ça pue l'frique ici

Sens-tu cette odeur ? Cette puanteur nauséabonde. C'est le parfum bon marché de la trahison. J'ai été trahie. Malédiction. Le soir d'Halloween, tu te rends compte ? La seule célébration que je tolère en ce bas monde. Et pas par n'importe qui. Léonora, ma compatriote. Mamà disait toujours. « C'est de la confiance que naît la trahison. » Putain ce qu'elle avait raison. Qu'à fait Léo' ? La pire chose possible. Neil, elle s'est approchée de Neil. Il y a eu contact. Violation de propriété. Ce crime ne peut rester impuni. C'est mon amie, la seule, mais elle est allée trop loin ! Je ne comptais laisser la rage parler cette fois, non non. Je vais la jouer calme, effrayante, et dictatrice. Après ma vengeance orgasmique perso ce matin avec Mushu, vient la correction du coupable. " Ramène-toi pour midi dans le p’tit resto que je t’ai parlé à Coast Highway. " Voici le message envoyé à la traitre. Le piège tendu. Mon plan ? La laisser approcher, puis la briser. Elle doit comprendre où sont les limites. J'ai choisi le Neverland exprès pour la mettre mal à l'aise. Faire bouillir le poisson. C'est un restaurant réputé pour son grand standing et la qualité de ses plats. Je viens souvent ici, mais quelque chose me dit qu'après le passage de miss la grosse pute, je ne serais plus la bienvenue. J'étais déjà présente sur les lieux. Tenue chic exigée, mon body était étouffé dans une robe de cocktail en velours brodé. Tout en noir. Bijoux en diamant par-ci par-là. Si enterrement il y avait (et il y aura) je n'aurais pas besoin de me changer. L'Iphone sonna et ce fut un message de notre chère invitée. " J’serais là dans quelques minutes, j’viens à pieds " Merveilleux, les jeux vont pouvoir commencés.

Quelle catastrophe, pourquoi je lui ai demandé de venir ici ? Non mais sérieux, un jean ? et un t-shirt à nichons ? Pitoyable. C'pas correct comme vêtement pour le jour de sa mort. Anyway, elle finit par arriver à notre table en bousculant la bourgeoisie sur son passage. « Putain Sera pourquoi tu m’as fait v’nir ici, ça pu le frique. » Une phase très élégante accompagnée d'un rire blessant. C'est ça, rit, fais l'innocente sale traînée. J'avais du mal à sourire, encore plus à répondre. Et Léonora le remarqua. « Euh ca va ? » Mal ça ce voit pas pauvre conne ? Je tirai clairement la tronche, mais je pouvais prendre la gueule de bois comme excuse. Le serveur vint aussitôt nous demander la commande et nous apporter les menus. Ma voisine(la traînée) prit une vodka et moi. « Un verre de vin rouge, merci Charlie. » Le beau jeune homme avec qui j'ai couché (a) nous laissa seules. Phase une, engagée. « Excuse moi, je n'ai pas passé une excellente soirée. Les conséquences du mauvais alcool et des lapins d'Halloween doivent ce voir sur mon visage. Pas une seule bonne bouteille, pas une seule queue capable de tenir le coup. » Le garçon revint rapidement nous apporter nos verres, pendant que je fixai Baranovski droit dans les yeux. « Et ta soirée, c'était comment ? » Réponds le pied de ta vie et j'te plante la fourchette dans tes yeux de sale pute. Mon expression faciale c'était l'hiver. Pas une émotion, simplement un regard perçant la bitch que j'avais sous les yeux.

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Le vin arriva rapidement, Charlie, toujours aussi efficace. Et c'était tant mieux. À peine le verre posé sur la table, je me pris un pain en pleine gueule. « Très bonne, j’me suis tapé un gars qui me plaisait depuis un bout de temps.. t’sais le mec qui s’éclate à te faire toujours des remarques.. Neil. » Je l'écoutai en silence, tout en buvant une longue gorgée d'alcool rouge. Rouge comme le sang de Léonora bientôt répondu sur les murs ! La fourchette était à porter de main, je pouvais la prendre et lui défoncer le minois avec ! Elle me sourit avant de continuer. « Un putain d’bon coup. » J’acquiesçai calmement pendant que j'écrasai mes doigts dans ma main. Ils l’avaient fait, c'est encore pire. Je ne vais pas la tuer cette fois, non, je vais la faire souffrir ! Comment elle a pu me faire ça ? Je la hais, qu'elle brûle elle et ses cuisses en chaleur ! « Au fait pourquoi tu m’as fait v’nir ? » Pour te lapider contre un mur. « Pour discuter, manger un morceau. Ce que font de véritables amies. » Et je souris enfin, sauf que ce n'était pas sincère. Tu sais, c'est ce sourire faux qu'arborent tous les psychopathes dans les films. Ouais quand ils font des sous-entendus. Je me demandai si elle allait capter. « Et toi tu t’es tapée qui hier ? Alors comme ça ils ont pas été capable de t'faire prendre ton pied ? » Désolée, on a pas tous Neil Duncan pour nous faire grimper aux rideaux. Je crois qu'il est temps. Passer à la suite. La phase deux. « Léonora, quelque chose me contrarie vois-tu. Je suis quelqu'un de peu sociable tu t'en es rendue compte bien sûr. Je déteste les gens, je ne fais confiance qu'à mon banquier et encore c'est limite. Mais voilà, il y a quelqu'un d'autre que j'appréciais particulièrement. Une amie chère. Toi ma belle. » Je bus une autre gorgée pour lui laisser le temps de réfléchir, et repris. « Seulement voilà. Tu m'as trahie. Ne t'approches plus jamais de Neil Duncan. » Là je pouvais enfin afficher un véritable rictus. Un sourire presque carnassier, jusqu'à ce que Charlie revienne vers notre table. « Vous avez fait votre choix ? » Sans attendre une quelconque réaction de ma camarade, je répondis au blondinet. « Oui, je vais prendre un carpaccio en entrée accompagné de la salade du chef, merci Charlie. » Je lui rendis le menu et me tournai vers ma meilleure amie. « Et toi Léo', que comptes-tu choisir ? Le veau est excellent, mais il vaut mieux que tu prennes le jarret façon Rossini. C'est plus sûr pour toi. » Neil c'était le veau, le jarret la survie de Léonora. Je lui laissais le choix, sans vraiment le faire. C'était comme ça et pas autrement. Qu'elle se rebelle pour voir. Mon arrière-grand-mère descend de Staline.