masquerade ball

P'tain de journée stressante. Plus jamais, tu réitère l'expérience. Organiser la soirée du bal et te préparer également, c'est trop hard, mais tu l'as quand même fait. Quand les autres filles avaient tout une journée pour se faire belle, toi et tes coéquipières vous n'aviez que deux heures. Rien n'est impossible, t'es plutôt satisfaite de ce que tu vois dans le miroir actuellement. T'es pas moche quand tu veux. Un détail manquant, le masque. Toujours dans l'attente d'Edd qui est censé te le fournir pour que tu t'accordes à sa tenue, toujours. Enfin, la porte sonne. Miracle, c'est ton père qui ouvre. Un peu trop de bruit à ton goût, tu vas vérifier ce qu'il se passe. Bien, il y a une bande de gars attendant devant ta porte, complètement pété, dont ton petit copain. Génial, tout est parfait. En regardant Edd, tu comprends que cette soirée se fera sans lui encore une fois. Tu récupères juste ton masque et tu le laisses repartir dans sa beuverie. Timing ou pas, tu n'as même pas le temps de refermer la porte que tu vois Kepa, ton cousin. Ton sourire dit tout. Qu'il le veuille ou non, il t'accompagnera.
Enfin, tu finis par arriver à la soirée en compagnie de Kepa. Kepa, l'insociable. Kepa, le beau. Kepa, le con. Kepa, ton Kepa. Il a clairement pas envie d'être là, mais il ne peut rien te refuser. Rien du tout, pas à toi. Il n'oserait jamais, il a bien trop peur de toi. Tu fais le tour de la salle, observant ton dur travaille. Les gens déjà présents ont plutôt l'air satisfait. Sauf un. Kepa, te lâche la main gentiment. Du regard, tu le suis. P'tit con qu'il est, il a pécho une bouteille de ton père pour en mettre dans le punch. Et pas doué qu'il est, le proviseur l'observe du regard, mais il s'en fout. T'as bien fait de venir avec Kepa, tu sais que tu vas t'amuser. Encore plus, quand Timy sera là. Elle n'a pas voulu te dire avec qui elle venait cette tepu.

Jour comme un autre à buter à coup d’fumette et un chouïa d’tise. T’façon, toi-même tu sais, la bière c’est du p’tit lait. Jour comme un autre, j’te jure : réveil à 15h00, trop tôt pour mes neurones qui ne se sont toujours pas remis de la soirée d’la veille, à peine le temps d’se remplir le bidon qu’une pensée déchiquète ma concentration. Impossible d’orienter le fil de mes pensées, elles se retournent toutes contre moi et organisent un plan pour venir voir comment tu te portes, Sea. Un sourire fend mes lèvres. Mes godasses combattent l’asphalte tandis que je remarque du coin de l’œil le faste déployé par la plupart des moutons qui nous servent d’camarades. Ce soir, Ronald Shapiro va surement finir à vomir ses tripes en se tripotant le spaghetti. Il n’aura surement pas réussi à séduire la bombasse que tu es et qui depuis la nuit des temps – autrement dit l’bac à sable- lui donne des crises d’asthmes à répétition. Tellement t’es belle. Tellement : toute une liste d’adjectifs qu’il doit maitriser sur le bout des doigts, le pauvre Shapiro. La belette Shapiro. Je souffle, j’avais presque oublié que la microsociété pirate célèbre l’évènement le plus « important » d’la vie de la plupart des lycéennes. Le plus « important » après la première épilation du maillot ou les premières ragnagna ou encore le premier soutif, à savoir : le bal de promo. J’avais presque oublié, hein. Le « presque » relatif. C’est sans compter toi, ton prince dégueulasse et mon meilleur pote éthanol. Veni , vidi, vici, motto d’César. Qu’on va en toute impunité remixer, sans scrupule et avec cruauté : « je suis venu, j'ai vu, j’me suis fait niquer par Sea ». Persuadé que la providence m’en doit une bonne, j’accepte sans broncher de t’accompagner. J’accepte toujours tout, tant que ça vient de toi. Costume, nœud pape, chaussures impeccables, coiffure à la Dicaprio : tout ce que je n’ai pas. Tu le sais, ça se voit. Fringué comme un clochard, en principe il aurait été plus logique que j’aille fourrager dans un squat plutôt qu’débarquer dans un coin où toutes les connes et leurs homologues cons se retrouvent à danser sur du DJ Bidule sapé comme des diplomates accompagnés de leurs poules de luxe. Sauf que c’est toi qui organise. T’as du pouvoir. Tu n’as peut-être pas remarqué mais, j’ai planqué une bouteille de vodka que j’ai joyeusement chourée d’chez Tonton. Le coin est blindé, à 12 h : l’proviseur surveille, à 9h : y’a l’professeur maboule qui drague Madame Chumsky la prof ‘ de maths. Je trouve qu’il n’y a pas pire assortiment, j’échappe à la vision d’horreur et me rapproche furtivement du grand saladier. Une bouteille ne va certainement pas suffire à saouler toute la meute. Certes. J’aurai bien besoin d’une intervention de ta part pour attirer l’attention du gros relou. Tant.pis. La bouteille déverse son contenu quasiment toute seule dans le punch, toute seule aidée par ma main, ma vitesse supersonique et surtout l’aide divine (pas d’autre explication). Je reviens vers toi, penaud : « Et là, c’est le moment de prier pour qu’une grosse gourde s’bourre au point d’finir en string devant moi, un peu plus tard dans la soirée » je souffle, pas pervers : « ça désinhibera assez de puritaines pour que des Shapiro puissent s’passer d’une virginité qui leur colle à la peau ». Kepa Makala ou Bon samaritain. J’mérite d’être pontifié.

Ce bal est une véritable blague. Une occasion pour les filles de se prendre pour des princesses et aux mecs de se ridiculiser en costard/cravate et chaussures vernis. Bien qu'en m'observant dans la glace, je dois avouer que le costume me va plutôt bien. Il n'empêche qu'à cette fichue soirée dansante, j'y vais à reculons. Il y a qu'une raison qui me pousse à y aller et ce ne sont pas mes potes déjà beurrés. D'ailleurs je le rejoins dans l'auto d'un d'entre eux et c'est entre mâles qu'on compte s'y rendre. Certains ont invité des filles, d'autres y vont pour la beuverie et le reste compte bien pécho une pauvre désespérée qui n'a pas de cavalier. Pour ma part, j'y vais dans l'espoir d'y voir une fille que je n'ai pas « officiellement » invité. Sur le chemin qui rend à l'hôtel de ville, on déconne, on boit quelques bières, mais j'ai l'esprit ailleurs. Sur le parking on se fume un dernier joint avant de se jeter dans la gueule du loup. Quitte à se ridiculiser, autant être défoncé. À peine le seuil de la salle franchie, on se disperse. Masque à la con sur la gueule, je ne perds pas une seconde avant de rejoindre le buffet. Terré dans mon coin à observer la foule, je me demande comment je vais pouvoir la reconnaître, car ça serait con de se gourer de nana. Et au loin j'aperçois une petite brune. Illico je ne me pose pas de question et je fonce. Même corpulence, même chevelure, ça ne peut qu'être elle. Je me faufile derrière celle-ci, l'empoigne par la taille et lui susurre à l'oreille. « Comment tu vas beauté depuis notre dernière rencontre dans les toilettes ? ». Elle se retourne, m'interroge du regard et à celui-ci je comprends que ce n'est pas Timy (...).

ps: c'pour toi sea  

masquerade ball

« Et là, c’est le moment de prier pour qu’une grosse gourde s’bourre au point d’finir en string devant moi, un peu plus tard dans la soirée » Et ça c'est Kepa qui dans toute sa finesse reviens vers toi, tranquille, à l'aise comme jamais. « ça désinhibera assez de puritaines pour que des Shapiro puissent s’passer d’une virginité qui leur colle à la peau » dit-il en te regardant avec cet air que seule lui sait te faire. Tu ris, il est con dans son genre. « Pas la peine de me regarder comme ça, t'as rater ta pontification il y a longtemps. » Ouai, bizarre de parler dans l'genre avec ton cousin, mais vous êtes comme ça depuis le début. T'en es même presque à parier que quand vos parents voulaient vous changer vos couches, Kepa devait sûrement essayer de te gérer. Kepa quoi. Bref, t'es fière de ton coup. Le stopper dans sa bonification, c'est un peu ce pourquoi t'es faites. De bonne humeur, ayant complètement oublié l'absence d'Edd, tu lui demandes avec tes yeux de biches à travers ton masque d'aller te chercher un peu de punch histoire de bien commencer la soirée. Il peut pas te dire non, personne ne le peu t'es Sea. Far East Movment en fond avec Turn Up The Love, tu bouges en faisant tu surplaces. C'est dans les moments pareilles que tes amies te manquent, genre ne penser à rien, juste laisser la musique t'envahir et bouger tout ton corps sans prêter attention au monde. Sauf que là, avec ses deux mains qui entourent ta taille, t'es un peu beaucoup rappelé sur Terre. « Comment tu vas beauté depuis notre dernière rencontre dans les toilettes ? » « Ecoutes Enki... » Tu ne prends même pas la peine de terminer ta phrase puisqu'en te retournant, du regard tu ne reconnais pas Enki. T'as une putain de grosse bouche, Sea, tu devrais vraiment savoir te la fermer. Tu ne sais pas qui se cache derrière ce masque, mais tu souris parce que dans le fond c'est mignon. « Désolé mon vieux, mais c'est la mauvaise fille. » Souffles-tu, le laissant en plan, étant attiré par l'arrivée de ta soeur. Oui, même à travers un masque t'es capable de la reconnaître n'importe où, en même temps elle est si spéciale, puis c'est pas ta soeur pour rien. Coup de folie ou non, la première chose que tu fais en la voyant c'est de la prendre dans tes bras, murmurant dans le creux de son oreille que tu l'aimes. Folle Sea, folle. Au calme.

ps; je m'excuse pour cette merde, vraiment.

Le bal de promo des lycéens, tu as eu le tien l'année dernière. Des bons souvenirs, mais aussi des moins bons, reviennent à ta mémoire lorsque tu penses à cette soirée-là. Tu y étais allée avec ton mec de l'époque ; enfin, "mec" est un grand mot. Tout le monde sait que les relations sérieuses, stables et pire, longues, ce n'est pas ton truc, non, vraiment pas. Tu accumules plutôt les relations à l'arrache, comme tu les appelles, soit qui restent ambiguës tout le long sans que rien ne soit vraiment officiel, soit purement charnelles et tu ne revois la personne que quelques fois. Bref, tu préfères ne pas te prendre la tête avec des choses futiles comme celles-ci, et profites plutôt de l'instant présent. C'est ce que tu as fait lors de ton bal de promo, autant dire que tu as terminé la soirée la tête à l'envers et que les dégâts n'étaient pas jolis. Mais les pires expériences deviennent souvent les meilleurs souvenirs, les histoires qu'on raconte en riant des années plus tard. Tu te marres d'ailleurs toute seule dans ta voiture en allant chercher ta cavalière du soir, Nena Otillia. Encore une relation ambiguë sur laquelle tu es incapable de poser des mots, tout ce que tu sais c'est que le ship Bena envoie du lourd. Vous n'êtes plus au lycée depuis un an, mais avez été conviées quand même par le comité des fêtes à la soirée, comme tous les autres étudiants de l'université. Une occasion de plus de faire la fête avec des gens de votre âge ou un peu plus jeunes, pourquoi dire non ? Au contraire vous allez pouvoir voir de nouvelles têtes et peut-être même les charrier un peu, comme si le fait d'être passées en études supérieures faisait de vous des "grandes", désormais. Garée devant chez Nena, tu te roules un joint après l'avoir appelée pour lui dire que tu es là. Aller frapper chez elle ne te dit pas vraiment, un peu bizarre si c'est la mère qui répond et que tu lui dis que tu es la cavalière de bal de sa fille. Alors tu l'attends là, en te tirant une latte. Elle met peu de temps à arriver. Lorsque tu la vois, tu sors de ta voiture et fais un grand sourire lorsqu'elle approche. « Rayonnante comme toujours. » tu la complimentes avant de la laisser te rejoindre. Tu lui fais passer le joint puis démarre en trombe. Ah oui, oh my dear, c'est bad d'être droguée au volant. Tant pis, il faut bien se mettre un peu down avant d'arriver. Les lieux sont magnifiques, pas le genre de déco que tu aurais fait si c'est toi qui avait organisé - tu aurais plus forcé sur les fleurs, hippie que tu es - mais c'est vraiment bien foutu. Tu as mis une robe de soirée, le truc qui n'arrive jamais, si on oublie bien sûr les grands t-shirts de concert qui te font office de robe, alors tu ne te sens pas à ton aise plus que ça. « Tu vois du monde que tu connais ? » tu demandes à Nena, après vous être approchées du buffet. Aussitôt dit, tu sens quelqu'un te sauter dans les bras. Tu la reconnais à son parfum somptueux ; ta soeur. Elle te murmure des mots gentils à l'oreille et ça te fait bizarre. « Sea tu te sens bien ? Ça va ? » tant d'affection entre vous deux est si inhabituel - même si cela te fait plaisir - que tu ne peux t'empêcher de te demander si elle n'a pas de la fièvre et pour vérifier cela tu poses une main sur son front.