Je venais de quitter mon misérable quartier pour me rendre à celui qui était totalement son opposé. J'étais constamment admirative de ces immenses demeures luxueuses que je n'aurai jamais, ainsi que du calme régnant à Sea Village, j'étais envieuse de cette atmosphère paisible, presque rêveuse. Je vins me garer devant l'une des grandes bâtisses, inspirant profondément avant de me diriger d'un pied ferme vers la porte de celle-ci. Je ne perdis pas de temps à toquer comme une hystérique et pour cause, j'étais en quête d'explication. Malgré mon manque de sociabilité, j'étais parvenue à créer des liens plus ou moins forts avec certaines personnes, Travis faisait partie des personnes envers qui j'avais une confiance aveugle, j'étais parvenue sans grand mal à lui raconter les détails de mon tumultueux et douloureux passé. C'était un véritable ami et pourtant, je ne le considérais pas réellement comme tel, c'était quelque chose de plus intense, de plus étrange. J'appréciais sa compagnie, le fait qu'il parvienne à m'apaiser lorsque j'étais à ses côtés, il me rendait presque domptable. Il arrivait sans le moindre mal à me donner de l'importance, j'avais l'impression qu'il m'appréciait, mais actuellement il semblait vouloir prouver le contraire, je le sentais filer doucement sous mes yeux, il était moins proche, moins présent pour moi, il semblait vouloir disparaitre de ma vie et je ne pouvais pas l'accepter sans broncher. C'était impensable pour moi de tirer un trait sur lui, de le rayer de ma vie comme s'il n'avait jamais existé alors qu'il m'avait marqué à tout jamais. J'étais énormément blessée et vexée par son comportement actuel et j'étais bien plus que décidée à lui faire remarquer. Je finis par perdre patience, ouvrant brusquement la porte, ne pouvant pas attendre plus longtemps qu'il vienne m'ouvrir et m'autorise à rentrer. Je n'eus pas à le chercher à travers son domicile, il était juste devant moi et très probablement surpris que je me permette d'entrer ainsi. « Tu peux me dire c'est quoi ton problème ? » Je le fixe, mon unique envie étant de lui mettre ma main à la figure. « Tu crois que tu peux te permettre de disparaitre comme ça ? De prendre tes distances sans me fournir la moindre explication ? T'es un bel enfoiré ! » Ma colère venait de me faire oublier la politesse, alors que celle-ci était une valeur habituellement primordiale à mes yeux. « Merde quoi... Je pensais que tu m'appréciais un minimum et au final, t'en as rien à foutre. Qu'est-ce que je t'ai fait ? J'ai toujours été honnête avec toi, j'avais confiance en toi. » J'étais en train de perdre l'intégralité de mes moyens, mon self control avait foutu le camp et j'étais désormais folle de rage, incapable de me contrôler et le geste ne perdit pas de temps à accompagner la parole, je venais de lui attribuer une gifle très certainement mémorable. C'était la première fois que je me permettais de porter la main sur quelqu'un et la première fois également que j'étais aussi haineuse et vexée. Les larmes étaient en train de me monter aux yeux mais je ne baissais pas mon regard pour autant, voulant affronter le sien. « Tu ne peux pas savoir à quel point je te déteste. »

J'étais à la limite de l'hystérie, réclamant des explications valables sous peine d'envoyer tout balader. « Scar.. Je suis désolé.. » Je fronçais les sourcils, restant méfiante des propos qu'il s'apprêtait à tenir. C'est alors qu'il se mit à m'expliquer sa situation actuelle, que les temps étaient dures et que sa mère venait de perdre sa soeur dont il était proche. Je restais bouche bée, presque honteuse de la manière dont j'avais réagis vis-à-vis de lui alors qu'il vivait actuellement quelque chose de difficile. Je vins passer ma main sur sa joue encore brulante à cause de la gifle que je lui avais attribué il y a quelques minutes, tout en déclarant quelque peu gênée : « Je... Je suis désolée. Je n'aurai pas dû réagir comme ça, mais tu peux comprendre le fait que j'étais vexée que tu ne daignes plus donner la moindre de tes nouvelles. » Quoi qu'il en soit, je me sentais littéralement conne, il ne méritait en rien la claque qu'il s'était pris et j'avais dû passer pour une véritable folle furieuse. « Ne m'en veux pas et excuse-moi pour la gifle bien que ta joue soit rouge, j'ai perdu tout mon calme et j'étais bien loin de me douter que la raison que tu allais me fournir serait celle-ci. » Mes mots ne pouvaient en aucun cas faire oublier ce geste déplacé que j'avais eu à son égard, j'avais agi sans réfléchir et de manière bête, ce qui n'était pas dans mes habitudes. J'étais en règle générale une personne plutôt patiente et réfléchie, mais a priori, pas aujourd'hui. Je ne savais plus quoi dire et quoi faire pour pouvoir me rattraper et faire oublier ce geste malheureux, malgré tout, je restais tout de même assez remontée contre lui, notamment car il aurait dû m'en parler, cela aurait très probablement évité de me faire rentrer dans une colère noire. « La prochaine fois tu m'en parles, je n'ai jamais hésité à évoquer mes moindres soucis, tu devrais faire de même, j'aurai compris. » Je le regarde et dépose une bise sur sa malheureuse joue, comme-ci je cherchais à me ''rattraper'' de l'acte que j'avais effectué. Doucement, j'attrape ses mains, mêlant mes doigts aux siens, le sourire prenant place sur mes lèvres à ce même moment : « Comment je peux procéder pour me racheter et me faire pardonner de cette claque que tu ne méritais pas ? » C'est alors que je me remémore les mots qu'il avait employés, notamment le fait qu'il disait avoir besoin d'être seul durant cette tragique épreuve, ce que je pouvais parfaitement comprendre et que j'irai respecter. « Tu veux que je m'en aille ? C'est peut-être encore un peu trop tôt pour que tu veuilles de la compagnie, je ne veux pas m'éterniser si cela n'est pas le bon moment. Quoi qu'il en soit, garde en tête que je suis là pour toi si jamais tu as besoin. » Je souris une nouvelle fois, je n'avais jamais été le genre de fille très populaire et aimée de tous, je n'avais pas énormément d'amis mais j'étais toujours présente pour eux, même dans les pires moments. L'amitié était quelque chose de fondamental pour moi, notamment car c'était la seule chose à laquelle je pouvais réellement me rattacher.