« Tu n'as pas quelque chose à me raconter par hasard ? » me lança ma meilleure amie alors que je venais à peine de lui ouvrir. Je vins froncer automatiquement les sourcils, ne comprenant pas à quoi elle faisait allusion à travers cette phrase. « Quoi ? Qu'est-ce que tu me racontes ? Non, j'ai rien à raconter de palpitant en fait. » Dans l'immédiat il ne me semblait pas avoir omis le fait de lui raconter quelque chose d'important à mon sujet, mais je devais très probablement me planter vu qu'elle avait carrément effectué le déplacement jusqu'ici, abandonnant son quartier riche le temps de quelques heures. Bien que mon amitié pour Skye n'avait aucune limite, j'avais toujours énormément de mal à la recevoir à mon domicile, honteuse de mes moyens et de l'endroit dans lequel j'habitais. Ma meilleure amie était également mon opposée, elle avait le privilège de domicilier dans le richissime quartier de Sea Village tandis que pour ma part j'habitais dans l'endroit le plus craignos d'oceanside, celui où il était préférable de baisser les yeux et de raser les murs, ce que je faisais bien que ma couleur de peau pouvait jouer en ma faveur dans ce misérable quartier. Je savais qu'elle ne se permettait pas d'effectuer le moindre jugement sur mes faibles moyens et ma qualité de vie, mais je restais tout de même assez mal à l'aise vis-à-vis de nos modes de vie incomparable. Psychologiquement parlant, nous n'avions pas grand-chose en commun non plus, je semblais vieux jeu et un brin trop mature tandis qu'elle n'avait aucun mal à enchainer les soirées et les excès. Nous n'avions rien en commun, mais nos différences ne nous avaient en aucun cas empêchées de créer cette amitié extraordinaire et c'était le principal. « Sinon, bonjour quand même » Lançais-je en levant les yeux au ciel histoire de la taquiner pour finalement me re-concentrer vers mon amie, reprenant la parole une nouvelle fois : « Bon, explique ce que tu sais et que je n'ai pas pensé à te raconter parce que ça m'intrigue assez. » Je croise les bras, impatiente de savoir ce qu'elle allait me dire, même si je ne savais strictement pas à quoi m'attendre de sa part. Cela pouvait être anodin tout comme relativement important, j'avais tendance à opter inconsciemment vers la deuxième hypothèse bien qu'à ma connaissance, je ne lui cachais pourtant rien ou du moins, rien qu'elle n'aurait pu découvrir d'elle-même.

« Alors, tu me laisses rentrer, ou tu me laisses poiroter ici, encore longtemps ? » Je reconnais bien ma meilleure à ce moment, elle ne m'avait pas rendu les salutations et je savais pertinemment qu'elle l'avait fait exprès, histoire de répondre à ma taquinerie précédente. « Je ne sais pas, attends je réfléchis... » Le sourire aux lèvres, je venais de m'adosser à ma porte d'entrée au même moment où je venais de prononcer ces mots. Après quelques secondes de soi-disant réflexion quant à la question qu'elle venait de me poser, je finis par répliquer : « Depuis quand tu as besoin de mon accord pour rentrer ? » J'ouvris grand la porte, l'invitant donc à ne pas rester sur le palier. Je n'avais pas besoin de lui préciser de faire comme chez elle, elle le savait déjà. Je finis par me tourner vers mon amie, toujours aussi intriguée par le fait qu'elle semblait vouloir entamer une conversation plutôt sérieuse avec moi. « Donc ? Dis-moi ce que j'ai à te raconter de si fabuleux et que je n'aurai pas pensé à faire. » Je n'avais strictement aucune idée de la conversation qu'elle allait vouloir entretenir avec moi, mais cela ne devait pas être quelque chose de grave étant donné qu'elle semblait de bonne humeur et surtout, car je ne lui avais rien caché, ou du moins, rien ne me venait à l'esprit immédiatement. Il faut dire aussi, que je ne m'attendais pas réellement à sa venue et que j'étais alors, quelque peu prise au dépourvu, non pas car je n'étais pas contente de la voir, mais plutôt car je ne voyais pas à quoi elle faisait allusion lorsqu'elle m'avait demandé si je n'avais pas quelque chose à lui raconter, le tout sur un ton de voix exprimant très clairement le fait qu'elle était au courant de quelque chose. Je ne la quittais pas des yeux, elle avait réellement suscitée ma curiosité et j'étais prête à l'écouter d'une oreille tout particulièrement attentive. Je savais être patiente, mais pas lorsque le sujet me concernait plus ou moins.

« Humm, bonne question, je dirais que depuis maintenant. » J’appréciais la taquinerie qui pouvait parfois s’installer entre nous, mais d’une manière plus globale, je pouvais dire que j’appréciais tout de notre relation, elle était ma meilleure amie après tout. Mon regard toujours en sa direction, je vins froncer les sourcils en la voyant afficher un large sourire qui m’intriguait assez. « Alors ta même pas une petite idée ? Même pas une minuscule ? Mais bref, si tu le sais réellement pas, alors, si tu je te disais Mushu ? » Le prénom me bloque et je me mets à rire nerveusement comme une pauvre idiote, il faut dire que j’étais plutôt prise au dépourvue et que j’étais bien loin de me douter qu’elle allait évoquer ce sujet. Bien évidemment, je me dois d’avouer que ce n’est guère mon genre de parler de ça et je m’étais donc omise d’en parler à Skye. Je passe ma main derrière ma nuque, assez gênée et ne sachant pas réellement quoi lui raconter. Quoi qu’il en soit, il était sûr qu’elle se doutait que mes sentiments envers Mushu étaient bien plus intenses et important que ce que je pouvais laisser croire et dire, cependant, je préférais tout de même nier. « Bah quoi ? C’est un ami, tu t’imagines quoi ? » J’étais finalement parvenue à me ressaisir, voulant ne rien laisser paraitre. J’avais toujours été très discrète sur ce genre de sujet, notamment car il faut dire que cela était tout nouveau pour moi. Mais je n’aimais pas parler de ça, peut-être par protection, je ne savais pas moi-même pour être honnête. Bien que déstabilisée, je n’en restais pas moins souriante même si je savais qu’il allait très probablement falloir que je fasse un effort pour expliquer la situation à ma meilleure amie. Mushu était quelqu’un que j’appréciais, je pouvais d’ailleurs le considérer comme étant une personne proche de moi, mais à mes yeux, il y avait bien plus. J’appréciais sa compagnie et sa facilité à me mettre à l’aise, j’étais réellement moi. Je ne peux pas dire que je suis amoureuse, ce terme n’est pas à prendre à la légère, mais j’étais en tous cas, fortement imprégnée.