Dale & Drizzle. AND I DON'T KNOW WHY I KEEP THINKING.

Après un entrainement de Lacrosse intense, vous aviez décidé de vous poser sur la plage, toi et quelques filles de l’équipe pour vous détendre en cette fin d’après-midi du vendredi. Pier view south n’était pas réputé pour être un endroit trop fréquenté et vous pensiez être ainsi tranquilles pour finir cette journée doucement. En ce moment, tu avais surtout l’impression de courir un peu partout entre les cours, les entrainements, ta sœur qu’il fallait gérer et ton père encore chez vous. Les relations n’étant d’ailleurs pas au beau fixe depuis le dernier repas en date avec les Freeman, l’ambiance était plutôt tendue entre vous. Même encore des jours après, tu avais du mal à croire à la façon dont la situation avait changé en si peu de temps. Ton père qui n’entendait plus que par Dale, t’avait depuis ce désastreux diner où le brun était subitement devenu lui-même, presque interdit de le revoir. Tu n’avais plus entendu parler de lui depuis. Peut-être aurais-tu du te sentir libérée, savoir que l’on ne t’obligeait plus à le fréquenter. Les premiers jours d’ailleurs, c’était bien ce que tu avais ressenti. Mais depuis un moment c’était différent, tu n’aurais su dire en quoi. Parce que tu ne le voyais plus. Sensation difficile à expliquer et surtout à avouer mais tu finissais par croire qu’il te manquait, dans un sens. Au loin, un jeune homme entamait la descente vers la mer, sa planche de surf sous le bras et pendant un moment tu l’observas glisser sur les vagues avec facilité. Sentant que l’on t’adressait la parole, tu détournas finalement le regard pour répondre, avant de laisser tes yeux divaguer de nouveau le long de la plage. Remontant jusqu’à sa serviette, tu suivis son ascension du regard avant de soudainement le reconnaitre. Tu restas interdite, immobile de longues secondes avant que l’on te demande si t’avais vu la vierge. Fine remarque. Plissant les yeux, tu essayas de le détailler, tenter peut-être de te dire que tu te faisais des films, mais non c’était bien Dale Freeman. Seul. Tu ne savais pas quoi faire. Peut-être aurais-tu du l’ignorer, faire comme si tu ne l’avais pas aperçu. Sauf que tu sais que tu ne pourrais t’empêcher d’aller le voir. C’était bien plus fort que toi. Depuis cette fameuse nuit du Homecoming où vous vous étiez en quelque sorte confié l’un à l’autre, tu en arrivais à le considérer différemment. En vérité, tu avais une part de toi qui semblait s'attacher. Et ça, ça te faisait toujours autant flipper. Mais parfois, tu n’y pouvais rien, malheureusement. Pendant une longue minute tu hésitas, puis tu attrapas finalement ton t-shirt, que tu passas au-dessus de ton maillot. « Qu’est-ce que tu fais, on va bientôt partir ! » « Je reviens. » Tu essuyas des regards interrogateurs avant de marcher dans le sable jusqu’à lui. Il semblait même bien trop loin de votre groupe. A sa hauteur, il te tournait le dos. Tu t’en voulais un peu d’être là, comme ça, alors que depuis le début, tu disais ne plus vouloir avoir à être obligé par vos parents de le fréquenter. Mais au fond, c'était bien autre chose. « Les vagues sont bonnes ? » Lanças-tu de façon nonchalante, pour signaler ta présence.

La satisfaction d'avoir fait quelque chose de bien n'était pas aussi intense que l'excitation de faire quelque chose de mal. Je m'en rendais compte maintenant que j'avais plus ou moins rendu service à Drizzle Burrows en la libérant des chaînes de son père qui voulait à tout prix nous voir ensemble, heureux et en couple. Malheureusement pour lui j'avais décidé de faire le con et de ne faire aucun effort de présentation. J'étais venu comme j'étais, comme mes parents détestaient me voir, un véritable branleur arrogant. J'avais fait preuve de vulgarité, d'un menfoutisme scandaleux.. J'avais sans doute fait la honte de mes parents à ce moment là, ils étaient au moins aussi honteux que Mr Burrows était outré et indigné d'avoir laissé sa fille entre les mains d'un type comme moi. Le diner s'était fini rapidement et je ne m'attendais pas à entendre à nouveau parler des Burrows avant un très long moment.
Drizzle avait eu ce qu'elle voulait. Je n'expliquais pas vraiment ce geste mais je n'avais pas envie qu'elle soit contrainte à me voir, nous avions passé un moment spontannée ensemble, sans que personne ne nous dise quoi faire, et ça avait été une bonne expérience, je préférais donc que dorénavant, nous nous voyions dans ces mêmes termes. De façon consentantes. Sinon, autant ne pas se voir du tout.
Bref, après les cours j'avais l'habitude d'aller à Pier View South en voiture, c'était un très bon spot de surf et dieu sait comme j'adorais surfer. Puisque je ne pratiquais aucune activité extrascolaire, j'allais directement surfer après les cours. J'y étais souvent pendant des heures et je ne rentrais que le soir lorsque la nuit commençait à tomber. J'étais très bien là. Personne n'était là pour m'embêter. Enfin presque. Après un moment à m'éclater sur les vagues je décidais de retourner à ma serviette pour boire un peu d'eau fraîche et minérale. Je sortais de mon east pack une bouteille d'eau et en buvais une longue gorgée avant de la remettre dans le sac à l'abri du soleil. Je restais ainsi debout pendant un petit moment à observer devant moi les vagues qui arrivaient, me demandant si je me jetais à l'eau une nouvelle fois ou non lorsque la voix de Drizzle Burrows me sortit de mes songes. Et elle était bien la dernière que je pensais entendre aujourd'hui. Je me tournais lentement vers elle en logeant ma main dans mes cheveux, me grattant l'arrière du crâne. Je la regardais un instant avant d'esquisser un fin sourire. Elle était là, en t-shirt, juste devant moi. « Extra. » répondis-je sur le même ton nonchalant qu'elle. Se demandait-elle pourquoi j'avais agis ainsi pendant le diner ? Elle devait être ravie en tout cas. « Je crois que tu devrais faire attention.. Ton père veut plus trop que tu me fréquentes à présent. » je pinçais les lèvres avant de m'être ma main en visière sur mon front pour la voir mieux. « Tu m'as l'air d'aller bien. C'est le cas ? »

Tu n’avais pas compris pourquoi il avait agi de cette façon au dernier diner Burrows-Freeman. Lui qui avait l’habitude de jouer le bon gendre devant ton père, avait subitement décidé de changer la donne, te laissant profondément perplexe pendant tout le repas. Tu n’avais même pas quoi su faire, quoi dire à ton père après ça et n’avais même pas demandé d’explications plus poussées à Dale. Vous ne vous étiez d’ailleurs pas reparlés depuis ce soir-là. Peut-être n’attendait-il aucunes nouvelles, car après tout, s’il avait fait ça, c’était bien pour se débarrasser de l’emprise que vos parents avaient sur votre « relation ». Sinon quelles autres justifications pourrais-tu donner à ce qu’il s’était passé ? Sauf que finalement, t’en portais-tu mieux ? Tu ne pouvais nier que cela t’avait libérer d’un poids, ne plus entendre parler de toute cette mascarade à chaque fois que ton père et toi vous croisez. Seulement, plus les jours passaient, plus c’était différent. Comme si tu avais envie de le revoir. Chose d’autant plus étrange qu’au tout début, tu ne cherchais qu’à le fuir à tout prix. Alors, lorsque tu l’aperçus plus loin sur cette même plage, tu avais hésité un moment, puis tu t’étais finalement levée pour venir le rejoindre sous les questions de tes amies. C’était plus fort que toi vraisemblablement. Tu signalas ta présence avec une question presque banale avant qu’il n’enchaine directement sur le sujet presque fâcheux. « Je crois que tu devrais faire attention.. Ton père veut plus trop que tu me fréquentes à présent. » C’était vrai. Ton père t’avait bien dit de ne pas continuer à le voir. Peut-être avait-il si peur que tu finisses comme lui, ou avec lui sans se soucier de ce qu’il pouvait en dire ou pas. « Tu m'as l'air d'aller bien. C'est le cas ? » Tu lui adressas un léger sourire. Bien, n’était pas le mot. Disons qu’en ce moment, beaucoup de choses te tourmentaient, plus qu’à l’habitude, mais tu te contentas d’acquiescer, continuant de le fixer autant que l’éclat du soleil pouvait te le permettre. C’était bien la première fois que tu l’entendais t’adresser ce genre de question. A savoir si c’était plus par politesse ou si cela l’intéressait réellement. Tu hausses un peu les épaules décidant cependant de ne pas t'éterniser sur tes états d'âme. « C’est le cas. Et toi, tu vas bien depuis ? » Tu t’éclaircis alors la gorge, décidant finalement de lui répondre à propos de ton père et ainsi lui poser cette question qui te brûle les lèvres. « Ouais, je sais. C’est assez tendu avec lui depuis.. le dernier dîner. Il m’a plus ou moins interdit de te reparler. Mais enfin, je ne suis pas certaine que si j’ai envie de te revoir ce sera lui qui m’en empêchera vraiment..Je crois qu’il ne comprend juste pas pourquoi tu as changé de comportement comme ça.. Et moi non plus je dois t’avouer. » Tu marquas une longue pause durant laquelle tu te raprochas un peu. Tu te rendais compte que t'étais plus ou moins en train de lui dire que tu n'étais pas contre le fait de le revoir, hm. « Pourquoi est-ce que tu as fait ça Dale ? »

Drizzle, derrière son côté très fière et mystérieuse, était en fait une véritable pipelette. Je ne sais pas si elle n'était comme ça qu'avec moi, mais plus je la connaissais, plus ses longs discours ne m'étonnaient plus. Elle était capable de se lancer pendant de très longues minutes sur un sujet, déballé le pour, le contre, un véritable monologue. Elle avait raison, sans doute savait elle qu'elle ne trouverait pas en moins un interlocuteur à la hauteur de ses espérances. Je n'étais pas très doué lorsqu'il s'agissait de parler. Je pouvais me montrer éloquent lorsque j'en avais envie, lorsque le sujet m'intéressait vraiment ou lorsque j'étais en société, entouré de personnes de mon niveau dont il fallait que je me démarque. Mais Drizzle ne m'impressionnait pas, et si elle commençait tout juste à m'intéresser par les points que nous avions finalement en commun, j'avais fait le nécessaire pour m'éloigner d'elle. Non pas par pur égoïsme car je ne voulais plus la voir, mais véritablement car je voulais qu'elle décide de me voir ou non. Et elle venait de le faire. J'étais flatté d'une certaine façon. Elle revenait vers moi. Mais bon. Elle me demandait des explications. Je l'écoutais distraitement, me perdant plus ou moins à la moitié de son discours, je plongeais mon regard dans le sien et l'observais discuter. Parce que malgré ce que j'avais fait et qui la repoussait de moi, je la trouvais toujours aussi belle et attirante. Elle m'informa que son père n'avait pas compris mon comportement et je haussais les épaules, peu atteint par les états d'âme de Mr Burrows. Il ne comprenait pas ? Ca me faisait une belle jambe tiens. Elle enchaîna. Elle ne comprenait pas non plus. Je laissais aller mon agacement face à la situation, je soupirais, gonflant les joues, une main sur la nuque; alors qu'elle me demandait pourquoi est-ce que j'avais fait ça. Dale. Je regardais ailleurs un instant, réfléchissant à la question qui convenait le mieux, avant de planter à nouveau mon regard dans celui de la jolie Drizzle Burrows « Parce que ça me gavait de te voir dans ces conditions. T'étais oppressée par ton père. Alors maintenant il sait, et tu peux retourner draguer tous les petits merdeux d'Oceanside, il les trouvera tous mieux que moi. Tout le monde est content. » je tentais d'avoir l'air convaincu par ce que je disais et je m'installais sur ma serviette. « Et puis je pouvais même pas te baiser alors qu'est-ce que j'y gagnais à continuer de te voir ? Rien du tout. » je marquais un blanc avant d'ajouter « Est-ce que t'es plus heureuse maintenant ? »

Les réactions et paroles de Dale étaient toutes plus ou moins inattendues les unes que les autres. Tu ne savais jamais vraiment comment il allait réagir à ce que tu disais, certains de tes gestes. Difficile à anticiper. Tu croyais t’y être fait, avec le temps que tu avais finalement passé avec lui mais aujourd’hui certains de ses mots étaient difficiles à encaisser. Tu ne t’étais pas levée pour régler des comptes mais il avait fallu que tu saches ce qui avait alors traversé son esprit pour avoir réagi de cette manière durant le dernier diner. Tu lui avouais ne pas comprendre. Quels motifs avait-il pu avoir pour changer d’attitude. Ton père avait eu du mal à le croire, pensant depuis le début que Dale devait être bien sous tous rapports pour sa fille. Résultat, depuis, il ne voulait plus que tu l’approches. Mais en définitive, ce n’est pas lui qui t’empêcherait de le revoir. Et peut-être était-ce ce que tu voulais. Tu soutins alors son regard, attendant qu’il te réponde, pas très emballé par cette conversation certainement à la façon dont il soufflait, mais au moins tu serais fixée. Bel et bien. Mais tu n’aurais pas cru que ses paroles étaient difficiles à entendre. Tu essayais de ne pas le montrer. Qu’il te voit de cette façon. Bonne qu’à baiser et encore, quand tu lui laissais le loisir de le faire. Voilà pourquoi ça te faisait peur en un sens de rester avec lui, de t’attacher. Il s’assit sur sa serviette, n’ayant pas l’air plus affecté que cela par la conversation. L’idée de le planter là, repartir te traversa l’esprit le temps d’une seconde. Parce qu’il avait été clair. Mais tu restais immobile, face à lui. « Est-ce que t'es plus heureuse maintenant ? » Tu fronças les sourcils, l’air de lui demander si c’était une blague. Qu’il continuait à te poser ce genre de questions alors qu’il venait seulement de te dire qu’il ne gagnait rien à te revoir au fond. « Honnêtement, j’en sais rien. » Tu soufflas marquant une pause, profitant pour regarder la mer derrière lui. T’avais envie de t’énerver et à l’extrême lui claquer ta main sur la joue mais tu te contrôles. Parce que tu sais pertinemment que ça ne changerait rien. Tu t'impressionnes même de ne pas partir au quart de tour comme tu le fais si souvent. « J’aurais pu choisir de ne pas venir te parler. Mais j’suis là. Et tu sais quoi ? Ca m'aurait peut-être pas dérangée ouais de te revoir, mais de toute évidence, c'est pas réciproque puisque j'étais bonne qu'à baiser. Et encore. Merci en tout cas d'avoir été si franc, de m'épargner tous ces moments de réflexion sur la question. » Tu recules de quelques pas, marquant une pause. « C'est vraiment comme ça que tu me vois hein ? C'est bien, au moins j'suis fixée. »

Drizzle me dit qu'elle ne savait pas si elle était plus heureuse maintenant que son père m'avait banni de chez elle et qu'il ne voulait plus entendre parler de moi. Elle aurait dû apprécier la situation, après tout il n'y a pas si longtemps que ça, elle aurait sans doute donner cher pour que ça arrive. Je me disait que malgré nos rapports qui se nouaient lentement, son désir d'être libre et de fréquenter qui elle voulait était plus fort que l'envie (sans doute très minime) de passer du temps avec moi. Peut être m'étais-je trompé mais si c'était le cas j'avais fait le bon choix. Je ne voulais pas qu'elle s'attache à moi. Elle finirait forcément par en souffrir car j'étais incapable de lui rendre la pareille. Même si je ressentais une très grande attirance pour elle, et aussi beaucoup de respect à son égard, je n'aurais pas put dire que ce que je ressentais vis à vis d'elle était de l'amitié ou même plus... Je n'avais aucune idée de ce que tout ça signifiait et bien que je savais que je l'appréciais anormalement, je me butais à croire que ce n'était qu'une passe comme avec d'autre fille et qu'une fois la suivante arrivée, j'en oublierais vite Drizzle Burrows. Aussi intrigante et intéressante fut-elle. Je décidais alors d'opter pour la solution la plus lâche possible : la repousser; Je n'avais pas envie de lui dire que j'avais fait ça pour elle, elle n'y croirait sans doute même pas. Je préférais qu'elle continue de me voir comme elle m'avait toujours vu, comme au début en tout cas. Je préférais qu'elle me détesta plutôt qu'elle m'aima. Je n'étais vraiment pas prêt pour ça. Cependant ses propos réussirent à m'atteindre. Elle me remerciait d'avoir été franc avec elle et je baissais légèrement les yeux, froissé. Je n'avais pas été sincère avec elle et si j'étais manipulateur, j'aimais cela dit parler en toute honnêteté avec les gens. Je ne prenais jamais de gant pour critiquer les autres et pour leur dire ce que je pensais. Pourquoi étais-je incapable d'en faire de même avec elle ? Je relevais les yeux alors qu'elle reculait de quelques pas. « C'est vraiment comme ça que tu me vois hein ? C'est bien, au moins j'suis fixée. » dit-elle. J'hésitai pendant un quart de seconde avant de faire un pas pour la rattraper et la saisir par le bras pour qu'elle se retourne. Je m'approchai alors et plantai mon regard dans le sien. Oui, ça me démangeait. Il fallait que je sois franc avec elle, elle le méritait. Peu importe ce que ça coûterait, je lui avais dit des choses que je n'avais jamais raconté à personne avant, elle serait capable de comprendre. Elle l'avait toujours été. « Nan. Attend... » je cherchais mes mots pendant un instant sans trop savoir quoi lui dire « C'est juste que les choses sont mieux comme ça. On s'est rapproché, c'est clair et j'ai jamais voulu ça mais c'est arrivé et je sais que j'vais te faire du mal parce que c'est plus fort que moi. Et je veux pas que tu souffres parce que t'es vraiment l'une des personnes que je connais... que j'apprécie vraiment. T'es ptete même la seule, et tu mérites mieux que ça. » Je soupirais avant de reprendre. « J'voudrais bien passer du temps avec toi, mais c'est pas une bonne idée. Ok ? »

Compliqué, c’était le mot et au final, ça te prenait la tête bien plus qu’autre chose. Tu aimerais pouvoir ne pas faire cogiter ton cerveau comme tu le faisais parfois et foncer tête baissée, prendre le temps comme il venait et ne plus te poser de questions. Ça t’arrivait. Même souvent. Sauf avec Dale vraisemblablement. Ses réactions pour la plupart inattendues, te pénétraient l’esprit avec dureté, et provoquaient un brouillard sans nom. Et à cet instant-là, encore une fois tu étais surprise par ses propos. Et le mot était bien faible. Tu étais venue demander des explications, il t’en avait donné quelques unes, qui t’avaient pincé involontairement le cœur. Parce que tu sentais que tu commençais à t’attacher et que cela ne présageait rien de bon. Tu pensais reculer, partir, après lui avoir dit désirer le revoir sans le poids familial au-dessus de vos têtes, au-delà de l’objection que pouvait émettre ton père à présent. Dès qu’il t’avait répondu, tu avais su que tu n’aurais jamais dû le lui révéler. Mais ça c'était avant. Avant qu’il ne te rattrape brusquement par le poignet, plantant son regard dans le tien. Tu le soutins, et restes soudainement immobile face à ce que tu entends. Silencieuse, tu as du mal à penser qu’il puisse te dire tout ce qu’il venait de te confier et il te fallut un long moment pour l’imprimer, le comprendre avant que les mots ne se bloquent dans ta gorge. Il te prenait complètement de cours. Jamais tu n’aurais cru entendre pareilles paroles venant de lui et à vrai dire, tu te sens flattée. Même s’il était toujours en train de te dire qu’il ne valait mieux pas que vous cherchiez à vous revoir. Tu ne sais plus trop quoi répondre à tout ça, alors tu attends. Longtemps. Au fond, tu n'en a rien à faire que ce soit une mauvaise idée ou pas. « Je me fiche de savoir que je mérite mieux, ou que je vais souffrir. J’te demande pas en mariage Dale.. » Tu décides de marquer une pause avant de reprendre, radoucir un peu tes propos. « J'sais pas, j’en ai vraiment envie. » Tu hausses les épaules, rencontrant de nouveau son regard avant qu’il ne lâche finalement ton bras. « Tu sais.. Je t'apprécie aussi. Et c’est perturbant parce qu’il y a quelques mois j’avais du mal à te supporter. Mais là depuis un moment c’est juste.. différent. J’vois pas en quoi ce serait compliqué, en quoi tu pourrais me faire du mal Dale. et auquel cas, je sais encaisser. Je prends le risque. » T'avais pas spécialement envie de rentrer dans le mélodrame parce que ça ne vous ressemblez clairement pas, mais c'était comme si tu parlais sans vraiment te rendre compte de la portée de tes mots. Tu t'avances alors un peu plus, tu le fixes de nouveau et t'as envie de l'embrasser là tout de suite. Mais tu ne bouges pas tout simplement car tu ne sais pas où t'en est et que tu ne voulais pas que cela appuie un tant soit peu tes propos. et surtout de cette manière. Bien que. « Ecoutes, c'est toi qui vois, je peux pas te forcer, si tu penses vraiment ça alors.. très bien. »

C'était probablement la première fois que je regrettais d'avoir dit quelque chose, et pourtant, d'une certaine façon, j'avais ressenti le besoin d'être honnête avec elle et de ne pas la faire souffrir en vain. Pour une fois j'avais mis ma fierté de côté, j'avais arrêté de faire la tête de con pour lui dire ce que je pensais. Je repensais rapidement aux derniers moments que nous avions passé ensemble, au dernier diner où j'avais tout foutu en l'air, la tête indignée et en colère de son père... J'espèrais que Drizzle s'en tienne à ça, qu'elle me dise que j'avais raison, qu'on devait arrêter. Je n'étais pas préparé à ce qui allait suivre. Je n'étais même pas fait pour ça. Je me demandais si elle l'était de son côté, après tout la conclusion de tout ça si ça finissait bien serait de nous mettre ensemble "officiellement". J'étais perplexe. Drizzle apparemment sur les nerfs me répondait du tac-o-tac et là aussi, je ne m'étais pas préparé à cet affrontement soudain. J'aurais préféré qu'elle me laisse, j'aurais même préféré qu'elle me déteste plutôt qu'elle ne vienne me demander des explications. Trop tard. Elle commença alors à déblaterer un tas de trucs, j'écoutai vaguement, je captai quelques bribes par ci par là, elle savait encaisser, elle ne voyait pas en quoi j'allais lui faire du mal. Je gonflais les joues avant de soupirer, perturbé et blasé par toute cette scène qui commençait clairement à virer au film à l'eau de rose. Je me grattai alors la nuque tandis qu'elle me disait qu'elle ne pouvait pas me forcer, ses paroles étaient floues, j'avais envie d'elle, de l'embrasser et de passer à nouveau du temps avec elle, mais au fond de moi quelque chose me disait que c'était mieux d'arrêter là, pour elle, pour moi... Je posais le regard au loin, je voyais les amies de Drizzle sur leur serviette entrain de nous lancer des regards intriguées, de papoter entre elles sûrement entrain de se demander ce qui était entrain de se passer. Je n'en savais pas plus moi même. Je décidais de laisser plutôt mes envies décider plutôt que de réfléchir à la question encore trop longtemps et je l'attirai alors vers moi, toujours murer dans le silence et je déposai un baiser sur son front avant de passer mes bras autour d'elle pour l'enlacer et la serrer contre moi. Malgré le monde qui nous entourait, depuis cinq minutes que Drizzle était là à me faire une scène, j'avais la bizarre impression que nous étions seuls et que rien, pas même ses copines qui nous scrutaient, ne pourrait nous atteindre. Après un moment comme ça, je baissais les yeux vers elle et lui accordais un mince sourire « T'sais être persuasive quand tu veux... » je pinçais les lèvres avant d'ajouter « J'dois me venger. » Et sans lui laisser le temps de réagir je la soulevais et me dirigeais vers le bord de l'eau pour la jeter dans les vagues. Plouf.

Tu aurais été une des personnes extérieures à la scène, il était clair que tu n’aurais strictement rien compris. Un instant vous étiez en train de vous expliquer, puis le moment d’après vous étiez plus ou moins plongé dans un dilemme. T’es en train de lui dire de vouloir le revoir et tu laisses en quelque sorte ta foutu fierté de côté, préférant le lui révéler plutôt que de continuer à lui dire faussement qu’après tout, tu te sentais bien mieux maintenant que ton père t’avait clairement fait comprendre que tu ne devais plus le revoir. Mais là encore, ça aurait été te mentir à toi-même, d’une certaine façon. Dans un premier temps, il préférait te repousser. Vous deux, une mauvaise idée, soit disant. Au fond, tu sais qu’il pouvait avoir raison, que tu pouvais en souffrir. Après tout, il était imprévisible et tu n’étais pas certaine que cela puisse vous mener vraisemblablement quelque part, qu’il est une bonne influence sur toi, mais tout ça, tu t’en fichais profondément. T’étais même pas là pour le brider ou quoi que ce soit, l’étouffer, parce que ce n’était clairement pas ton genre et dans cette même optique, tu t’étais dit que s’il te rejetait une seconde fois alors tu reculerais et tu ne chercherais pas plus loin. Même si c’était bien plus facile à dire qu’à réaliser. Tu souffles, un peu, après tout t’as rien à perdre, quelque soit sa réponse. Dale Freeman. On t’aurait dit ça quelques mois avant, que tu serais là en face de lui à avoir ce genre de conversation, tu ne sais pas vraiment comment tu aurais réagi. Tu aurais ri probablement, mais dans tous les cas, tu n’y aurais pas vraiment cru. Comme quoi, tout pouvait changer. Tu essayes alors de te rappeler, de te demander où tu avais commencé à le voir quelque peu différemment. Tu te souviens du bal du homecoming auquel vous n’aviez pas assisté, les révélations sur sa famille qu’il t’avait faite ce soir-là. Oui, ça avait été plutôt singulier. Tout comme en cette fin d’après-midi, alors que tu essayais plus ou moins de le convaincre de vous revoir. Et qu’il se rapproche pour t’embrasser le front et t’entourer soudainement de ses bras. Une sensation bizarre t’envahit, alors tu fermes les yeux et tu te vides l’esprit de toutes pensées et questions. C’était bien la première fois que tu le vois réagir comme ça envers toi, alors au fond, tu en profites un peu, parce que tu te sens bien comme ça, avec lui. Tu te fiches bien qu’on puisse vous observer. « T'sais être persuasive quand tu veux... » Tu lèves un peu la tête, fixe son mince sourire qu’il t’accorde et t’apprêtes à rétorquer quelque chose à ces paroles, lui dire peut-être qu’il n’avait encore rien vu, quand il te coupe soudainement dans ton élan. « J'dois me venger. » Sur le coup, tu fronces les sourcils, ne sachant pas vraiment où il désirait en venir jusqu’à ce qu’il te soulève et te jette sans douceur dans l’eau, à moitié habillée. Celle-là, tu ne l’avais pour ainsi dire pas vu venir et tu n’as même pas le temps de crier ou de le faire renoncer. Tu remontes rapidement à la surface, récupérant tes esprits et l’air qui t’avait manqué pendant quelques secondes. « C’est tout ? j’sais pas si j’ai vraiment à m’en faire si tu es censé me faire souffrir comme tu te venges.. » Tu lui souris malicieusement, le provoquant légèrement. Oui bon ok, tu cherchais un peu la merde mais tu plaisantais bien plus qu’autre chose. Tu t’approches alors de lui resté au bord, avec ton t-shirt qui te colle à la peau -sensation plus que désagréable au passage- tu l’embrasses rapidement au coin des lèvres, comme ça, avant de le faire chuter dans l’eau avec toi.

Spoiler:

D'une façon ou d'une autre, si les âmes soeurs existaient vraiment, il était possible que Drizzle soit la mienne. Nous avions un mode de vie similaire, nous cachions notre vie de famille désastreuse, nous nous défoncions pour oublier, surtout moi.. C'était lorsque je m'étais réellement ouvert à elle pour la première fois que les choses avaient changé, je savais qu'elle avait commencé à me percevoir d'une façon différente lorsque je lui avais fait découvrir l'ombre au tableau et les secrets que cachaient la famille Freeman: un père infidèle et absent, une mère dépressive et superficielle, constamment déchirée aux médicaments. Le fait de penser à elle me faisait toujours mal au coeur, Drizzle l'avait compris et à partir de là, je crois qu'elle avait reconsidéré mon cas, elle s'était probablement dit que j'avais des raisons d'être comme j'étais, que je n'avais pas une vie facile et qu'au final j'étais peut être bien plus sensible à la douleur des autres que je pouvais le montrer. En réalité, aujourd'hui seule la santé de ma mère et la présence de Drizzle m'importait. Le reste ne m'intéressait que très peu, le monde autour pouvait bien être éliminé par une vague de météorites, tant que Drizzle et ma mère seraient en sécurité alors tout irait bien. C'était à ça que je pensais alors que je prenais Drizzle contre moi, maintenant qu'elle était là et que j'avais l'impression qu'elle était entièrement à moi je n'avais plus aucune envie de la laisser. J'avais besoin d'elle, elle était la dose de lucidité qui me manquait, celle qui me faisait réaliser que certaines choses valaient le coup et que le bonheur était possible. C'était niais à en crever, mais c'était vrai. « C’est tout ? j’sais pas si j’ai vraiment à m’en faire si tu es censé me faire souffrir comme tu te venges.. » avait-elle dit, toute souriante, alors qu'elle émergeait des vagues. J'esquissais un sourire en la regardant alors qu'elle s'approchait pour m'embrasser furtivement avant de m'entraîner sous l'eau. Je me laissais faire, retenais mon souffle alors que mon corps flottait au gré des vagues. Drizzle était tout près, je pouvais sentir sa présence et je remontais à la surface en sa compagnie. Je baissais alors les yeux sur son t-shirt devenu transparent et souris à nouveau. Sans lui demander la permission, je posais mes mains non sans discrétion ou délicatesse sur ses seins. « Ils m'avaient manqué. Tu viens à la maison ce soir ? Avec tes ptites copines là bas, j'serais ravi qu'elles me tiennent compagnie. »