuses, merci. » Accédant de nouveau à sa moto, elle n’avait pas fermé à clé le siège de cette dernière, profitant ainsi pour ranger son casque et sa combinaison dans le plus grand calme. Posée, elle l’était, et elle savait que dans un sens c’était une sorte de provocation, et qu’elle risquait d’engendrer la colère de Lucas qui n’arrivait pas à ses fins. Elle se la jouait je-m'en-foutiste et elle jouait plutôt bien, alors que dans sa tête elle se demandait comment elle allait sortir de là, de ce merdier dans lequel elle s'est fourrée. Tant pis, elle prenait le risque, il parait que le jeu en vaut la chandelle. |
Dernière édition par Sloàan A. Jones le Mer 23 Mai - 16:25, édité 4 fois |
| | | MOI JE FAIS LA FÊTE AVEC InvitéInvité | Sujet: Re: Chassez le naturel, il revient au galop. SLOAAN&LUCAS Dim 22 Avr - 9:50 | |
| À l'Est, on s'impatientait d'assister enfin à la confrontation entre les Eagles de Philadelphie et les Giants de New-York. Un pourcentage de la population s'abreuvait de quelques informations disséminées ça et là dans la presse depuis plusieurs jours avant de déguster le match le plus attendu de l'année. À l'Ouest pourtant, il venait de se produire un évènement de taille. Un évènement qui resterait lettre morte pour les centaines de millions d'Américains. Une brèche dans le coeur d'un homme déchu du statut dont il jouissait autrefois. Une brèche facilement comparable à la faille de San Andreas quand bien même cette dernière aurait daigné se donner en spectacle ce soir là.
Certes, Lucas pouvait se féliciter de sa mise en scène, puérile il devait l'avouer. Quelque chose lui manquait pour en être pleinement convaincu. Sloàan n'abandonnait pas. Pas encore. Pire, elle lui assenait ses quatre vérités. Celles-là même dont il tentait, en vain, de se débarrasser depuis des années. Si les mots et les idées les opposaient, les deux protagonistes s'étaient jusque-là évités les sentiers interdits. Car c'est bien de cela dont il s'agissait.
Comme une opération chirurgicale depuis longtemps réfléchie, Sloàan commençait par ouvrir la brèche en le mettant dos au mur. Était-il capable de mettre un terme ferme et définitif à sa consommation de drogue ? Sans en montrer le moindre signe, Lucas se surprit à évoquer mentalement cette possibilité. Et s'il arrêtait, tout simplement ? Est-ce que cela ferait de lui un homme débarassé de tous ses pêchés ? Est-ce qu'il serait récompensé après avoir usé un courage et une volonté insoupçonnés ? Comme mû par une lucidité soudaine, Morrigan sembla vouloir lui renvoyer la balle : « Que gagnerais-je à tout arrêter ? ». Un éclair de moquerie vint s'emparer de la prunelle de ses yeux. Pensait-elle réellement lui faire croire qu'une telle chose était possible ? Il n'attendait qu'une chose, que Sloàan le lui affirme en se basant sur sa propre expérience. Chose dont il était certain qu'elle ne ferait pas, et ce pour deux raisons. D'abord, elle n'avait aucun compte à lui rendre sinon à l'enfoncer davantage dans sa misère en brandissant le spectre de sa réussite. Cela restait encore à prouver. Ensuite, elle ne le ferait pas car, au fond, elle s'était elle-même persuadée du contraire. Chaque jour jusqu'au dernier, elle vivrait avec cette peur viscérale de retomber dans les travers de son adolescence. Le regard moqueur qu'il lui adressait présentement se passait de tout commentaire. Sloàan avait tort et elle le savait.
Malgré la liste non exhaustive de blâmes dont il pouvait l'accuser, Lucas dû se rendre à l'évidence. Sloàan venait de le toucher là où ça faisait le plus mal en évoquant la fin malheureuse de leur aventure adolescente. Ne souhaitant pas lui faire le plaisir d'une expression tiraillée par le chagrin et la colère, Lucas fut trop occupé à se contenir pour lui répondre par les mots.
Drôle de créature, bien qu'infiniment attirante. Alors que Sloàan semblait déborder de haine à son égard, elle poursuivait avec un enthousiasme non feint son monologue. Monologue que Lucas interrompit brusquement : « Qui a parlé de t'embrasser ?! ». Ce fut à son tour de partir d'un rire provocateur. Lapsus ? Il n'en aurait pas mis sa main au feu mais il était certain de susciter encore en elle des pulsions difficiles à contenir. Puis, sérieusement, où pensait-elle aller avec ce commentaire idiot sur ses rides imaginaires ? Quelque part, elle avait dû oublié être plus jeune que lui de quelques mois seulement. Comme pour ponctuer son intervention, Lucas roula des yeux.
Sloàan s'approchait dangereusement de lui à présent. Elle allait jusqu'à poser la main sur lui. Aucun doute possible. New-York allait encore se brûler les ailes mais c'est elle qui allumait le feu. Elle commettait probablement sa plus grave erreur depuis le début du jeu. Un petit relâchement mademoiselle Jones ?
Ne jamais tourner le dos à son adversaire. Trop tard. Emplissant ses narines de l'air frais nocturne, Lucas n'en savourait que mieux sa victoire.
Cette fois, ce fût lui qui s'approchait dangereusement de son interlocutrice. Sloàan sentait probablement la menace recouvrir son ombre, difficilement dessinée par l'éclairage douteux du parking. Le souffle chaud de Monsieur vint se perdre au creux du cou de Madame occupée à ranger ses affaires. Désormais, ce n'était pas un sachet qu'il glissait dans la poche arrière de son jean mais bien sa main toute entière. Lucas se demanderait toujours si, à cette seconde précise, Sloàan avait ressenti le frisson qui avait chatouillé l'échine de son ancien amant avant de titiller le bout de ses doigts ? De son autre main, Lucas tenait ses clés de voiture. Clés dont son oreille se plaisait de leur douce mélodie lorsqu'elles s'entrechoquaient. « Tu as besoin de moi, ne prétend pas le contraire. » Une fois encore, Lucas rendait l'ambiguitée sienne. Il sous entendait autant leur relation que ses problèmes de clé actuels.
Comme pour se prémunir d'un risque largement prévisible, Lucas se détacha de son étreite menaçante et s'éloigna de quelques mètres sans pour autant lui tourner le dos. Ce con secouait encore le trousseau de clés. « Tu sais, je dis ça pour toi New-York mais il vaut mieux que tu montes en voiture avec le mec que tu détestes le plus au monde plutôt que devenir la proie d'un vrai psychopathe une fois seule. » Hasard ou coïncidence, sa voiture se trouvait quelques mètres derrière la moto de Sloànn.
La lumière défaillante du réverbère au-dessus de lui semblait jouer en sa faveur. Pour cause, on distinguait mal l'expression de son visage. « Sloàan allez viens fais pas l'enfant. » Le ton de sa voix avait changé, il se voulait presque paternel. S'inquiétait-il réellement du fait que Sloàan puisse rester seule sur ce parking ou se jouait-il encore d'elle ? En tous les cas, il l'avait appelé par son prénom ...
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| | | MOI JE FAIS LA FÊTE AVEC InvitéInvité | Sujet: Re: Chassez le naturel, il revient au galop. SLOAAN&LUCAS Ven 18 Mai - 10:30 | |
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★ CHASSEZ LE NATUREL ; IL REVIENT AU GALOP ★
Game over. Match perdu d’avance. Combat inutile. Try again. Franche bataille. Combat endurant.
Un regard froid, glacial, accompagné de mots durs, cinglants mais censés et véridiques. L’un déterminé à la pousser à bout, l’autre pas prête à lui donner ce plaisir. Une bataille qui faisait rage dans la pénombre d’un parking désert, à l’abri des regards indiscrets et des oreilles un peu trop curieuses. Il faisait nuit noire et seules les quelques lumières du parking les laissait voir où ils marchaient. Elle le déteste, il ne veut qu’elle ; elle l’envie d’être aussi simple, il la hait pour ses dires. Un jeu qui s’inverse, un jeu auquel elle ne veut pas jouer mais dont elle est incapable de résister. Discuter avec lui, lui tenir tête, elle le savait, ça lui porterait préjudice, à un moment ou un autre. Jouer à son jeu de la provocation c’était comme signer un contrat avec le diable, prêt à vous faire tomber dans vos travers les plus sombres dès que possible. Un combat sanglant par les mots se profilait à l’horizon, c’était à celui qui sera le plus fort, à celui qui ferra craquer l’autre en premier. Good luck Jones, Morrigan est loin d’être un petit joueur. Un léger plissement des yeux. Une question dont la réponse semblait pourtant bien simple aux yeux de Sloàan. « Une vie potable peut-être ou une vie tout court d’ailleurs. » Parce que de son côté c’est bien ce qu’elle avait gagné. Evidemment les premiers mois furent les pires de son existence, voire la première année tout court, mais au final elle a gagné un boulot qui lui plait, un moyen de gagner de l’argent honnêtement, sans prendre de risque tout en prenant soin d’elle, des contacts aussi. Parce qu’après tout, on a beau dire, mais quand on est drogué, on vit dans un monde de drogués, plus rien autour existe et c’est bien dommage, car il y a tant de choses à voir.
Levant légèrement le sourcil, elle semblait… ailleurs, comme perdue. Tentait-il de la perdre dans un dialogue sans queue ni tête ? Possible. Quoi qu’il en soit elle ne comprenait pas son jeu. Un coup la provocation, un coup le gars qui inverse la situation. Situation qu’elle renversée à son tour, dans le bon sens de son point de vue en tout cas. « C’est toi qui a évoqué cette idée je te ferrais remarquer, soit dit en passant. » C’était bien lui qui lui avait demandé si elle voulait venir embrasser son vieux pote n’est-ce pas ? Rangeant les affaires dans le coffre de sa moto, elle se trouvait bien calme, affreusement calme. A l’extérieur en tout cas. De l’intérieur elle bouillonnait. A la fois d’impatience de rentrer chez elle, mais aussi de colère qu’il puisse jouer avec elle de la sorte. Fragile elle ne l’avait jamais caché, mais combattante par la même occasion. Un souffle, une caresse, un frisson, un soupire. Un frisson qui lui avait traversé le dos en un éclair, et un soupire pour montrer son exaspération. Rien ne s’efface, tout se transforme. Une sensation étrange de bien-être transformée en un sentiment à la limite de la haine. Malheureusement pour elle, le contraire de l’amour ce n’est pas la haine, mais l’indifférence. Et Lucas, bien qu’exécrable, ne la laissait pas indifférente, bien au contraire. « J’ai besoin de personne et certainement pas de toi. » Des paroles balancées mais véridiques, elle n’a besoin de personne, elle n’a jamais eu besoin de personne. Pour se sortir de la drogue, pour trouver un boulot ou pour vivre tout simplement. Même entourée elle s’est sentit foutrement seule et ce n’est pas maintenant qu’elle aurait besoin de quelqu’un, surtout pas de Lucas, l’un des protagonistes de son adolescence cauchemardesque.
Faisant le tour de sa moto, elle ne prenait même pas en compte ses remarques, sauf peut-être la dernière qui l’a fit doucement sourire. Son regard se posait sur lui, forme floue, sans expression. Soupirant doucement elle attrapait sa veste en cuir qu’elle enfilait sous son regard. « C’est plutôt toi l’enfant sur ce coup là. » Jouer avec ses nerfs, l'énerver au plus haut point, balancer ses clés dans une grille, sortir les siennes... oui, décidément, c'est bien lui l'enfant. Et lui échapper, une fois de plus, le fuir pour la seconde fois, c'est ce qu'elle faisait de son côté. Glissant ses mains à l’intérieur de sa veste, ses pas s’enchainèrent vers l’extérieur. Ça serait bien trop facile pour lui si elle disait oui maintenant, bien que l’idée même de lui dire oui lui ait tout de même traversé l’esprit en voyant la pénombre du dehors qui l’attendait. Mais sans se retourner, elle avançait, vérifiant tout de même en passant au dessus de la grille si elle pouvait récupérer ses clés. Et bien non, grille bien trop profonde, damned ! Quittant le parking au son de ses talons percutant le sol, elle se retrouvait bien vite dans une ville sombre, presque effrayante. Mais Sloàan, aussi folle soit-elle, n’allait certainement pas reculer. Prenant le chemin vers chez elle à pied, elle se saisissait de son téléphone portable pour appeler un taxi. Mais sa prérogative fut bien vite mise à mal lorsqu’elle se rendit compte que son téléphone, dans ce trou à rat de drogués, ne passait pas. Evidemment, une bonne tactique pour un dealer de se mettre dans un endroit où un possible bon citoyen ne pourrait pas contacter la police. Et pour couronner le tout, les réverbères de la ville venaient de s’éteindre. « Super, ça promet. » Coupure d’électricité ou nouvelle connerie de la mairie ? Aucune idée. Dans tous les cas elle se retrouvait dans le noir complet avec comme seul éclairage pour rentrer chez elle, le flash de l’appareil photo de son téléphone. Comme dit plus tôt, good luck Jones. |
Dernière édition par Sloàan A. Jones le Mer 23 Mai - 16:25, édité 2 fois |
| | | MOI JE FAIS LA FÊTE AVEC InvitéInvité | Sujet: Re: Chassez le naturel, il revient au galop. SLOAAN&LUCAS Sam 19 Mai - 16:27 | |
| Selon toute vraisemblance, la jeune fille perdue et dépourvue de toute logique qu'il avait connu n'existait plus. Son égo avait été mis à mal une première fois lorsque Sloàan était parvenue à quitter ce milieu qui ne la mènerait à rien, sans explication aucune. Sans s'en douter le moins du monde, l'adolescente qu'elle était avait suscité colère et frustration auprès de son homologue masculin. Quand bien même son caractère évoluait dans la plus mauvaise des directions, Lucas trouvait son compte dans leur relation. Il y avait la drogue et le sexe. Pourtant, autre chose le poussait à considérer Sloàan comme une personne à part entière. Son absence soudaine aurait pu lui donner le sens des responsabilités. Décider à son tour d'abandonner ce cercle vicieux. Pourtant, sa susceptibilité l'avait conduit droit dans les pires travers de son existence. Il considérait que Sloàan avait brisé un contrat tacite entre eux. Pire, elle s'était échappé de son étau sans en demander la permission. Sloàan l'avait délibérément provoqué et ne lui avait pas laissé la satisfaction de répliquer, de lui prouver qui il était. Elle l'avait laissé seul, en proie à ses propres démons.
Bien que plusieurs années se soient écoulées depuis, Lucas n'avait pas oublié cette partie de sa vie. Sous l'éclairage irrégulier de ce parking miteux, leur discussion ne consistait aucunement en un bref résumé de leur évolution. Néanmoins, Lucas n'avait aucun mal à distinguer ce qui avait changé en elle. A peu près tout. Sloàan était devenue une autre personne alors que lui s'était enfoncé dans ce qu'il savait faire de mieux. Bien sûr, il aimait le danger, il le provoquait et ne pouvait décemment vivre sans ajouter à sa vie cette petite touche pimentée qui différenciait son existence de celle du commun des mortels. Mais il tenait assez à sa belle gueule pour lui éviter de nouveaux déboires.
Lucas n'appréciait que trop peu la personne qu'elle était devenue, ou du moins l'apparence qu'elle tentait de lui vendre. Sous le camouflet d'une énième provocation, Sloàan lui servait un discours vu et revu. Probablement insensible à la honte qu'elle s'auto-infligée, elle poursuivit en lui proposant une vie ordinaire. Son discours en devenait dangereusement pathétique. « Tu veux dire une vie comme la tienne ? Ta vie n'a rien d'ordinaire New-York. Si elle l'était, je ne t'aurai pas surpris à trainer dans le quartier dont le taux de criminalité fait frémir l'Amérique. » Malgré sa réplique cinglante, Sloàan venait de toucher un point sensible. Elle le ramenait à une réalité inaccessible pour lui. Cette vie ordinaire, il l'avait vu à la télévision dans le salon de ses parents, il l'avait appréhendé dans les livres de la bibliothèque municipale. Cet indémodable rêve américain. Ces discours montés de toute pièce lui donnait envie de vomir, bien qu'au fond, son âme d'enfant ne demandait que ça. Une vie tranquille et posée, loin de toute contradiction. Son rire moqueur appuyait ses propos alors que, pour la première fois, son regard trahissait ses pensées les plus profondes.
Leur caractère autrefois compatible, s'opposait désormais d'une manière violente et brutale. Sans aucun doute, ils avaient grandi. Leur opposition aurait pu les séparer aussi vite qu'ils s'étaient retrouvés sur ce parking délabré, mais ni l'un ni l'autre ne semblait vouloir partir sans avoir le mot de la fin. Il n'était pas même question d'avoir le dernier mot, mais de prouver à l'autre que son raisonnement n'était qu'une totale absurdité. Oui. Lucas voulait lui prouver qu'elle lui appartenait toujours, qu'elle serait toujours, de près ou de loin, en relation avec ce monde peu recommandable.
Sans avoir daigné l'écouter, Sloàan lui échappait. Pour la deuxième fois. Les yeux noir, le visage crispé par la frustration, Lucas la regardait partir. Quelque part, il s'attendait à ce qu'elle fasse demi tour mais le danger environnant ne semblait pas l'effrayer. Ses mains se recroquevillèrent en deux poings rageurs, prêt à s'employer sur quelque objet que ce soit. Le regard que Sloàan avait adressé à son ancien amant ne reflétait qu'une haine pure et profonde. Haine qui, loin d'effrayer son destinataire, étira à nouveau ses lèvres en un rictus amusé. Inspirer le dégoût était presque devenue une habitude chez lui. Personne ne l'aimait vraiment. Et ceux qui l'appréciaient tel qu'il était, ne pouvaient décemment pas le lui montrer sous peine de le voir fuir loin, très loin de toute marque d'affection et de reconnaissance. Cet homme avait pourtant un bon fond mais Lucas ne pouvait faire face qu'à l'aversion et l'écœurement. La tendresse était encore prohibée, telle une terre défendue sur laquelle il refusait de s'aventurer, bien incapable d'affronter l'angoisse qu'elle provoquerait immanquablement en lui. Angoisse qu'il réussirait certainement à surmonter avec le temps, mais, de toute évidence, Lucas n'avait que guère de temps à accorder à ce genre de bons sentiments et préférait de loin se complaire dans des situations qu'il connaissait et maîtrisait. Enfin, maîtriser, n'exagérons rien. Quiconque observant cette scène pouvait immédiatement remarquer que le jeune homme était loin, très loin, de posséder toutes les commandes de cette situation qui, s'il poursuivait ainsi sa provocation, pouvait très vite devenir périlleuse.
Au loin, Sloàan n'était plus qu'une vague silhouette. Le moment pour Lucas d'agir à nouveau avant qu'elle ne se fasse envelopper par le châle mortel d'une balade nocturne dans les rues de Cleveland Street. Il démarra sa voiture qui répondit par quelques toussotements, peu inquiétant pour une voiture de cet âge. Ses phares éclairaient à peine la chaussée. Qu'importe, il aurait pu conduire les yeux fermés dans ses rues qui lui appartenait. Arrivé au niveau de Sloàan, Lucas s'arrêta une dizaine de mètres plus loin. Il avait déjà repéré un groupuscule d'hommes qui ne ferait qu'une bouchée de la demoiselle qui trainait là par erreur. « Tu vois ces mecs là-bas ? A côté, je suis un ange. Dépêche toi de monter. » Penché vers la portière passager pour la lui ouvrir, comme une incitation supplémentaire à la faire monter, Lucas comptait déjà les minutes avant de faire face à de nouveaux ennuis. |
| | | MOI JE FAIS LA FÊTE AVEC InvitéInvité | Sujet: Re: Chassez le naturel, il revient au galop. SLOAAN&LUCAS Mer 23 Mai - 16:24 | |
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★ CHASSEZ LE NATUREL ; IL REVIENT AU GALOP ★
Le bruit de ses talons raisonnait dans la rue. Pensante, perdue, peut-être même effrayée, elle n’avait même pas répondu à sa réplique. Non pas par l’environnement mais par son passé. Un passé qu’on venait de lui jeter en pleine figure comme pour lui rappeler qu’elle n’avait pas changé de livre, qu’elle se contentait simplement de le continuer. Son passé fait partit d’elle, est une pièce maitresse de l’engrenage de son présent mais aussi de son futur. Serait-elle comme ça si elle n’avait pas nagé entre les sachets de poudre plus jeune ? Etait-elle apte à accepter ce passé qu’elle n’a pas cessé de rejeter en permanence ? Certainement pas non, et pourtant ce soir elle était bien obligée de l’admettre. Elle était dans un trou à rat où les drogués sortent à chaque coin de rue, elle venait de rencontrer le fantôme de son passé lui rappelant à quel point elle pouvait être dépendante à la drogue. Foutu passé, foutue vie ! Secouant doucement la tête, elle ne voulait plus y penser, juste rentrer chez elle au plus vite, même si avec la poisse qui lui collait à la peau ce soir, elle allait probablement mettre une bonne heure avant de pouvoir rentrer. Une légère brise soulevait ses cheveux, découvrant un visage sans expression, aucune. De toute façon peu importait qu’elle soit joyeuse ou non, triste ou mélancolique peut-être même nostalgique. Tout ceci était derrière elle, pour de bon, c’est ce qu’elle espérait au plus profond d’elle en tout cas. Les bruits autour d’elle ne lui faisaient guère peur. Quelques aboiements de chien au loin, une sirène de pompier, parfois même des rires ou des murmures emportaient par le vent. Elle ne s’en souciait pas, apercevant à peine la voiture qui venait de passer près d’elle. Elle ne daignait y porter son attention que lorsqu’elle passait à son tour à côté et que la voix de Lucas se levait dans les airs. Pas un regard, pas un sourire, mais pas de grimace ou de hurlement pour autant. Elle se contentait de relever la tête vers les hommes dont il parlait, légèrement éclairés par les phares de la voiture elle pouvait facilement distinguer leurs regards. Pervers, audacieux, ambitieux également.
Soupirant doucement elle capitulait, sans un mot, montant dans la voiture de Lucas. Dans un sens elle le savait, il avait raison, elle n’avait rien à craindre avec lui comparé au fait de croiser ces hommes. Rien à craindre physiquement en tout cas. « Ramène moi à la gare, je me débrouillerais là-bas. » Lui indiquer où elle habite ? Hors de question, il serait capable de s’en souvenir et de venir chez elle. Si c’était puéril et gamin ? Totalement, et le pire là-dedans c’est qu’elle assume. Regardant par la vitre de la voiture des souvenirs lui revenaient en tête. Combien de fois ont-ils couchés ensemble dans cette voiture, sur la banquette arrière ? Combien de fois avait-elle tirée l’une des poignets pour y monter ou pour y descendre ? Maintes et maintes fois, sans jamais le regretter pour autant. Hésitante, un cours moment, elle se décidait à poser les yeux sur lui, unique occasion de le voir en détails. Un regard toujours aussi perçant, des lèvres fines qu’elle avait adoré embrasser, une mâchoire puissante, des traits marqué par la drogue, la fatigue aussi probablement. « J’ai jamais parlé d’une vie ordinaire mais d’une vie meilleure, potable. » De simples paroles, à peine audibles. Elle avait détourné son regard de son visage. Elle ne cherchait pas à se battre, elle ne cherchait plus en tout cas. Chacun avait ses raisons. Autrefois les mêmes, maintenant totalement divergentes. A quoi bon insister, après tout, bien que les années soient passées, on avait toujours à faire avec deux têtes brûlées. Pas un mot de plus, pas un mot de moins, seul se faisait entendre le bruit du moteur. Les immeubles défilaient devant ses yeux avec ici ou là quelques passants, probablement bourrés ou drogués jusqu’à la moelle pour être encore là à cette heure. Oceanside dormait paisiblement. C’est ce que Sloàan croyait en tout cas, quand peu après avoir grillé un feu rouge qui lui avait arraché un soupire, des lumières bleues et rouges ainsi qu’une sirène l’a sortie de ses pensées.
Nouveau soupire, nouvelle déception. Elle pouvait remarquer que Lucas n’arrêtait néanmoins pas la voiture. Au début rien de trop anormal, il cherchait probablement un endroit où se garer. C’est lorsqu’elle vit l’aiguille du compteur monter, qu’elle comprit bien vite qu’elle s’était foutu dans de beaux draps. « Arrête la voiture Lucas, fait pas le con. » C’était à son tour de l’appeler par son prénom, une deuxième fois. Fronçant légèrement les sourcils, il ne semblait pas lui porter plus d’attention que ça, bien pour ça qu’elle s’autorisait à hausser le ton, pour ne pas changer. « Bordel, arrête la bagnole, tu vas avoir une amende et puis c’est tout, merde ! » Peur ? Un peu… beaucoup en fait. La vitesse oui, dans une ville non, et surtout pas lorsqu’on est coursé par la police. Elle ne comptait pas passer la nuit au poste, pas ce soir, persuadée qu’il serait incapable de les semer. Et dans le coup de la panique, elle ne comprenait pas son comportement, absolument pas. Jusqu’à ce qu’elle se souvienne qu’entre deux parties de jambes en l’air dans la voiture, il leur arrivait de consommer quelques grammes. Un air dépité s’affichait alors sur son visage. « Non ? Ne me dit pas que tu as de la camelote avec toi… » Une question rhétorique qui n’attendait aucune réponse, bien consciente que la raison de cette course poursuite ne pouvait être que la drogue. Pourvu, pour le matricule de Lucas, qu’elle ait tort… |
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| | | MOI JE FAIS LA FÊTE AVEC InvitéInvité | Sujet: Re: Chassez le naturel, il revient au galop. SLOAAN&LUCAS Jeu 24 Mai - 19:22 | |
| Commençons avec l'agent de police - toute chose commence avec l'agent de police et nous le rejoindront, sans doute - mais attendons de voir comment ça se passe. Bientôt, d'une minute à l'autre, un agent de police va monter dans sa voiture de patrouille, installer son gobelet de café tiède et sa boite de donuts sur le siège passager. Tiens, le voilà qui descend à présent la grande avenue du quartier de Cleveland Street; il regarde machinalement autour de lui, jette un coup d'oeil vers la seule voiture en circulation. C'est un homme petit et trapu, au teint pâle, les traits tirés, les cheveux noir coupés courts. Il est dans la police depuis plus de trente ans, sans aucune distinction à son actif. Il est la risée de son équipe de patrouille, bien que son chef de section l'apprécie pour sa ténacité. Il s'appelle Dan Haller.
Le feu rouge, la voiture qui passe au travers. Ce détail est loin de lui échapper. Dan actionne les lumières puis la sirène ensuite. L'avenue est vide, il sait que le contrevenant a toutes les chances de lui échapper. Les mains fermement appuyées le volant, il écrase la pédale d'accélérateur de tout son poids.
Depuis quelques minutes seulement, Lucas savourait sa victoire. Modeste et silencieux. Comme il s'en doutait, Sloàan ne lui proposa aucune indication propice à lui faire connaître son adresse. Silencieux, Lucas se contenta d'un simple sourire en coin. Pas un de ces sourires qu'une personne lambda peut esquisser, non. Dans le cas de cette brute humaine, il s'agissait d'un signal d'avertissement. Son silence fut troublé par une profonde envie de lui prouver que sa présence dans la voiture n'engageait nulle contrepartie. Elle avait accepté de monter dans cette voiture, de son plein gré. Il considérait désormais que Sloàan devait, pour une fois, assumer ses actes. Lui jetant un coup d'oeil dédaigneux, il lança : « Tu m'as pris pour un taxi ou quoi ? ». Le regard noir comme à l'accoutumée, Lucas reporta son attention sur la route. Ce n'était pas un automobiliste à cheval (chut..) sur sa conduite, sa faible allure avait une raison plus rationnelle. Le travail, toujours le travail. Ses yeux perçants guettaient le moindre signe favorable à une transaction nocturne, des yeux plus attentionnés à chaque coin de rue. Le silence qui régnait, à l'exception du râle régulier du moteur, ne laissa pas la dernière remarque de Sloàan sans résonance. Cherchait-elle, au fond de son âme torturée, à le libérer du purgatoire dans lequel il était enfermé ? Sinon pourquoi évoquer une telle utopie aux yeux d'un homme qui ne s'en sortirait jamais par sa propre volonté ? Sloàan le savait. Sloàan le connaissait. Probablement mieux que personne. Cette dernière interrogation - qu'il se garda bien de partager - vint troubler le rythme qu'il s'était installé : entre la recherche visuelle d'un travail probable et une rue parsemée de signalisations.
Lucas ne sembla pas réagir lorsque sa vieille voiture pénétra au-delà du reflet rouge vaguement dessiné au sol. Pas plus que son visage ne changea d'expression au bruit lointain d'une sirène maintes fois entendue. Le duo de lumières rouges et bleues vint animer son rétroviseur alors même qu'il donnait un premier élan à la voiture. Il savait d'avance qu'elle ne lui permettrait pas une échappée comme dans les films hollywoodiens mais il comptait sur sa connaissance parfaite du quartier pour semer le trouble fête. Lucas ignora la première protestation de sa passagère, au moment même où il aurait pu déceler le trouble qui dérangeait la routine du rythme cardiaque de cette dernière. Une amende ? Sloàan ne pensait pas si bien dire. Comment ne pouvait-elle pas faire le rapprochement plus vite ? Lucas lui répondit par un sourire ironique. En réalité, il ignorait si sa voiture contenait de quoi l'envoyer derrière les barreaux. Ce petit connard était incapable de se souvenir ou d'associer ses derniers faits et gestes. Seule certitude, la poche de sa veste contenait les invendus. Un maigre stock qui lui faisait néanmoins perdre de l'argent. Les interventions répétées de sa passagère le troublait dans sa conduite itérative, ne l'empêchant toutefois pas de lui rétorquer : «Quelle idée ! C'est juste que j'ai une réputation à préserver et je ne voudrais pas être vu en présence d'une junkie ! ». Salaud. Menteur. Oui, Sloàan avait matière à justifier sa prochaine comparution pour meurtre avec préméditation. Même six pieds sous terre, il serait capable de venir l'emmerder. « Profite, je suis sûr qu'il y a des coins que tu ne connais pas. » Ultime provocation. La sirène se faisait moins pressante, moins stressante. Son rétroviseur reflétait l'obscurité dans laquelle ils étaient plongés.
Encore quelques rues de parcourues pour s'assurer une tranquillité méritée et Lucas arrêtait la voiture aux abords de la plage avant que Sloàan ne l'étripe et n'ait le malheur de souiller les sièges en cuir. Lucas inspira une grande bouffée d'air frais une fois dehors, et ne pu retenir un gloussement adolescent. « C'est qui le roi du bitume ?! ». Son sourire, fier et prétentieux, éclairait son visage alors qu'il levait deux bras victorieux.
Dan Haller frappa le volant de ses poings, furieux de finir encore une fois sur un échec.
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