Nothing is impossible, you know.

 

Appuyé contre des casiers avec des potes à discuter gonzesses, une retient mon attention. Soudain je suis ailleurs, mes pensées divaguent et je perds le fil de la conversation. L'un d'entre eux est même obligé de me donner une tapette sur l'épaule pour me faire revenir à la réalité. « Donc hum .. oui tu disais, tu l'as prise par derrière et .. ? » « Tu n'as rien écouté mon vieux, là j'te parle de ma mère qui se casse, donc ça veut dire soirée les mecs .. ». Encore une. Pas que j'en ai marre des soirées, mais sans nanas, c'est un peu la loose. Ou plutôt dirais-je sans LA nana. Par la faute de celle-ci et parce qu'elle vient de me passer sous le nez, je n'ai plus qu'elle en tête. Cherchant à nouveau son regard dans les couloirs, sa fine silhouette se faufile vers les toilettes pour dames. Ni une, ni deux, j'abandonne mes potes et je la suis. Bloquant la porte pour laisser sortir des demoiselles qui me dévisagent du regard, je ne m'en préoccupe pas et pénètre tout de même dans la petite pièce. Personne au niveau des lavabos, je présume donc qu'elle est dans un des cabinets à la porte close. D'ailleurs, il n'y en a qu'une. Ça me rassure, il n'y aura qu'elle et moi, comme je l'espérais. Du coup j'en profite qu'elle soit encore occupée pour bloquer la porte avec la poubelle. Je ne voudrais que d'autres filles se joignent à nous, car ce que j'ai en tête, c'est d'être seul avec elle. J'entends la chasse d'eau et je la vois sortir. Elle est surprise de voir. Je comprends, je suis en territoire ennemi, dans les toilettes des filles. Mais je ne perds pas la face et je vais au bout de mes idées. Dangereusement, je me rapproche d'elle. Un furtif baise volé sur ses lèvres et je recule, sauf que je reste assez proche pour pouvoir lui caresser la joue du bout de mes doigts. Avec une confiance sans faille, je me lance en étant cash et direct. « Tu vas au bal ? ». Je ne lui ai pas proposé d'y aller avec, donc d'être ma cavalière. Mais qui sait ... .

Nothing is impossible, you know.

 

Je ne la harcèle pas. Elle m'obsède. C'est différent. Je n'arrive pas à l'oublier, à passer à autre chose, car de toute évidence je n'obtiendrais jamais ce que je désire d'elle. Bien que l'inaccessible rend les choses intéressantes, au bout d'un certain temps je risque de me lasser à force de me faire rembarrer. Ça ne m'empêche pas d'essayer encore et encore. De tenter de me retrouver en tête à tête avec elle. De la mettre au pied du mur. J'aime ce jeu qu'il y a entre nous. Un jeu de séduction qui va pour le moment dans un sens. Mais un jour j'ai la certitude qu'elle va craquer. Je suis assez confiant de ce côté-là. On ne peut pas nier qu'il y a une forte attirance, qu'elle vienne de moi ou d'elle. Il y a un truc. C'est indéniable. Et ce truc, je veux l'exploiter. Avant elle, je n'ai jamais été aussi persévérant. Au bout du dixième rejets, même avant, j'aurais abandonné l'affaire pour trouver mieux ailleurs. Mais elle, je n'arrive pas à décrocher. C'est inexplicable. Moi-même je n'y comprends rien. Parfois je me demande à quoi je joue. Car je me tue à lui plaire, à lui faire des avances, à la provoquer sans cesse. Comme ici où je lui vole un baisé avant d'engager la conversation. Je savais qu'elle serait perturbée de cette intrusion en territoire ennemi. « Pourquoi, ça changerait quelque chose que j'y aille ou pas ? » . Tout. La soirée serait que meilleure, voir unique, avec sa présence. Sans elle, je ne poserais même pas un pied là-bas. Mais ça, je vais éviter de lui en faire part et le garder pour moi. Ne jamais dévoiler sa dépendance, c'est comme une faiblesse. Et elle, c'est ma plus grande faiblesse. Je continue de la fixer. Elle se recule bien évidemment de moi, se collant au lavabo . Sauf que je fais un nouveau pas en avant, ainsi je réduis l'écart qu'il y avait entre nous, encore une fois. « Tu as raison, ça ne changerait rien ... ». Je soupire, l'air « je m'en fous finalement ». Et pour rester dans le rôle, je retrouve mon sourire bête et innocent, avant de lui balancer. « Par contre ce qu'on peut se faire c'est toi, moi, un pieu et je suis sûr qu'à nous deux on rendra ça plus amusement que ce stupide bal ... ». Il ne me manque plus que l'auréole au-dessus de ma tête pour faire de moi le parfait petit ange. Pour accompagner mes dires, je me permets de lui effleurer la joue du bout de mes doigts. Malheureusement pour moi, je connais déjà la réponse à ma demande. Du coup je décide de prendre les devants. Mains autour de sa taille, je les fais lentement glisser en dessous de ses fesses. Lèvres proche des siennes, je les frôle. Je laisse ainsi durer la tension qu'il y a. D'une voix douce, calme, mais sensuelle, je lui chuchote à l'oreille. « Ou on peut faire ça ici .. ». Sourire narquois, je m'éloigne, mais pas trop. J'attends sa réaction. Même si je me doute qu'elle va me rembarrer, encore une fois.