C'était une belle journée, le ciel bleu azur était découvert et l'astre de lumière déployait ses ailes sur la ville de Californie. Malgré le beau temps une légère brise soufflait entre les villas et les bâtiments, un vent qui se transformait en rafale au bord de l'eau.
C’était une belle journée, une journée pour surfer. Ocean Side comme de nombreuses villes de la côte ouest était le rendez-vous pour les surfeurs aguerris ou pas. Dans l’eau tout le monde est passionné et se mélange, ceux qui ont leur planche aux milliers de dollars ou ceux qui louent une planche bon marché. Sven était dans ce dernier cas. Il n’avait jamais séjourné bien longtemps sur les côtes américaines mais il avait eu le temps d’apprendre à exercer ce loisir si populaire. Il avait de quoi se débrouiller dans son compte en banque mais s’acheter une planche hors de prix était bien inutile. Et il était là, à glisser sur l’eau alors que les vagues de plus en plus grandes l’entrainaient vers le rivage à une folle allure. A chaque fois qu’il se trouvait dans cette position il se sentait encore plus libre qu’il ne l’était déjà, ses soucis semblaient s’envoler et cette sensation était si agréable. Il restait toutefois concentré, tombé à l’eau en pleine vague n’était pas très recommandé. La proximité d’un autre surfeur se fit alors sentir. Il était dangereux de se retrouver à deux sur la même portion de la vague. Le bout avant de la planche de l’individu grimpa littéralement sur l’arrière de la sienne le propulsant sur le côté où il s’enfonça dans l’abime. Secoué dans tous les sens il ferma les yeux pour éviter d’autres dégâts et se protégea la tête de ses bras. L’océan le recracha alors lui, et sa planche accrochée par la dragonne positionnée sur son pied. Il s’étalait sur le sable doux et les vagues mortes le poussaient peu à peu. Il se releva, furieux. Sachant pertinemment que le responsable était aussi là. « Quel est l’abruti qui se croit tout permis ? »

Le sable collait à sa peau et s’incrustait partout, ses yeux brûlaient et une douleur aiguë provenant du tibia allait certainement engendrer un joli bleu. Il passa rapidement la main dans ses cheveux pour enlever les grains qui s’étaient étalés sur son crâne, son corps trempé n’arrangeait pas les choses. Les regards étaient braqués sur lui, rouge de colère il attendait impatiemment que quelqu’un ai le courage de se manifester. « Et bah Sven, quand on arrive pas à tenir sur sa planche on se tient à l'écart des vagues. Débutant. » Le jeune homme soupira, Dale.. la plage s’étendait sur plusieurs kilomètres et les zones de surf à cette heure étaient les plus grandes et de tous les pauvres cons il avait dû tombé sur Freeman. Cet enfant pourri-gâté prenait un malin plaisir à jouer le connard envers le monde entier, c’était un jeu pour lui et il était vite agaçant de le côtoyer. De tous les gosses de riche il était bien le pire, à jouer avec la misère des gens. Sven n’était pas riche mais n’était pas pauvre toutefois le peu de rencontres avec Dale, trop nombreuses quand même, avaient été violentes et il avait le don de vite énerver Sven qui se laissait mener par le bout du nez. Il lâcha un grognement de frustration et se dirigea vers l’étudiant qui arrivait sur la plage, sa planche calée entre son bras et sa hanche. « Qu’est-ce que tu cherches Dale ? A faire ton malin, comme d’habitude ? Ton oseille t’est montée à la tête mon pauvre. » Voyant qu’il l’ignorait Sven s’énerva encore plus rapidement tombant une nouvelle fois dans le piège tendu par l’autre qui s’amusait. Agrippant son épaule il l’obligea à se tourner vers lui. « Tu commences sérieusement à faire chier Freeman. » La journée avait pourtant bien commencé mais un idiot venait toujours tout gâché. « Ne joue plus le malin avec moi, ou sinon.. »

Sven était une proie facile, il en devenait presque ennuyeux. Il n'était pas un adversaire de taille selon moi, il ne m'arrivait même pas à la cheville et son impulsivité le rendait encore plus accessible. Il était inoffensif, la seule chose qu'il pouvait faire à la limite, c'était de me coller une bonne droite, ce qui était déjà arrivé à mainte reprise. Cela dit il savait que ça ne m'effrayait pas, s'il voulait se battre, j'étais toujours d'attaque à lui rendre la monnaie de sa pièce, la violence n'était qu'une mince partie de ce que je représentais, je savais que si j'en avais envie je pouvais lui faire passer l'envie de jouer des poings très rapidement. J'étais du genre sanguin, encore plus que lui en fait. Ca ne se voyait pas car j'avais plus tendance à m'emporter sur les mots, mais si il me cherchait et me donnait un coup, il pourrait très vite le regretter. Sven Carmichael se dirigea finalement vers moi, d'un pas plutôt énervé et décidé à me faire entendre sa voix. Je décidais de l'ignorer, me fichant clairement de ce qu'il pouvait me dire car ce n'était sans doute pas très intéressant. Il me reprochait toujours la même chose de toute façon. Pour lui je n'étais qu'un gosse de riche arrogant qui ne sait pas quoi faire de son argent et qui va embêter le monde pour son plaisir personnel. Il avait tort, mais je préférais que l'on me considère ainsi qu'autrement. C'était une bonne carapace. Le gosse de riche arrogant à problème relationnel. C'est facile. Il accrocha alors mon épaule pour me tourner en sa direction, je pivotais lentement, un peu blasé par sa réaction. « Tu commences sérieusement à faire chier Freeman. Ne joue plus le malin avec moi, ou sinon.. » j'haussais les soucils avant d'esquisser un sourire narquois. Il osait me menacer ? Ahah. La blague. Il allait le regretter. Je décidais de le pousser brusquement dans le sable, après tout, qui était-il pour poser ma main sur mon épaule et me menacer ? personne, exactement. Un déchet. Je savais que dans moins de trois secondes il allait se relever et se précipiter vers moi mais je n'avais pas peur, au contraire, je ressentais même un certain plaisir, l'adrénaline avec quelque chose de bon chez moi. « Sinon quoi ? Tu vas te mettre à pleurnicher comme une fillette ? Pauvre petite biche. Tu veux un câlin ? »

Dale Freeman n’était qu’un gamin prétentieux et imbu de sa personne. C’était le genre de type qu’il détestait, il avait toujours dû se battre pour vivre avec une certaine aisance et les hommes comme ça n’avaient rien à faire pour avoir tous ceux qu’ils voulaient. Certains les admiraient, lui, il les trouvait pathétique, à juste titre. Ne pouvaient-ils juste pas vivre tranquillement, la plupart si. Mais d’autres comme Freeman ne pensaient qu’à se pavaner tel un paon montrant à tous qu’ils avaient de l’argent et méprisant ceux qui n’en avaient pas. Peut être allaient-ils au lycée mais jusqu’à présent il n’avait rien fait pour mériter pareille fortune. L’ignorance totale que manifestait le jeune homme envers Sven avait pour effet d’attiser encore plus la colère de ce dernier. Il n’avait jamais été patient ou prompt aux discussions, il s’était battu des dizaines de fois, parfois vainqueur, parfois vaincu. Le vase était bien remplie, une seule goutte le ferait déborder, cette occasion se présenta lorsque Dale posa ses deux mains sur son torse et le poussa. Surpris et pas préparé à cela Sven tomba en arrière, le dos s’écrasant sur le doux sable tiède. Le peu de gens autour d’eux semblaient regarder la scène avec un certains appétit, savourant comme devant un film une violence gratuite. Le jeune homme se releva avec un grognement, laissant un regard noir à son agresseur. « Sinon quoi ? Tu vas te mettre à pleurnicher comme une fillette ? Pauvre petite biche. Tu veux un câlin ? » Son sourire narquois sur les lèvres. Sven soupira en secouant négativement la tête. Il s’avança lentement vers lui, secouant de sa main son short maillot où le sable venait se coller. Sa respiration devint moins soutenue et son corps ne trembla plus sous l’effet de la colère, une certaine excitation monta même en lui, il avait envie d’en découdre. Le regard railleur de Dale indiquait qu’il voulait exactement la même chose. « T’es vrai qu’un sale con. » Sans plus attendre il frappa à droite, au niveau de la mâchoire avant de l’accompagner dans son recul et de sauter sur lui pour l’immobiliser à terre.