Les rayons du soleil passèrent à travers les rideaux blancs dans ma chambre, venant chatouiller mon visage. Ma tête se lève et je fixe un point invisible sans bouger, je soupire avant de reporter mon attention sur l’échographie que je tiens dans mes mains … Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire ? Une énième crise de larme me ravage et je me recroqueville encore un peu plus sur moi. Comment j’avais fait pour me foutre dans un merdier pareil, moi qui faisais le plus souvent attention à ce genre chose, me voilà comme une idiote enceinte d’un enfant dont j’ignore l’avenir. Ma main se pose machinalement sur mon ventre et je ne peux m’empêcher de sourire en pensant que peut-être je ferais une bonne mère … Impossible ! Comment pouvoir être certaine que ma maladie ne toucherait pas mon enfant, même le médecin n’avait pas su me répondre précisément. J’essuie les larmes d’un revers de manche et je me décide enfin à sortir de ma léthargie. J’étais revenue hier à Oceanside pour faire face à ce qui me faisait peur, il fallait que je prenne en main cette situation. D’un pas lent, je me dirigeais jusqu’à ma salle de bain, en croisant mon reflet dans un miroir je ne pus feindre un choc. Mes vêtements étaient trop grands, j’avais perdu du poids et les cernes sous mes yeux expliquaient les nombreuses nuits d’insomnies à réfléchir … Je passe quelques secondes sous la douche, rafraichit mon visage avec un maquillage simple et rapide, éclaircissant mon visage si terne. Troquant mon pyjama trop grand contre une jupe m’arrivant au-dessus du genou, un haut à rayure et une veste en cuir noir. Mes cheveux retombèrent sur mes épaules et j’attrapais un sac y mettant le stricte nécessaire et surtout l’échographie … Un bref en revoir à ma bonne et je me dirigeais vers l’extérieur me chaussant au passage d’une paire de botte. Je ne savais pas vraiment ce que je faisais, mais je devais le faire … Accepterait-il de me voir ? Aucune idée, en même temps à peine une lettre expliquant mon choix de partir et en lui promettant de revenir parce que je l’aimais plus que tout au monde, puis plus rien pendant plus d’un mois … Que faisait-il avec une fille comme moi … Je ne lui causais que des problèmes, une autre fille pourrait l’aimer peut-être à sa juste valeur qui sait. Me retrouvant devant la maison des Hastings, je pris mon courage à deux mains et mon poing s’abattit sur la porte. Une fois, puis deux … Aucune réponse. Je soupire, en même temps peut-être qu’il n’y a personne et que je vais repartir bredouille. Mais je suis déterminée, je tourne les talons et m’installe sur les marches devant la maison de Nash, attendant son retour … Peut-être qu’en me voyant, il ne me calculerait même pas, mais il doit savoir après tout, il est potentiellement le père de mon enfant, alors il faut bien que je le mette au courant, même si je vais totalement foutre sa vie en l’air … Je suis une personne horrible, pourquoi ne pas avoir avorté, personne n’aurait su et ça aurait été mieux pour tout le monde ..

Une seconde. Deux secondes. Une minute, puis une heure. Tu ne savais pas, tu t'en fichais comme de la dernière pluie en réalité. Tu continuais, et tu ne t'arrêtais pas. Un pas après l'autre, tu laissais tes chaussures claquer contre le goudron, contre le chemin de terre, contre tout ce qui passait sous tes chaussures. Les écouteurs en place, tu extériorisais le tout, tu faisais en sorte de tout oublier en courant. Oui, tu courrais. Jogging de la matinée comme on dit. Tu en avais eu envie, puis besoin, donc tu y étais allé. Mais maintenant, tes muscles réclamaient le repos, ton esprit s'était assez reposé pendant presque deux heures et il allait revenir à la charge pour s'emparer de tes problèmes, tes doutes et tout ce qui s'ensuit. Merde. Tu ne voulais pas. Mais encore une fois, tu n'avais pas le choix. Alors tu repris le chemin du retour, toujours la musique à fond dans les oreilles. Ta putain de baraque. Oui, tu ne savais pas ce que t'y faisais encore. Peut-être parce qu'en ce moment, tu étais seul. Ta soeur s'était barrée tu ne sais pas où, et tu faisais croire que tu t'en fichais, mais pas du tout. Cette idiote blonde te manquait affreusement. Mais non, elle était partie, et vraiment pas au bon moment, non, vraiment pas. Quand à ton père, tu t'en fichais, surement avec une de ces putes, de même que ta mère. Vive la famille. En tout cas, la maison était souvent vide, pour ton plus grand bonheur. Tu pouvais ruminer et te prendre la tête tout seul. Que demander de plus ? Franchement ... tu arrives jusqu'à la grande bâtisse, l'énorme bâtisse, ça sentait l'argent à plein nez, merci papa. Tu arrives donc, mais ton regard s'attarde sur une silhouette que tu reconnaitrais entre mille. Madge. Ta Madge. Madge. Bordel. Tu bug complètement, bouché bée, surpris, limite tu ne comprends pas ce qu'il se passe. Rêve ou réalité ? Tu ne sais pas. Elle était revenue ? Un mois. Un mois sans nouvelle après un départ précipité. Des plus précipités. Juste une lettre. Elle t'aimait. C'est ce qu'elle avait dit, et c'est ce qui t'avait fait tenir le coup, malgré le peu de nouvelle. Mais là, tu restes quelques secondes, voir même quelques minutes sans bouger, avant d'avancer vers elle. La gorge nouée, l'estomac retourné. Tu ne savais même pas si tu étais content ou pas. Tu arrives jusqu'à elle, où tu te stoppes. Tu lui dire un simple salut. Merde, non, tu ne pouvais pas lui dire simplement ça, pas après tout ce temps. Elle méritait plus, tu méritais plus, et pourtant, rien ne te venait à l'esprit. « Madge ... Tu ... T'es revenue ?! » Tes écouteurs était tombé, ton regard était rivé sur cette blonde qui t'en avait et t'en faisais toujours baver, et pourtant, qu'est-ce que tu y étais attaché. Putain, c'était incompréhensible. « Pourquoi t'es partie ? » Non, tu n'étais pas du genre à tourner autour du pot trente mille ans, tu avais besoin de réponse, depuis le temps.

Jetant un regard rapide vers ma montre, je laisse un soupire lourd de sous-entendu s’échappait de mes lèvres. Peut-être qu’il était partis ... Non, il ne pouvait pas se laisser aller de cette façon et puis Blueberry ne l’aurait jamais laissé sombrer de cette façon. Un bâillement me fit bouger quelques instants, m’obligeant par politesse à mettre ma main devant ma bouche. Je ne dormais plus beaucoup en ce moment, je ne savais plus où j’en étais … Totalement perdu, je me sentais totalement tomber dans le néant de la vie. Quelle connerie ! J’avais fait tellement d’effort pour avoir continuellement une vie sans encombrement, une vie qui cacherait la vérité aux yeux de mon père et pourtant me voilà enceinte. A ces yeux j’étais devenue la honte de la famille, une paria … Maintenant il s’occupait de moi, laisser moi rire … Il cherche juste à me surveiller encore plus qu’habituellement. Il me donne envie de vomir. Puis une silhouette se dessina devant moi. Une silhouette que je connaissais bien maintenant. Chaque partie de son corps m’était familière, chaque trait sur son visage se dessinait dans mon esprit de façon précis. Un mince sourire se dessina sur mon visage, mon cœur battait à tout rompre dans ma poitrine et l’assurance de ce matin c’était envolé en une fraction de seconde. « Madge ... Tu ... T'es revenue ?! » Me relevant afin de lui faire face, je fis seulement quelques pas afin de raccourcir la distance entre lui et moi. « Oui. » soufflais-je en replaçant une mèche de cheveux derrière mon oreille. J’étais stressée, impatiente de tout lui dire, mais appréhendant sa réaction qui serait soit bonne … soit mauvaise. « Pourquoi t'es partie ? » La question que je ne pouvais rater, celle à laquelle je m’étais préparée mentalement, mais qui me rendait toujours aussi nerveuse malgré tout. J’avais répété milles et une fois ce que j’allais lui dire afin de ne pas lui faire de peine ou de mal, et me voilà devant lui totalement muette. Mes jambes tremblaient légèrement, ma main se dirigea machinalement vers mon ventre, mais je me mis une claque mentalement, me maudissant d’avoir un tel geste à ce moment-même. « Ecoute Nashad … » Oui plus de Nash, plus de mon cœur … Juste son prénom pour annoncer quelque chose d’important, quelque chose qui allait sûrement changé sa vie comme ça avait changé la mienne. « Je ne voulais pas partir, j’étais contre l’idée de fuir, mais mon père m’a obligé à m’exiler pendant quelques mois chez ma tante à New-York. » Quel mignon petit récit. C’était tellement plus charmant, de plus l’introduire tout doucement dans le contexte n’était peut-être pas si bête que ça. « Je suis vraiment désolée, je ne voulais pas te faire du mal encore fois … Je m’étais promise de te rendre heureux dorénavant, mais je ne fais que te rendre plus malheureux et inquiet … Je n’arrive pas à faire les choses bien avec toi … Mais aujourd’hui j’ai quelque chose d’important à te dire. » Voilà, maintenant qu’il était au courant qu’il fallait que je lui parle sérieusement, il m’inviterait peut-être à rentrer chez lui … Je n’avais vraiment pas envie qui me claquer la porte au nez, je me préférais milles fois qu’il me foute dehors … Plus le moment fatidique s’approchait, plus je le sentais s’éloigner de moi … Et s’il ne voulait rien entendre, qu’allais-je faire pour me sortir de ça ? Je dois positiver, sinon je vais m’effondrer.