Faire ses devoirs, ce n’est pas très passionnant… Ce n’est pas pour rien si, au lieu de bûcher sur mon devoir d’histoire, je passais mon temps à admirer ce qu’il se passait dehors, ou a bidouiller sur mon téléphone. Franchement, la seconde guerre mondiale, c’est bien a étudier la première fois, mais ou bout de trois, ça commence à devenir sérieusement rengaine. Mais il faudrait bien que j’arrive à terminer cette fichue dissertation, même si je n’en avais pas la moindre envie. Reposant mon portable sur mon bureau, je tentais donc tant bien que mal de me concentrer sur ma dissertation. Si je continuais à me passer la main dans les cheveux de la sorte, j’allais finir par avoir l’air d’un épouvantail. Afin d’avoir la paix, je les nouais donc rapidement avec un élastique, et me remis à écrire. C’est incroyable comment j’étais toujours plus inspirée lorsqu’il s’agissait d’écrire une chanson que de faire un devoir pour le lycée. La musique, ça me venait tout seul, je n’avais pas besoin de me creuser la tète indéfiniment, mais là, j’avais beaucoup de mal à me concentrer sur ce que j’étais en train d’écrire.

Alors que je réfléchissais, mon regard se posa de nouveau sur la fenêtre, et je reconnu une silhouette qui approchait de chez moi. Aussitôt, je me levais : j’avais de la visite, et j’aimais autant être celle qui ouvrirait la porte. J’étais déjà dans l’escalier lorsque Larsen frappa à la porte. « j’y vais ! » M’exclamai-je en dévalant l’escalier, à l’attention de mes parents et de mes deux grands frères. Je me dirigeais vers la porte et l’ouvrit pour découvrir, sans surprise, Larsen - mon meilleur ami - debout sur le seuil. Nous nous étions rencontrés quand il avait emménagé dans le quartier, et il s’était avéré que nous avions pas mal de choses en commun comme par exemple notre passion pour la musique, et ce même si nous venions de milieux bien différents. Sa vie avait été bien plus compliquée que la mienne ! Et pourtant, nous étions aujourd’hui meilleurs amis.

Qu’est-ce qui l’amenait, je n’en avais pas la moindre idée. Les visites à l’improviste étaient tout à fait son genre et j’étais bien contente d’avoir une excuse pour laisser mon devoir d’Histoire de côté. « Hey salut ! Qu’est-ce qui t’amène ? » Demandai-je avec un sourire au jeune homme qui se trouvait face à moi, vêtu comme à son habitude d’un baggy, d’une casquette et d’un blouson University surmontant son t-shirt. J’avais l’air d’une petite fille sage à côté de lui, avec ma paire de jeans et ma chemise marron. D’une toute petite fille sage même car sans mes habituels talons hauts, je ne faisais vraiment pas grande face à lui.

Larsen tombait à pic, c’est le moins qu’on puisse dire. Si il était là, c’est qu’il voulait probablement aller faire un tour et bien entendu, à choisir entre ma dissertation d’histoire ou aller trainer… Je choisirai bien sur d’aller faire un tour. De toute façon, je n’arrivais pas à me concentrer et j’écrivais vraiment n’importe quoi, alors autant aller m’aérer l’esprit un peu, ça me ferait du bien. Ca serait toujours mieux que de tourner en rond dans ma chambre, c’était un truc à devenir folle avant la fin de la journée ça et de toute façon, je n‘avançais absolument pas dans mon devoir alors à quoi bon me buter ? C’était un truc à me retrouver avec une mauvaise note, et c’était le genre de choses que mes parents n’appréciaient pas vraiment.

Quand Larsen me proposa d’aller faire un tour, il ne me fallu donc guère longtemps pour décider de le suivre, si bien que je répondis sans hésitations : « Oh que oui ! Laisse moi juste le temps d’enfiler mes chaussures et de prévenir mes parents, j’arrive. ».

Sitôt dit, sitôt fait, je rentrais juste le temps de prévenir mes parents que j’allais faire un tour, enfilais rapidement une paire de chaussures - à talons bien hauts, histoire de ne pas être trop ridicule du haut de mon mètre cinquante huit, à côté du mètre quatre vingt cinq de Larsen - attrapais ma veste en cuir que j’enfilais rapidement avant de le rejoindre dehors.

J’ignorais où il voulait aller, mais à vrai dire, ça m’était un peu égal. L’important, c’est que je n’étais plus enfermée dans ma chambre. Tout en détachant mes longs cheveux, que j’avais noués quand j’étais occupée à bosser, je demandais à Larsen « Alors, on va où ? T’as quelque chose de particulier à faire ? » Il y avait bien une raison pour qu’il passe me chercher. Ou alors, il avait juste envie d’aller trainer, et avait envie que je lui tienne compagnie. Je commençais à m’éloigner de ma maison avec lui, attendant qu’il m’annonce notre destination.

Larsen et moi partagions une passion pour la musique. Bon, lui était plus tourné vers le rap, et moi… Un peu tout en fait. Pop/Rock, r’n’b… Peu importe le style, je ne suis pas très difficile, du moment que vous ne me pondez pas de la musique totalement trafiquée par ordinateur si bien qu‘on ne reconnait ni les voix, ni les instruments, ça me convient. La majorité de mon argent de poche passait dans du matériel pour la musique : des cordes de guitare, de nouvelles partitions pour travailler au piano… Tout y passait et malheureusement, tout ça n’est pas toujours donné.

Larsen m’annonça qu’il avait besoin de se rendre à la boutique studio du coin, ce qui ne me posait aucun problèmes. Je n’avais rien à y acheter, mais cela ne m’empêcherait pas de regarder pendant qu’il ferait ses petites courses. On sait jamais, j’y verrais peut être quelque chose d’abordable que je pourrais m’offrir une fois que j’aurais économisé un peu. Pour le moment, je devais me contenter de mon ordinateur portable quand je voulais enregistrer un morceau, ce qui n’était pas le plus pratique, mais on fait avec ce qu’on a.

« Non, ça me convient. » Répondis-je, refusant d’un signe de la main la cigarette que me proposait Larsen. Je me contentais de fumer en soirée et encore, j’étais plus alcool que tabac ou drogue de toute façon - bien que ça m’arrive s’en consommer, je ne peux pas le nier. Si je commençais à bousiller ma voix à fumer comme un pompier, ça allait être la fin du monde pour moi. « par contre je m’arrêterais bien acheter un café et un truc à manger au passage. J’ai la dalle. » Ajoutai-je. Un bon café ne serait pas un luxe après avoir passé une heure enfermée dans ma chambre à essayer de bosser, et quitte à acheter un truc à boire, autant en profiter pour acheter quelque chose à manger avec, non ? Gourmande comme j’étais, de toute façon, c’était à prévoir. Heureusement que je n'étais pas une accro du régime et que devenir une véritable planche à pain n'était pas dans mes plans !

Larsen accepta que l’on aille acheter un truc à manger en chemin, avant d’aller à la boutique pour acheter son matériel d’enregistrement. Parfait. Je pris donc la direction du Starbucks le plus proche avec lui - j’étais une véritable habituée, j’y passais régulièrement le matin en me rendant au lycée. J’avais un peu de mal à émerger le matin, alors une bonne tasse de café n’était pas de trop et je n’avais pas toujours le temps d’en boire chez moi étant donné que j’avais le don d’être toujours prête légèrement en retard. Juste assez pour ne rien avoir le temps d’avaler avant de partir, en fait.

Par chance, il y avait peu de monde dans le Starbucks et je n’eu donc pas à faire la queue très longtemps pour demander mon café latté glacé et mon muffin au chocolat. Une fois le tout payé, je quittais la boutique avec Larsen « Voila. J’ai fais mes achats, à ton tour maintenant. » Dis-je avec un sourire avant de boire une gorgée de café. « Tu veux aller acheter quoi d’ailleurs ? » Demandai-je ensuite. Je venais de réaliser que je ne lui avais pas posé la question, et il ne me semblait pas qu’il me l’ai dit. Si il me l’avait dit eh bien… j’étais un peu tête en l’air, ça arrive d’oublier des trucs des fois;

Spoiler:

Je commençais à boire mon café et à manger mon muffin tout en prenant la direction de la boutique où Larsen pourrait acheter tout son matériel. C’était super d’avoir quelqu’un avec qui je pouvais partager ma passion pour la musique et même si il écrivait et composait lui-même du rap, il écoutait tout un tas de musiques différentes, tout comme moi; j’avais vraiment des gouts très variés. J’étais familière avec le classique, pour avoir apprit le piano en jouant des morceaux de ce style, aussi bien qu’avec le rock, le rap, le hip hop ou même la country. Le seul style de musique avec lequel j’avais du mal, c’est lorsque tout était trop électronique. Vous savez, ce genre de chanson qu’ils passent parfois à la radio, au rythme et aux paroles extrêmement répétitifs, où la voix de la chanteuse a été entièrement trafiquée et que toute la musique a été créer par ordinateur ? Oh, je n’avais rien contre les sons plus électro, il fallait juste trouver un juste milieu entre l’usage de l’ordinateur et de vrais instruments de musique, parce que si tout se faisait par ordinateur, eh bien plus besoin de musicien ou de chanteur, n’importe qui peut se mettre à la chanson.

« Je vais acheter un micro et, si j'ai assez, un synthé. » M’annonça Larsen, avant de reprendre une nouvelle cigarette. Il avait bien de la chance d’avoir les moyens d’investir dans ce matériel. Oh, je ne me plaignais pas vraiment de mon sort. A défaut d’un vrai piano, j’avais au moins un clavier, mes deux guitares… Bon, je n’avais pas de batterie, mais là, il ne faut pas trop en demander, si je commençais à leur casser les oreilles en jouant de la batterie à tout bout de champ, ils finiraient tous par devenir dingues. Déjà que la guitare électrique était parfois un peu limite… « Ah, c’est cool. Tu vas pouvoir enregistrer tes maquettes comme ça. » Répondis-je.

Nous ne tardâmes pas à arriver à la boutique où Larsen devait faire ses achats et j’y pénétrais avec lui, le suivant jusqu’aux articles qui l’intéressaient c’est-à-dire tout d’abord les micros. Je n’avais rien à acheter et de toute façon pas d’argent pour le faire, je me contentais donc d’observer les articles qui m’entouraient, effectuant silencieusement un repérage pour quand j’aurais moi-même les moyens d’investir dans du matériel digne de ce nom.

« Dis moi Jo', tu veut pas te mettre a enregistrer du chant toi ? » me demanda Larsen, qui avait entre temps choisi le micro qu’il allait acheter. Les prix ici étaient exorbitants, moi qui ne gagnait de l’argent que par le biais d’un peu de baby sitting, il faudrait que je garde 50 gamins pendant trois semaines, 7jours sur 7 pour pouvoirs m’acheter quoi que ce soit. Je me contenterai probablement de matériel d’occasion, après tout, on peut parfois faire des bonnes affaires. « Si, j’aimerai bien. Mais j’ai pas le matériel qu’il faut, donc pour le moment je me contente de mon ordinateur. C’est mieux que rien. » expliquai-je à mon meilleur ami, qui s’était dirigé vers le synthé situé derrière moi.

Demeurant silencieuse, je le laissais se mettre à jouer et reconnu la chanson qu’il jouait des le premières notes. Machinalement, mon pied se mit à battre la mesure, et avant que je n’ai réalisé ce que je faisais, je me mis à chanter. Je ne pouvais pas m’empêcher de chanter, dès qu’il y avait de la musique, j’étais un véritable jukebox et franchement, qui ne connait pas cette chanson ? Il faut habiter sur Mars pour être passé à côté, et encore ! Souriant, je commençais pas chantonner, pour finalement, me mettre à réellement chanter la chanson, d’une voix claire, sans fausses notes. Tout en chantant, j’observais les doigts de Larsen, qui se déplaçaient habilement sur le clavier, un petit sourire aux lèvres. Un tas de pseudo rappeurs ne pouvaient pas se vanter de jouer du piano aussi bien que lui, au moins, lui était un vrai musicien.