Mes potes. L’équipe de Basket. Gwen, ou plutôt Angel. Je crois que c’est grâce à eux que je me sens aussi bien, aussi heureux. Je n’ai jamais connu ma mère, et mon père est un homme absent qui essaie de se faire aimer de son fils avec son argent. Ma famille c’est l’équipe des Pirates du coup. C’est mon défouloir, c’est un peu tout ce que j’ai en fait, c’est en qui j’ai confiance, même si je devrais peut-être pas. La Terre entière est remplie de personnes d’aucune confiance, pourquoi pas mon équipe de basket ? Il faut que je chasse ces mauvaises pensées. J’ai qu’à penser qu’ils sont parfaits et ils le seront. C’est mes potes en même temps, c’est mes frères. On traine souvent dans la cour extérieure, comme à la minute même. On squatte une table en bois, l’équipe n’est pas au complet. On rit, on mate ce qui passe, on rêve de nos avenirs, on se taquine. Je me sens bien, je me sens dans mon élément. Mon visage se pose sur un visage qui m’est familier. Une fille, brune, les cheveux longs, pas mal du tout. Mais d’où je le connais ? Elle me fixe en avançant rapidement vers moi. Elle a l’air un peu angoissée. Je me souviens pas d’où je le connais, ça me chagrine, je fais une petite moue. Je suis perdu dans mes pensées à essayer de retrouver quelques souvenirs. Plus elle avance et plus mes souvenirs reviennent. Ça y est, je sais ! On a couchés ensemble il y a un bon moment déjà, avant que je rencontre Gwen, avant que je voue fidélité, avant que je tombe amoureux de cette grande blonde. Je racle ma gorge, que me veut-elle ? Oui, je l’ai dépucelé. Elle en redemande ou quoi ? Je la regarde, un sourire provocateur aux lèvres.

Qu’est-ce que je faisais assise dehors, au pied d’un arbre, devant le lycée ? Eh bien, je devais attendre une amie qui semblait de toute évidence m’avoir fait faux bond, étant donné que cela faisait déjà 20 minutes que j’attendais. Et même pas un message pour prévenir, sympa, ça fait toujours plaisir.

En attendant, j’étais restée posée là, à regarder ce qu’il se passait dans la cours tout en gribouillant sur le cahier que j’avais sur les genoux. Je gribouillais quoi ? Des paroles de chanson, comme d’habitude. Rien de bien concluant, juste quelques idées qui me passaient par la tête. Levant le nez de mon cahier je scrutais ce qu’il se passait dans la cours. Une bande de Cheerleader discutaient avec animation dans un coin, tandis que d’autres élèves passaient près d’une table en bois où étaient installés une bande de basketteurs. Je les regardais distraitement lorsque mon regard tomba sur l’un d’entre eux. C’était Jayden et… Il avait été ma première fois. Je le regrettais amèrement depuis. Soudain, une idée me passa par la tête. Ce n’était pas la première fois, mais je n’avais jamais vraiment eu l’occasion d’y faire quoi que ce soit. Je n’allais pas lui courir après à travers le lycée, rien que ça, ça paraitrait suspect.

Oh, notre aventure remontait à des mois déjà, mais j’avais besoin d’en être certaine. D’être certaine qu’il n’avait rien dit à personne sur ce qu’il s’était passé entre nous, et ne comptait pas le faire. Le monde est tellement petit qu’il ne suffirait pas de grand-chose pour que ça revienne aux oreilles de mes parents… Ou à celles de Jules. Et je lui avais fais assez de mal comme ça, inutile d’en rajouter. Sans un mot, je fourrais mon cahier dans mon sac sans ménagement avant de me lever. J’ignorais encore comment j’allais aborder le sujet, et légèrement nerveuse, je remis mes cheveux en arrière. Alors que j’arrivais près de leur table, les regards des basketteurs se posèrent sur moi, y compris celui de Jayden, qui arborait un sourire provocateur. Décidant de ne pas me laisser démonter, je dis avant qu’il n’ait le temps de dire quoi que ce soit : « Jayden, je peux te parler s’il te plait ? » Je me voyais mal aborder le sujet devant sa bande de copains. Ca serait le meilleur moyen d’être certaine que tout le monde soit au courant, surtout que les pompom girls ne se trouvaient pas très loin et certaines pouvaient être de vraies commères.

Ce n’était pas tant de lui parler, ou qu’il soit avec ses copains qui me mettait mal à l’aise, mais bon. C’était seulement le fait que ce soit un sujet assez délicat, pour moi en tout cas. Je n’étais pas le genre de fille à aller parler de ses plans cul au milieu du couloir. Pour ça, il faudrait déjà que j’en ai me direz vous, ce qui n’était pas le cas. Pas depuis ce qui était arrivé avec Jayden. Et j’espérais bien, d’ailleurs, que cette erreur de ma part resterait entre lui et moi. Inutile de mettre tout le lycée au courant. .

Elle se rapprochait, encore et encore. Plus elle avance et plus mes flashs sont longs. Je le revois, titubant, s’allonger sur le lit, me faire un signe de la main. Je me vois, titubant aussi, m’approcher d’elle avec hâte. Je secoue la tête, pour chasser ces souvenirs. Comment j’ai pu coucher avec elle ? Elle est peut-être jolie, mais elle n’est même pas populaire. J’espère qu’elle n’a mi personne au courant sinon ma réputation va en prendre un coup. Ici, tout est question de réputation, si tes parents ne sont pas populaires eux aussi, tu tombes vite aux oubliettes. C’est con mais c’est comme ça. J’ai de la chance que les Cold-Meyers aient une bonne notoriété, surtout depuis la mort de maman il parait. Elle était hype, comme certains disent. Être au top, c’est tout ce que mon père me demande, et on ne dirait pas, mais c’est pas si facile que ça. Il suffit d’une sale rumeur pour vous faire tomber du podium. Une des vérités qui pourraient me faire tout perdre c’est la fumette. Quand je dis tout, c’est le soutien financier de mon père, mes amis, l’équipe de basket, tout. J’ai peur que quelqu’un l’apprenne. Même mon dealer ne sait pas qui je suis, c’est pour vous dire. La seule qui est au courant, c’est Gwen et elle aussi, c’est mon secret. Mon amour secret, et c’est aussi elle que j’ai embarqué dans le joint.

Johanna me sort de mes pensées. ❝ Jayden, je peux te parler s’il te plait ? ❞. Non mais elle fait quoi là ? Elle va me foutre la honte devant tout l’équipe. Ils la dévisagent, certain méchamment d’autre plutôt dévorant. Il faut que je trouve un truc pour qu’elle parte ou que ça passe inaperçue. Je me lève, je suis imposant, mon regard devient interrogatif. Je regarde mes potes. ❝ Les gars, le devoir m’appelle ! ❞. Ils me regardent, l’air malicieux, puis se mettent à huer et à siffler. Beaucoup de regards se tournent vers nous. Je m’approche d’elle, passe un bras sur ses épaules et l’amène rapidement à l’écart de tout. Loin de l’équipe, loin des cheerleaders, loin. Je regarde autour de nous, il n’y a personne, tant mieux. Je la regarde, l’air de dire qu’elle n’aurait pas dû faire ça. ❝ Tu me veux quoi Johan ? ❞. Je plonge mon regard dans le sien, serrant légèrement la mâchoire. Son regard, un autre flash. Je la déshabille, elle me dévore du regard, je me presse, elle se mord la lèvre. Je détache mon regard d’elle, secoue la tête. Stop, je n’veux pas voir ça. Le pire pour un dépucelage, c’est que c’était presque parfait. Je soupire, j’en ai marre de penser à ça. Mes sourcils se froncent. Mais qu’est-ce qu’elle me veut donc ? On a rien à faire ensemble, rien du tout. Elle l’a pas compris ou quoi ? Je suis en train de m’énerver tout seul, ce n’est pas bon. Pas bon du tout même. Je serre légèrement mes poings, régule ma respiration. ❝ Tu pouvais pas venir à un autre moment non ?! ❞. C’est fou comme je peux être impulsif, c’est moche. Mes poings se desserrent, j’arrive à me calme.

A peine Jayden se levait-il que ses amis basketteurs de mirent à siffler et à huer, et je levais les yeux au ciel, exaspérée. Ils avaient prit trop de ballons de basket sur la caboche, ou ils étaient nés stupides ? Après on se demande pourquoi je n’en ai rien à faire de la popularité. Si c’était pour devenir comme ça, j’aimais autant rester dans mon coin. Je n’étais pas non plus une paria au lycée, certes, mais j’étais loin de faire partie des populaires, ce qui me convenait très bien. Cela me permettait généralement d’éviter d’être le sujet de toutes les rumeurs, comme certains autres élèves du lycée.

« Les gars, le devoir m’appelle ! » S’exclama-t-il à l’attention de ses amis avant de se lever. Quand il se trouva debout, je fus bien contente d’avoir choisi de porter des talons ce matin. Du haut de mon mètre cinquante-huit, rares étaient les personnes plus petites que moi au lycée et en l’occurrence, je paraissais minuscule à côté de Jayden. Ce n’est pas pour autant que je me laissais intimider, et ignorant sa bande de copains, je le suivis à l’écart. Apparemment, lui non plus n’avait pas envie qu’on entende notre conversation, ce qui m’arrangeait fortement. Déjà que venir parler de ça était assez embarrassant, inutile que la moitié du lycée finisse par être au courant.

« Tu me veux quoi Johan ? » Me demanda Jayden, visiblement pas très heureux que je sois venue le déranger. Repenser à ce qui s’était passé entre nous ne m’enchantait pas non plus, mais j’avais besoin d’être certaine qu’il ne l’avait it à personne. Que ça ait été bien ou non, ça n’avait aucune espèce d’importance, car ça n’aurait jamais du arriver et tout ce que je voulais, c’était oublier que ça s’était produit, chose qui serait difficile si tout le lycée venait à être mit au courant. Alors si Jayden n’était pas content que je vienne le déranger pendant qu’il discutait avec ses copains… Et bien tant pis pour lui ! « Tu pouvais pas venir à un autre moment non ?! » me demanda-t-il ensuite, apparemment toujours sur les nerfs. J’avais beau ne pas être très grande, ni une grande gueule, je ne me laissais pas impressionner pour autant. « Rho, c’est bon, tu t’en remettras. » Répondis-je, agacée. D’ici trois jours, tout le lycée aura oublié que je suis venue lui parler, et sa réputation demeurerait intacte. La moitié du bahut ignorait même qui j’étais alors ça ne les marquerait surement pas. Soufflant un bon coup, je me lançais finalement. « Je voulais juste te parler de ce qui s’est passé y a quelque mois… Histoire d’être sure que t’en a parlé à personne. » Ajoutai-je. Si il l’avait fait, j’en aurait probablement entendu parler, mais on ne sait jamais, je préférais être sure que tout ça resterait entre nous.

❝ Rho, c’est bon, tu t’en remettras. ❞. Elle avait l’air agacée et moi j’avais envie de rire, de rire jaune quand même. Qu’est-ce qu’elle me voulait, remettre ça ? Non merci. Une fois ça suffit. C’était bien mais je préfère les filles expérimentée. Je serre doucement la mâchoire. En arrière-plan, je vois mes potes regarder vers nous, le regard interrogatif. Je leur fais un signe, du genre « c’est bon je vais la choper. ». Ils se mettent à nous huer, je souris mais mon sourire retombe quand mon regard revient sur Johanna. Elle souffle, moi aussi. ❝ Je voulais juste te parler de ce qui s’est passé y a quelque mois… Histoire d’être sure que t’en a parlé à personne. ❞. Je déglutis, elle était bien venue pour ce que je pensais. Elle me prenait pour qui ? Elle croyait que j’allais me vanter de l’avoir dépuceler. Laissez-moi rire, ahah je ris. Je lève les yeux au ciel instinctivement et je soupire. Tout à coup une idée me vient au cerveau, et si je lui faisais croire que j’avais mis déjà des gens au courant ? Je garde mon sérieux, l’expression de mon visage change pour devenir comme désolée et gênée, comme fautive. Je déglutis encore une fois histoire de faire monter la pression. ❝ Ah, il fallait pas en parler ? Merde. ❞ . Je la regarde dans les yeux, historie d’être le plus crédible possible et j’ai l’impression qu’elle gobe ce que je lui raconte. Je tord un peu ma bouche et passe une main sur ma nuque, jouant la comédie le mieux possible. Je suis sûre qu’elle va s’emballer, qu’elle a peur de ce que pourraient dire les gens maintenant. J’ai tellement envie de rire.

Je ne fais pas parti des gens qui vive sur le proverbe : ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas que l’on te fasse. Ouais, vous pouvez dire que je fais partie des connards, j’fais comme Rocky dans la réserve, j’m’en bats les steaks. Non non, je ne réplique pas du Orelsan. Bref, de toute façon, je sais que je suis un connard et je vous lève mon majeur. Je continue ma comédie, mes flashs de notre baise me reviennent en mémoire, je me mords un peu la lèvre. D’un côté, pour les souvenirs, de l’autre, pour jouer mon jeu à fond. Je la regarde, elle ne répond pas, je trouve ça bizarre. Peut-être est-elle en train d’imploser ? Je ne sais pas. ❝ T'as peur pour ta médiocre réputation ? ❞. Je continue de la chercher, je ne devrai peut-être pas mais tant pis, c'est toujours plus fort que moi.