La rentrée, ah la rentrée! Soit le truc le plus chiant qui existait. Sérieusement, pourquoi on pouvait pas rester pendant l'été toute notre vie, à boire, baiser et fumer comme des malades. Je souris en repensant à l'été que je venais de passer. Oui, définitivement, j'avais envie d'y retourner. Mais non, il fallait qu'on nous enferme dans cette espèce de prison, appelée "lycée". Je soupirai en voyant qu'on commençait par deux heures d'histoire. C'était pas possible. J'aurais limite préférer avoir deux heures de sport, ça aurait été moins relou, alors que moi-meme, j'étais la pire merde au monde dans quelque sport qui soit.
En rentrant dans la salle, je vis Nashad, mon cher frère. Je cachai un sourire narquois: tous les deux, ensemble en cours pour notre dernière année ici, ça allait péter. On allait bien se marrer. Je l'ignorai royalement en passant devant lui, puis m'assis devant une minuscule table qui n'avait pas changer depuis la sixième. C'est pas comme si on avait grandis entre-temps mais..si. Evidemment, Nashad s'assit à la table la plus proche de moi, ayant définitivement envie de me faire chier. Je l'avais ignoré, et apparemment ça l'avait saoulé. Elle était comme ça notre relation, assez compliquée finalement, puisqu'on s'envoyait des piques environ vingt-quatre heures sur vingt-quatre, mais dans le fond on s'adorait. Je n'imaginais juste pas ma vie sans lui. Ouais nan, s'il n'avait pas été là, la vie serait juste hyper ennuyeuse. J'en étais là de mes réflexions philosophiques lorsque je me pris un stylo en pleine gueule qui faillit me défigurer-ou presque. Connard! J'avais failli mourir bordel! Je me retournai brusquement pour lui envoyer un stylo à mon tour, qu'il s'était reçu en pleine tronche. Aha, cible atteinte avec succès. Il me bien comprendre par un simple coup d'oeil qu'il se faisait déjà chier, et qu'il voulait emmerder cette pauvre Madame Colson, qui avait environ..0% d'autorité. Je l'avais même vu frémir lorsqu'elle avait découvert que les deux Hastings étaient dans sa classe. Elle nous avait eus l'année dernière, et ça avait pas été glorieux. N'empêche, nous, on s'était bien marrés, et apparemment mon frère voulait remettre ça dès maintenant. Il était pire que moi sérieux. Je lui fis comprendre d'un clin d'oeil que c'était ok pour moi. Les deux heures d'histoire allaient pas passer, désolée.

« Votre écriture n'a pas changé, toujours aussi illisible que l'an passé. »

J'éclatai bruyamment de rire tandis que la prof commençait à rougir.

«S'il vous plait monsieur Hastings, un peu de sérieux..Nous avons un programme chargé..»

Elle pouvait se le torcher son programme! Comme si on en avait quelque chose à battre. Comme si on allait se souvenir de quoique ce soit dans six mois..

« En fait, je pense que c'est votre faute si on apprend rien madame..on comprends rien. Au fait, j'adore cette petite jupe, très sexy. » 

Les rires commençaient à fuser. C'était parti. Je pariais environ dix minutes avant qu'on se fasse jeter.

On était trop bons. ON ETAIT TROP BONS BORDEL ! Les Hastings étaient connus au lycée pour être de gros fouteurs, notamment dans les cours. Normal, que dès le début de l'année, on fasse honneur à notre réputation non? Et puis au moins, comme ça, on annonçait la couleur. Après ma remarque des plus fines, Nash se mit en mode gros matteur dégueulasse, ce qui finit d'achever cette pauvre prof. «Je ne vous permets pas mademoiselle, vous n'avez vraiment pas ...» Mon frère n'attendit pas la fin de sa phrase pour l'enfoncer encore plus, comme il se doit. « De quoi être jalouse ? J'explosai de rire bruyamment, et les autres élèves en firent autant. J'étais sure qu'ils devaient nous bénir intérieurement de faire passer le temps, et donc rater du cours. Et ouais les coco, avec nous c'était comme ça. «Vous avez raison, pas de quoi être jalouse ! Vous avez changé, c'est vrai, nouvelle jupe, nouvelle paire de ... lunettes, mais bon, c'est pas comme ça que vos élèves vont progresser vous savez. » J'allais me pisser dessus tellement je riais. Il y allait vraiment fort, y'avait du level. La prof avait pris une couleur cramoisie qui la rendait encore plus laide qu'avant. Si c'était possible. Elle avait l'air vraiment hyper en colère, et je me demandais quand ses cheveux allaient partir dans tous les sens d'un coup, en mode sorcière folle et méchante. Cependant, elle gardait le silence. Aller, meuf fais nous sortir, t'en crève d'envie et nous aussi. « Vous avez l'air crispée ... Tout va bien ? » Je souris une nouvelle fois, avant d'attaquer à mon tour. « Madame, on peut appeler l'infirmière. Au moins ça lui fera quelqu'un à soigner, cette meuf ne fout rien de ses journées, c'est fou.» C'était vrai en plus, je mentais même pas. Une fois j'avais voulu prendre une serviette chez elle, et j'avais du attendre une heure devant sa porte pour qu'elle daigne m'ouvrir. Elle était bien trop occupée à raconter sa misérable vie à sa meilleure amie au téléphone. Top.
Bref, revenons à nos histoires. D'un coup, sans prévenir, la pauvre prof frappa sur la table.Ce devait être le geste le plus violent qu'elle ait jamais du faire de sa vie et elle avait du se démonter la main. Bien fait. « Cette fois-ci ça suffit! Une arrogance, un manque de respect..Je n'ai jamais vu ça! Vous sortez immédiatement de mon cours! Tous les deux!» Elle était pire que furax, totalement hystérique. Je jetai un regard victorieux à mon frère tandis que je prenais mon sac déjà prêt. Juste avant de sortir je la saluai du regard. « Ce fut un plaisir. Passez une agréable journée. »

Nous venions de sortir, et je m'appretai à avancer dans le couloir pour dégager de le plus vite possible de ce lycée merdique-sans passer vers le bureau de la principale, on était pas des bouffons-, lorsque Nash rouvrit la porte au moment où la pauvre vieille pensait enfin avoir un moment de répit. « Et franchement, vous devriez vraiment aller voir l'infirmière. » J'avais éclaté de rire en voyant la tête de la prof: elle était clairement abasourdie et devait se demander si on avait été au moins une fois dans notre vie éduqués..La réponse était non. On avait jamais vraiment eu d'éducation, puisqu'on pouvait pas considérer nos parents comme des parents. Ils étaient jamais là, et ne servaient à rien. Etant petits, on avait enchainé les nounou qui parlaient à peine l'anglais. TOP!
Nash me prit passa un bras derrière mon épaule, et on commença à marcher. « Putain, on avait presque battu notre record. Tu m'as impressionné petite. » En effet, on avait vraiment été particulièrement bons, puisqu'il nous avait fallu moins de dix minutes pour se faire jeter. Du level je vous dis, y'a du level . Accessoirement, il m'avait appelée "petite", comme d'hab, alors qu'il savait très bien que je détestais ça. Merde, j'avais plus six ans ! Surtout que voilà quoi, c'est pas comme si il était plus âgé que moi, et surtout plus mature. « Finalement, cette journée ne s'annonce pas si pourrie. Et bien le coup de l'infirmière, ou la jupe, dans le genre, je l'a met dans tous ses états. » Je souris en y repensant. J'avais géré, évidemment, comme d'habitude. « Qu'est-ce que tu veux, faire chier c'est dans la famille mec, c'est genre, notre spécialité, tu peux pas test. » On avançait tranquillement lorsqu'un mec carrément mignon qui devait être en première, et que j'avais pécho lors d'une soirée (pour le coup, il était vraiment mignon, donc c'était pas honteux), s'approcha de moi avec un grand sourire. Je lui souris en retour. Merde, c'était quoi son blaze déjà? Jason? Josh? Joseph? Un truc avec J, j'en étais sure. Il s'approcha de moi, en ignorant complètement mon frère pour me faire la bise. « Salut ma belle, alors comme ça, on sèche les cours? » Ca y est, je l'avais baisé, il prenait déjà la confiance. Aha. « Bah écoute je viens de me faire tej.. Si t'as rien à faire, on peut se retrouver plus tard. » J'accompagnais cette charmante question d'un sourire aguicheur, parce que de une, ce petit n'était pas un mauvais coup, et de deux, je savais pertinemment que ça mettrait Nash en rogne.

Le petit J quelque chose venait d'ignorer royalement mon frère, et alors là, ça allait péter, je le savais très bien. Mais d'un autre coté, je trouvais ça terriblement sexy qu'il ose venir direct vers moi et faire comme Nash n'existait pas ..généralement, c'était plutôt difficile d'oublier qu'il était là, donc là, limite j'applaudissais pour l'audace. Je venais très clairement de proposer un petit plan cul bien mignon avec le bonhomme qui semblait carrément pour avant que Nasha n'ouvre sa gueule. « Putain, tu t'es vraiment tapé ce puceau ? Wow. » Oh ta gueule toi! En plus il était de mauvaise foi, je doutais qu'il soit puceau. Il me semblait vaguement que c'était un mec assez tombeur en première, assez "frais" si on veut. Le pauvre ne s'attendait pas à se prendre ça dans la gueule, et tentai même de répondre. « Oh, stop. J'tai pas sonné l'branleur. Et crois-moi, tu ferais mieux de partir, car la prochaine fois que j'te vois, tu t'en rappelleras. » Il en fallait pas plus pour m'exaspérer. Ca m'énervait tellement quand Nash faisait son mec en mode "wesh, je vais te casser la gueule"..bon il l'avait déjà fait, pleins de fois, même, mais bordel parfois il pouvait juste la ferme? Juste une fois. Il en fallait pas plus pour faire flipper le petit, et là pour le coup, j'étais vraiment vénère, parce que je comptais m'occuper un minimum moi pendant ce temps libre. Bien m'occuper, si possible. « Non att..» Mais il s'était déjà barré. Cimer. Dès qu'il fut hors de vue, j'enlevai violemment son bras sur mon épaule et me retournai vers lui, en mode très vénère. « Putain t'es vraiment chiant toi. Non mais sérieux, tu pouvais pas fermer ta gueule? C'était un petit, il est traumatisé, il reviendra plus à cause de tes conneries. Et merde, c'est pas comme si c'était environ la 82198e fois, oh non. » Je m'arrêtai un instant pour reprendre mon souffle, avant de revenir à la charge, en gueulant. « Est-ce que moi je fais fuir tes pétasses? Non, alors fous-moi la paix.» Grosse blague, je mentais complètement. Parce que dès que je pouvais faire foirer un de ses plans cul, je le faisais aussi ahah.

Et aller, c'était reparti pour les engueulades. Non mais en même temps, il était vraiment chiant à la fin. Genre, ça aurait été la première fois, j'aurais rien dit, mais bordel, il me faisait le coup à chaque fois qu'il voyait un mec. Limite j'arriverais plus à me trouver des mecs potables tellement ils auraient tous trop peur de voir Nash' débarquer à tout moment derrière moi pour leur casser la gueule. D'un autre coté, ça pouvait trop arriver, quand lui même n'était pas trop occupé à serrer une meuf. Tout un paradoxe ce gars, je le comprendrais jamais. Non mais le pire, c'est qu'il n'avait pas une once de remords, en mode ouais j'ai pas été cool, je devrais peut-etre m'excuser quand même, ah non non ! Les excuses il connaissait pas. Présenter des excuses à quelqu'un lui écorchait la gueule sérieux. Bon, c'était de famille, mais voilà quoi. Il éclata même carrément de rire. Okay..c'est bien, j'avais l'air très crédible maintenant après ma vieille crise de nerfs hystérique. Cool. « Aller, fais pas la gueule, je t'ai sauvé d'un coup foireux, vois-le comme ça un peu. » Mouais. Mon cul au fond à droite il le voyait comment aussi? Euh..beurk en fait, oubliez ce que je viens de dire, c'était vraiment trop crade. Je préférai garder le silence, sinon j'allais encore gueuler. « Et tu veux que j'te rappelle la blonde d'hier. Tu l'as bien fait chier j'te rappel, bilan, elle s'est barrée, et puis j'ai tous les droits sur toi, c'est comme ça. Faut bien que quelqu'un fasse attention à toi voyons. » La blonde d'hier? Il se foutait de ma gueule? Est-ce qu'il parlait de cette meuf anorexique inutile ? Non mais elle c'était tout à fait différent: pour le coup, elle servait strictement à rien. Encore heureux qu'elle se soit barrée. Je roulai les yeux. « Tu vas pas comparer ce mini-canon qui, objectivement mis à part son âge, est vraiment canon, à cette pute blondasse anorexique? Nan mais toi aussi, si tu mélanges tout, on peut pas parler, c'est irrécupérable..» Le truc, c'est qu'à chaque fois, je répétai ça, comme quoi il avait aucun gout, et qu'il avait un sérieux problème pou choisir ses meufs, mais à chaque fois, je me sentais obligée d'en reparler, alors que c'était un cas désespéré. Ma bonté me perdra. « et puis j'ai tous les droits sur toi, c'est comme ça. Faut bien que quelqu'un fasse attention à toi voyons. » Je souris malgré moi à cette petite déclaration d'amour super voilée. Ca faisait toujours plaisir à entendre..même si j'étais plus en sixième,j'avais plus douze ans. Allo. «Merci mec, mais j'ai grandis au cas où tu l'as pas remarqué. Limite j'suis plus grande que toi!» Bon alors ça c'était des conneries, et il fallait que je me mette sur la pointe des pieds, et encore pour pouvoir lui faire la bise. Alors bon. On continuai à marcher gaiement lorsque je j'eus un éclair de génie, comme d'hab. « Au fait, avec Madge ça va? Genre..vous vous voyez? » J'avais fait glisser la conversation vers Madge, mine de rie, sachant très bien que ça le rendrait mal à l'aise. Bien fait.

Je m'étais haussée sur la pointe des pieds, et Nash était à deux doigts d'exploser de rire tellement j'étais ridicule. J'avais beau essayer la plus grande possible, mon frère me dépassait toujours d'au moins une tête. Encore heureux j'avais envie de dire, imaginez il avait été plus petit que moi, ça aurait pas été crédible, et ce serait juste trop la honte. Tant pour lui que pour moi. Dans ce cas-là, j'aurais pas accepté de marcher à coté de lui en public, désolée. Bref, ce n'était pas le cas de toutes façons. « C'est limite limite alors. Et j'en aie rien à foutre que tu aies grandi, tu te débarrasseras pas de moi, c'est comme ça, prends l'habitude petite. » Je lui tirai la langue comme une grosse gamine. Sans blague! Comme si j'avais pas l'habitude déjà! Depuis ma naissance, il avait toujours eu cette tendance à me surprotéger. Et dès mon plus jeune âge, moi qui étais si indépendante, ça m'avait saoulée. On continua à marcher, à avancer sans aucun but précis, étant donné que nous avions deux heures libres devant nous. Ce que j'aimais glander. Avec Nash, d'autant plus. Puis, chieuse que j'étais, j'avais entamé le sujet qui fâche, j'ai nommé Madge. J'aimais bien voir ce sourire arrogant se figer immédiatement avant de s'éteindre, rien qu'à l'évocation de cette fille. Putain, elle le mettait vraiment dans tous ses états. Rien que pour ça, je la respectais. Un silence s'était installé. « Tu fais chier Blue. » Mes lèvres s'étirèrent en un sourire narquois, et à la fois machiavélique. J'étais vraiment trop bonne bordel! Trop trop trop bonne! J'arrivais enfin à faire taire ce mec, ça relevait du miracle. « On s'est vu y'a pas longtemps au lycée, et ça c'est mal passé ... Enfin, pas mal mal. Mais, putain, c'est compliqué. » Je fronçais les sourcils. Ils s'étaient vus et Madge lui avait même pas raconté?! Elle allait m'entendre celle-là. « Bah j'sais pas raconte. "c'est compliqué", c'bon j'suis pas teubée mec, j'peux comprendre! Aller quoi, sois pas timide!» Je le poussai gentiment pour qu'il soit un peu moins mou. Il pouvait me parler quand même ! « Et puis, occupe toi de tes affaires de blonde un peu, et fout moi la paix. » Je m'arrêtai sur place tandis que mon sourire s'élargit. Il était vraiment en train de péter un câble, c'était trop drôle. Jouissif même. « Fréro, voyons..je prends soin de toi. Falloir s'y habituer et vite, mon grand! » Puis je me rapprochais gentiment pour lui prendre la main. « Nash, sérieux tu peux me parler, sans déconner.» Je voulais qu'il me parle de cette histoire, qui me tenait vraiment à coeur pour le coup.

Il était vraiment dans tous ses états, chose qui arrivait rarement, puisque d'habitude, il réussissait toujours à avoir le contrôle. Je me sentais juste trop puissante c'était génial. Je m'étais comportée comme une petite garce en lui parlant de ça, d'un coup, sans crier gare, sans le prévenir ni quoique ce soit. Mais justement, c'était ça qui était drole, il était totalement déstabilisé. Héhé. « Hilarant » avait-il murmuré. Oh ça vaaa, fallait pas qu'il se vexe comme ça. De toutes façons, avec lui c'était toujours la même chose: quand il s'agissait de faire chier les autres, il répondait toujours présent, mais dès que c'était lui, il devenait super susceptible et emmerdant. Puis, me rendant compte que vraiment, cette histoire le rendait nerveux, je m'étais adoucie, parce que merde, c'était mon jumeau, et je l'aimais plus que tout. Ca faisait peut-etre cliché et niais, mais quand il était mal, je me sentais triste aussi. C'était bizarre, mais bon, ça marchait comme ça depuis qu'on était tout petits. Je lui avais donc pris la main tout en me rapprochant de lui, et lui me la serra tendrement. « Elle a voulu que j'lui dise c'que pensais et j'l'ai fait. » Oh oh oh! Je voyais parfaitement la situation. Il s'était engueulé en gros ? Non parce que l'avis de Nash sur cette histoire était clair, du moins c'était ce qu'il voulait montrer: Madge l'avait trompé, et à partir de là, il ne la pardonnerait jamais. Ce que je le comprenais. Mais d'un autre coté, je savais à quel point elle s'en voulait, et je savais aussi qu'ils étaient fous l'un de l'autre, alors merde quoi. Déjà que Madge était la seule personne que j'acceptais de voir tourner autour de mon frère, alors autant foncer, faites pas chier! Je posai doucement ma tête contre son torse puis dis: « Et ça s'est fini comment au final? J'veux dire, tu t'es énervé? » J'attendis quelques instants avant de murmurer, plus pour moi que pour lui. « C'est vraiment trop con.»

Ce genre de petits gestes étaient rares entre nous, ces moments calmes, de répit, mais pourtant ils existaient bien, et ça faisait vraiment du bien parfois. C'était comme ça qu'on se communiquait notre affection. Certains se disaient "je t'aime," nous, ce mot, dans la famille en général, on le connaissait pas. Je me demande si il a jamais été prononcé dans cette maison. Dans tous les cas, surement pas par nos parents, vu que d'une, ils étaient jamais là, et de deux, ils se foutaient totalement de nous.
Nashad m'enferma de ses bras, et ainsi, je me sentais protégée de tout. Je savais très bien qu'on avait l'air d'un couple, et souvent, les gens qui ne nous connaissaient pas pensaient qu'on en était un, alors forcément, nous, ça nous faisait trop rire comme situation. Et parfois même, on en jouait, avant d'avouer qu'on était jumeaux. Les gens hallucinaient souvent en l'apprenant. « Oui, elle m'a poussé à bout, j'ai péter mon câble, elle m'a giflé et puis, c'est la merde bordel. » Oh putain. J'avais fermé les yeux pour réfléchir à la puissance V. Elle l'avait giflé quand même! Il avait encore du se comporter en connard, comme d'habitude quoi.. « Putain oui ... Ah, et elle m'a embrassé aussi. » Je rouvris automatiquement les yeux à cette nouvelle pour le moins..surprenant. Bordel, il aurait pu me le dire plus tôt! C'était le genre de nouvelles capitales qui m'importaient au plus au point! Et lui, il me disait comme ça, en passant, comme si de rien n'était. Je tournai la tête vers et lui fis un grand sourire tout en disant: «Et bah voilà..» J'allais rajouter autre chose lorsqu'il me coupa net dans mon élan. « Mais t'excite pas, j'me suis barré comme un con, comme d'hab' quoi. » Mon sourire s'effaça aussitôt. Non, c'était pas possible, il le faisait exprès putain de merde. Pourquoi, il devait toujours TOUT faire foirer? POURQUOI? Je le poussai aussi violemment que je pu pour lui faire comprendre à quel point il me saoulait avec ce genre de comportement débile. «Putain c'est pas possible!Mais mec tu le fais exprès ! Vous auriez pu vous remettre ensemble, là ! Vous vous etes dits les choses en face, enfin d'après ce que j'ai compris, et puis toi, vu que t'es pas capable d'assumer quoique ce soit, tut te barres comme un gros salopard! » Mon débit sonore s'était élevé peu à peu, mais pour le coup, j'en avais rien à battre. Nash m'énervait vraiment là, j'avais envie de le taper. Ouais, on pouvait passer d'une situation de tendresse absolue à une situation assez violente en l'espace de quelques secondes. La classe à la Hastings quoi. «Tu fais vraiment chier. Vous êtes genre..faits l'un pour l'autre, vous vous aimez comme pas possible, et me dis pas le contraire sinon je te fous une baffe. Je comprends pas pourquoi t'enchaines toutes ces conneries. » 

Je m'étais énervée d'un coup, suite aux paroles de mon frère. Il avait le don de m'être hors de moi. Déjà que c'était pas difficile, mais alors lui,parfois..il me rendait vraiment folle avec toutes ses conneries! Il s'était mis à marcher, son visage s'était fermé et je l'avais suivis. J'étais sure qu'il ne serait pas insensible à ce que je lui avais dit, et il avait raison. J'étais un peu la parole divine quoi. « Parce que j'suis un gros connard Blueberry. » Il avait dit ça d'un air super sérieux qui me fit presque flipper, et puis en plus il m'avait appelée par mon prénom, ce qui me fit doublement peur. Il m'appelait par mon prénom complet que pour les choses assez graves, puisque généralement, tout le monde m'appelait Blue, et c'était très bien comme ça. Je n'avais rien dit, mais je l'avais fixé, attendant qu'il poursuive sa pensée. « Ca serait tellement facile qu'on se remette ensemble, trop facile, j'ai pas envie de le revivre, j'te contredis pas sur c'que t'as dit, c'est vrai. » Il était mal et ça se voyait. Pendant une fraction de secondes, je regrettai d'avoir mis le sujet sur le tapis. Puis je me ressaisis. Non, il avait plus quatre ans, il fallait qu'il assume sa vie. Je me rapprochai de lui une nouvelle fois. «Donne lui une deuxième chance Nash. Je sais qu'elle regrette tout ce qu'elle a fait..elle sera sincère cette fois. Enfin j'sais pas, mais essayez, maintenant t'as plus rien à perdre..» Et en plus j'avais raison: il l'aimait vraiment, il venait de me l'avouer de manière implicite certes, mais il l'aimait. Qu'est-ce que le peuple demandait de plus? « Ca serait trop de doute, j'aurai trop peur, j'sais pas si c'est mieux c'qu'on fait maintenant, mais j'vois pas ce que j'peux faire. Bref. » Il se foutait de ma gueule ou quoi? Et puis son "bref" il pouvait se le mettre dans le cul! On parlait d'un sujet important là! Certes, ça le mettait totalement mal à l'aise, mais j'en avais rien à foutre! Si il pouvait pas en parler franchement à sa soeur, à qui il pouvait le faire?! «Nan nan, je t'arrête tout de suite. C'est toi qui as les cartes en main, alors s'il te plait fais pas n'importe quoi. C'est toi qui peux décider, alors me dis pas " je vois pas c'que je peux faire"! Je comprends que t'ai peur mais.. mais honnêtement, tu crois que cette situation va durer éternellement? Tu crois que ça va vous suffire à tous les deux ? C'est vrai que c'est tellement intelligent de se rendre jaloux, bravo..! » Je m'arretai une seconde, pour reprendre mon souffle et pour lui laisser digérer ces dernières paroles qui n'étaient pas faciles à entendre. « Oh et puis demmerdez vous. Restez comme ça, vous me faites chier. » 

J'avais l'impression d'être sa mère qui venait de le suprendre en train de fumer pour la première fois, à l'engueuler comme ça. Mais bon, parfois, il avait un comportement tellement bizarre que j'arrivais pas à le comprendre et je commençais à croire que c'était un salopard jusqu'au bout. Alors que non. C'était pas le cas: mon frère, je le connaissais, et toutes ces conneries c'était juste pour se donner un genre de beau gosse qui peut se taper toutes les filles et les jeter ensuite, mais dans le fond, il était adorable, et prenait vraiment soin des gens qu'il aimait. Et là où résidait tout le paradoxe, c'était qu'il aimait Madge alors fallait qu'il fasse un minimum attention à elle putain! « Et merde hein, une conscience à ça m'suffit largement. » Sans blague, déconne pas! Comme si ça m'amusait moi de jouer les mères Thérésa! Bon okay, j'aimais bien donner des leçons aux gens, c'est vrai, j'avais l'impression d'être supérieure à eux etc, mais à Nash j'aimais pas trop. Comme si il devait être parfait naturellement en fait. Bref, c'était assez compliqué comme histoire. Puis je m'étais trahie à la fin, et évidemment Nashad avait relevé. Merde! Il devait pas savoir que j'en parlais à Madge environ tous les soirs! Il allait pas me lâcher, ça y est. « Mais attends, pourquoi tu t'y accroches autant ?! Tu lui as parlé récemment ... Blue, tu lui as parlé et t'as rien dit ? » Je commençais un peu à en avoir marre d'entendre "mais pourquoi tu veux tellement qu'on soit ensemble Blue? ", enfin je sais pas, est-ce qu'il devait y avoir une raison à tout bordel de merde? Et puis j'étais quand même pas obligée de me justifier sur tout ce que je disais, c'était pas possible ça. «Euh..ouais. Enfin, on se parle vite fait parfois, ouais.» Il commençait à s'échauffer parce que je ne lui faisais pas de compte rendu tous les soirs après chaque conversation, c'était parti. « Enfin, tout ça pour dire que vous etes ridicules tous les deux. Vous êtes juste en train de perdre votre temps tous les deux, c'est dommage.» J'avais un peu l'impression d'avoir 89 ans, et j'avais hésité à ajouter un "ah les jeunes!". «Sérieux, tu seras tellement dégouté si ..elle part ou genre si elle se trouve un autre mec. Avoue. » Chiante jusqu'au bout, yes!

J'avais pas été très sympa avec lui, juste très très chiante et j'en avais conscience. Surtout que bon, si j'avais été à sa place, ça m'aurait bien saoulée que lui décortique à ce point la relation. Alors je lui avais demandé ce qu'il penserait si Madge se trouvait un copain..autre que lui évidemment. En pleine gueule, ça faisait un peu mal, c'est vrai. « Ouai, j'serai plus que dégouté, du coup j'ferai encore plus chier mon monde, car oui, c'est possible. » Le bon coté des choses, c'est qu'il avouait qu'il serait dégouté, le mauvais, c'est qu'il en avait marre de parler de ça, et ça se voyait au ton de sa voix. Okay, okay..changeons de sujet. De toutes façons, il était hors de question qu'on en reste là, et il savait très bien que je reviendrais à la charge un jour ou l'autre. Peut-etre pas aujourd'hui mais..demain ou un autre jour. J'allais pas le laisser tranquille, oh non. « Au pire, j'termine comme le père, à fumer des cigare se m'taper des putes hein. C'est une vie comme les autres. » Il rit, et je ne pus m'empêcher de lâcher un rire à mon tour. Putain nos parents c'était vraiment..des gens pas normaux. On s'y était habitués au fil du temps, même si parfois, j'aurais bien aimé avoir des parents comme les autres, qui soient un minimum présents, et qui nous engueulent même. J'imaginais Nash plus tard: il était tellement mieux que papa, je le laisserais jamais devenir comme notre paternel, il valait beaucoup plus. Je souris néanmoins. «Ouais, et moi je fais comme maman: je couche avec tous les jeunes que je vois dans la rue et qui me trouvent assez bonne. Le rêve. » C'était ironique. On continuai à avancer lorsque la sonnerie retentit: merde, ça faisait déjà une heure qu'on était là? Je regardai ma montre: fais chier, j'avais cours de littérature étrangère, et Nash je savais pas ce qu'il avait, mais il était pas dans mon cours malheureusement. J'aurais bien aimé rester avec lui, mais bon. Je lui fis une petite tape sur l'épaule. «Nos chemins s'arrêtent là, mec ! J'ai littérature étrangère, t'as quoi toi? » Je lui fis une bise sur la joue. «Essaie de pas trop penser à moi, même si je suis un peu indispensable à ta vie! »