Dix-huit heures, j'escaladais les rochers. J'étais relativement surpris que ma sœur me demande de venir me rendre en ce lieu, la grotte de l'amour. Et c'est justement cette surprise, et cette curiosité à comprendre son intérêt, qui me poussait à m'y rendre. Mes mains étaient calées dans mes poches, et mon regard était perdu dans les cailloux que j'essayais de ne pas écraser maladroitement. Au bout de quelques minutes, j'atteignais l'endroit du rendez-vous. J'étais probablement en avance, je n'avais rien puisque je n'avais pas pris le soin d'emmener avec moi mon portable. J'étais seul, personne ne se trouvait dans ce lieu caché de tous. Tant mieux. Je balançais ma serviette sur le sable chaud, et retirais rapidement mes chaussures, ainsi que mes vêtements. Je me glissais alors avec douceur dans l'eau. Si j'étais en avance, j'allais chasser le temps grâce à l'une de mes plus grandes passions : l'océan. Je ne passais rarement une semaine sans m'y rendre, même lorsque le soleil n'est pas. Je nageais, glissais sous l'eau, et me laissais flotter. J'enfonçais parfois mes doigts dans mes cheveux, ou mes pieds dans le sable qui se trouvais sous moi. Je profitais de cet instant, unique, que je vivais seul. Je remarquais alors une silhouette au bord de l'eau, qui m'obligeais à revenir rapidement sur le bord de la plage. Pourquoi m'avoir fait venir ? criais-je avant de réaliser que cette personne n'était autre que Sea. J'arrêtais tout mouvement, et laissais mes mains flotter sur la surface de l'eau. Putain, je vais te tuer murmurais-je, à l'intention de cette sœur qui possédait toujours des idées sordides. M'obliger à aller à la rencontre de Sea, vraiment ? A quoi jouait-elle ? Pourquoi m'organisait-elle ce rendez-vous ? Étais-ce une idée de Sea ? J'en doutais. Je me pinçais la lèvre, avant d'ébouriffer mes cheveux. Je retournais sur le sable, et m'enroulais autour de ma serviette, sans un regard pour Sea qui se trouvait pourtant à quelques mètres de moi. Elle semblait toute aussi étonnée que moi. Je comprenais alors qu'elle n'était pas la cause de cette retrouvailles. Putain soufflais-je, encore une fois, avant de me tourner vers elle. J'étais trempé, choqué, et tremblant. Je me sentais toujours bien dans l'eau, mais retournais rapidement à la rapidité en y sortant. La température, et mes sentiments me rappelant que je n'étais qu'un bref crétin, naïf et inconscient. Je n'y suis pour rien, crois-moi lui avouais-je, alors, ne voulant pas qu'elle aille croire que ceci avait été entièrement planifié par ma personne. Je me posais sur un rocher, le visage renfermé. Je tendais mes jambes devant moi, et profitais des quelques partielles de soleil qui nous tombais dessus pour faire sécher ce corps que je venais de plonger dans l'océan. Je peux savoir ce qu'elle t'as dit pour te faire venir ici ? lui demandais-je, sans prendre le temps de poser mon regard dans le sien. Inconsciemment, je lui en voulais de s'être rendue à ce putain de bal, à la con, en compagnie de mon meilleur ami. Provocation, ou réel intérêt pour Jordan ? Je m'en foutais, parce que quelle que soit la raison, cela m'énervais, et me poussais à m'en vouloir à moi-même pour cette jalousie inutile.

Je n'osais qu'à peine la regarder, tiraillé par mon attachement envers elle, et ma haine envers son acte. Se rendre au bal avec Jordan, sombre connerie, que je prenais comme de la provocation. Cela n'en était probablement pas, elle était après tout en droit d'apprécier la compagnie de mon ami. Mais c'est bien cela qui me gênait. Edd, Jordan, c'est quoi la différence ? Nous sommes tout deux des crétins. En tout cas, tout sauf ta présence me souffla-t-elle. J'en rigolais, elle se montrait sèche, pourquoi ? Qu'avais-je fait ? Je m'étais livré à elle, je lui avais dit tout ce que je pensais, et avais arrêté de m'insérer dans sa vie. Alors pourquoi cette réaction ? Que me rapprochait-elle ? Bref, t'as quelque chose à me dire ou je peux partir ? me demanda-t-elle. Je glissais ma serviette autour de mon corps, et haussais des épaules. Mon regard se perdait dans l'horizon. Je n'avais pas envie de déclencher une énième dispute entre nous, ni même de laisser un silence pesant s'installer entre nous. J'avais envie de changement, et pourtant, je m'en sentais incapable. Je ne te retiens pas dis-je alors tout en tendant mes jambes devant moi, j'enfonçais au passage mes pieds dans le sable chaud. Je déposais enfin mon putain de regard sur sa silhouette. Évidemment, elle était belle, évidemment ... Mais cette constatation ne changeait en rien mon agacement envers ce qui s'était produit. Va rejoindre Jordan murmurais-je, d'une tonalité quasiment inaudible. J'étais tel un gamin, conscient de prononcer une connerie que j'allais regretter aussitôt. Je ne me retenais pas pour autant. Puis, d'un coup, je réalisais quelque chose concernant l'océan. Je me levais alors, afin de m'approcher de l'eau. J'en lâchais un vieux rire, en remarquant la vérité de ma pensée. Enfin, là, le seul moyen de le rejoindre c'est la nage. Et à moins de vouloir t'écraser contre un rocher, ce que je ne te laisserais évidemment pas faire, tu n'as pas d'autres solutions que de rester là, avec moi déclarais-je avant de retourner vers elle. J'étalais ma serviette contre le sable, et m'y asseyais. Je soupirais, fatigué par cette dispute qui n'allait pas tarder à se déclencher. Je connaissais Sea, je me connaissais, nous étions incapable de rester ensemble sans que nos paroles ne deviennent impulsives, et violentes. C'est beau l'amour. Elle a vraiment tout prévu, cette salope soufflais-je, dans un murmure, à l'intention de ma sœur qui allait passer un mauvais quart d'heure à mon retour. J'avais beaucoup de mal à comprendre son geste, elle qui n'acceptait pas ma relation avec Sea, et qui s'était rangé de mon côté suite au décès de sa mère.

J'enfonçais mes doigts dans le sable, tout en attendant que le soleil veuille bien sécher ma peau brillante, à cause de l'eau. Je jouais également avec ma lèvre, je n'étais pas gêné par cette situation, mais j'aurais préféré que ma sœur soit plus intelligente que de m'obliger à rencontrer Sea. Bon, vu que l'eau est contre moi, j'aimerais savoir ce qui te dérange ? Qu'est-ce que t'as contre Jordan ? Où plutôt contre moi ? me demanda-t-elle, je m'arrêtais aussitôt afin de la regarder. Je ne comprennais même pas l'intérêt d'une telle question, si ce n'est cela de provoquer ma colère, à nouveau. Elle connaissait ma relation avec Jordan, et elle devait probablement se douter de la nature de mes sentiments - même si ceux-ci étaient complexes, et difficiles à cerner. Tu es sérieuse ? soufflais-je alors, doucement, sans tonalité susceptible d'être interpréter comme de l'énervement. Écoutes c'était juste un baiser si c'est ça qui te perturbes, sous le feu de l'action ajouta-t-elle, j'en haussai les épaules. A la rigueur, ce baiser, j'étais capable de passer au dessus. C'était surtout le fait de se rendre au bal avec Jordan qui m'agaçait. Jalousie, gêne, colère ? Toutes ses émotions se mêlaient, faisant de moi une personne déçue. Je savais pourtant que je n'avais en aucun cas le droit de réagir de la sorte. Je n'ai plus envie d'en parler Sea avouais-je alors, accompagnant ma parole d'un bref soupire. Je détournais mon regard, et le reposais sur les vagues qui s'écrasaient non loin de nos pieds. J'y retournais bien, dans l'eau, afin de m'y perdre, quelques minutes. Je laissais un silence s'installer, je ne voulais clairement pas continuer à parler de cette histoire. Nous avions tout deux exprimer nos sentiments lors de la soirée Halloween, c'était suffisant. Surtout pour un type comme moi, qui n'avait pas l'habitude d'avouer quoi que ce soit, et encore moins à soi-même. Ce qu'il fait chaud ! l'entendis-je murmurer, je ne pouvais pas m'empêcher de la regarder, surpris de la voir retirer sa robe. Cela ne me choquait pas, mais me surprenait. Je te trouve différente, ces temps-ci soufflais-je avant de me lever, je frappais alors avec douceur l'arrière de mes cuisses afin d'en chasser le sable. Tu m'accompagnes ? lui demandais-je tout en désignant la mer avec mon menton. J'avais envie de me comporter comme une personne normale, sans prise de tête, ni engueulade durant laquelle personne ne prenait le temps de réellement s'écouter. C'était probablement faire preuve d'une trop grande naïveté de nous en croire capable. Je te promets que je ne toucherais pas, et que je ne vais pas essayer de te noyer ajoutais-je, pour la convaincre, comme-ci j'en avais besoin, tu sais. Ce n'est pas une pauvre phrase de ce type qui allait pouvoir la faire changer d'avis. Bref, je m'avançais déjà dans l'eau, j'y retournais, et laissais l'eau m'atteindre jusqu'au bassin.

Je laissais le bout de mes doigts parcourir la surface de l'eau, songeur. Allait-elle me rejoindre ? A sa place, j'aurais déjà essayé de fuir, je ne supporterais pas ma présence. Réaliser mes sentiments, me permettais également de réaliser à quel point je m'étais montrer odieux envers elle. Je ne comprennais même pas comment elle faisait pour me parler, calmement. Et pourtant, c'était tout ce que je souhaitais : qu'elle cesse de m'en vouloir. Je trouvais cela égoïste. Qu'importe, je sortais de mes pensées en l'entendant approcher. Je pensais que si je nageais, tu allais m'en empêcher ? Peut-être que finalement c'est toi qui veut rejoindre Jordan me lâcha-t-elle, je n'arrivais même pas à esquisser un sourire à la suite de cette remarque. Je ne jouais plus, ne rigolais plus, et réalisais avec surprise que nos rôles avaient été échangés. Je me restais silencieux, à écouter ses réflexions. Jordan tiens à toi, Edd. Ne lui en veut pas pour quelque chose que tu n'as pas contrôlé me souffla-t-elle, je me redressais aussitôt, comme touché en pleine zone sensible. Je n'en veux pas à Jordan, ni à toi Sea répondis-je aussitôt. Peu convaincu de la vérité de ces paroles. La seule personne à qui je devais en vouloir dans cette histoire : c'était moi, et seulement moi. C'était cependant plus fort que moi. La prochaine fois si tu ne veux pas qu'un de tes amis m'approche, il serait préférable que tu les préviennes avant, que je ne suis que la méchante sorcière, l'ennemie ajouta-t-elle, je ne l'avais jamais considérée ainsi, tel une ennemi à abattre. Mais c'était donc ainsi qu'elle croyait être à mes yeux ? Une ennemi, une vulgaire ennemi ? J'en rigolais presque, de nervosité. Bref. Comme tu l'as dit la marrée se fait haute et je sais pas pour toi, mais je préfère m'installer dans la grotte. Fais juste attention ajouta-t-elle avant de me laisser à nouveau seul dans mes pensées. Sans trop que je ne sache pourquoi, je savais que c'était maintenant, ou jamais, que je devais faire exploser mon cœur. Maintenant que je devais m'imposer un ultimatum : la reconquérir, ou y renoncer ; être égoïste, ou penser à son bien. Je plongeais sous l'eau, me laissait submerger par sa fraîcheur, et remontais à la surface. Je n'arrivais pas à me décider. Pourtant, l'idée de me dévoiler m'excitait, comme me tiraillait. Nous étions tous les deux enfermés dans cette grotte, sur cette plage pour de nombreuses heures, il était pour moi l’occasion de saisir l'opportunité qui se dégageait de cette situation. Sea l'avait compris en essayant d'avoir une discutions sérieuse avec moi. Discutions que j'avais fuis, comme à ma grande habitude. Putain me murmurais-je, avant de prendre une profonde inspiration. Je quittais l'eau, récupérais ma serviette, et la rejoignais dans la grotte. Sans un bruit, je la découvrais assise, de dos. Je me posais à ses côtés, glissais un baiser sur son épaule, et lui retirais son écouteur. Mon rythme cardiaque s'emballait déjà. Je n'avais jamais agis de la sorte, jamais. Je la regardais, longuement, silencieux. J'attrapais finalement sa musique afin de l'arrêter, je ne voulais pas qu'elle puisse échapper à ce que j'allais lui dire. Même si je n'avais pour l'instant aucune idée de la façon dont j'allais bien pouvoir dire les choses. Je t'aime murmurais-je alors, c'en était presque inaudible. Je me choquais moi-même. Et je n'ai pas le droit de continuer à gâcher ça ajoutais-je, avant de reprendre mon souffle.J'enfonçais mes doigts dans mes cheveux, et déposais mon regard sur le sable nous entourant. Je t'ai toujours aimé, mais je crois n'en avoir jamais vraiment pris conscience jusqu'à ce que je comprenne ma jalousie quand tes lèvres touchent celles des autres. Jusqu'à ce que je comprenne que tu es la seule qui provoque en moi des émotions que je ne connaissais pas avouais-je, j'étais lancé, et incapable à présent de m'arrêter. J'avais besoin d'extériorisé tout ce que je conservais en moi depuis quelques jours, mois. Je n'ai jamais été aussi cruel avec une femme, qu'avec toi Sea. Je n'ai jamais autant eu besoin de m'accrocher à quelqu'un, en la provoquant, qu'avec toi .. soufflais-je, je relevais mon visage, mais était cependant incapable de croiser son regard. Je ne voulais pas observer sa réaction, ni même connaître les émotions qui la traversaient en m'écoutant. Cela me faisait peur. Maintenant je réalise que j'étais juste incapable de formuler mon amour pour toi, autrement que par de la haine. J'sais même pas pourquoi j'ai agis ainsi ... J'me comprends pas, et je trouve ça égoïste de venir de dire tout ça. Comme-ci tu pouvais me pardonner, comme-ci tu devais me pardonner continuais-je, j'enfonçais à nouveau mes doigts dans mes cheveux, et les laissait ainsi caler. Cela me protégeait de tout, de ses paroles que je comptais, comme de ses sentiments que j'éprouvais. Mais .. je t'aime, et je m'en excuse concluais-je alors, de nouveau dans un murmure. Je m'excusais de lui infliger tout cela, d'être si compliqué, si stupide, et si peu intelligent. Elle méritait mieux que de perdre sa patience, son temps, et ses paroles auprès d'une personne telle que moi.

Je lâchais un long soupire de soulagement, seulement cela ne dura que quelques secondes. Je réalisais mon aveu, mes paroles, et l'impact que cela pouvait avoir. Je risquais de me prendre une claque, une autre ; je risquais de la blesser, par ces mots que je savais attendus. J'enfonçais mes doigts dans mes cheveux, et soupirais à nouveau. J'appréhendais la suite des évènements. C'est bon ? T'as fini ? me demanda-t-elle, je n'osais pas répondre. Elle releva son visage, et essuya ses larmes. Je m'en voulais déjà d'en être la cause. Je ne savais que la faire pleurer, j'étais incapable de provoquer son sourire, incapable. Y a l'air d'avoir écrit conne sur mon front ? Non, mais tu peux me le dire ! Tu te fous vraiment du monde, Edd ! C'est pas possible ! Tu peux me dire ce que je t'ai fait ? Tu me détestes tant que ça pour me faire subir ça ? souffla-t-elle, d'une voix tremblante. Ses paroles, plus ses larmes, me rendait mal à l'aise. J'étais perdu. Parce que je savais que quoi qu'il allait se produire, Sea m'en voudrait. Si j'avais conservé le silence sur mes sentiments, elle en aurait été blessé, comme elle l'est en ce moment. Cinq ans que j'espère entendre ses mots sortir de ta bouche. Cinq ans, Edd ! Je suis passé de l'amitié à l'amour et tu le savais ! lâcha-t-elle, tout en relevant mon visage, elle m'obligeait à assumer, et j'en avais beaucoup de mal. Tu dis être jaloux en voyant d'autres garçons m'embrasser ? Alors, imagines toi, toute la douleur que j'ai pu ressentir en te voyant entouré de toutes ses filles, en te voyant avec cette putain de Plume au lit, alors que je suis venue pleurer ma mère dans tes bras. Imagines Edd ! ajouta-t-elle, à bout de souffle. Je me pinçais la lèvre, afin d'empêcher les larmes me piquant les yeux de se dévoiler. Je ne voulais en aucun montrer un signe de faiblesse. Alors qu'à l'intérieur de moi-même, c'était l'apocalypse. Tout s'écroulait, rien n'était stable, rien n'avait jamais été stable. Oui, tu as été cruel Edd parce que tu ne vas pas me dire que tu n'as jamais eu de doute sur les sentiments que j'avais envers toi et je ne parle de ses deux dernières années, je parle de ses années passées à faire semblant de n'être que ton amie. Égoïste ? Tu l'es ! Il suffit que je décide enfin de tirer un trait sur toi, sur nous pour que tu rappliques en me disant quoi ? Je t'aime ! Non, mais c'est vraiment une grosse blague ! Je ... Edd ? Qui me dit que tu es sincère cette fois ? Comment je peux avoir confiance en toi, alors que tu prétendais être mon meilleur ami et que tu t'es enfui ? Comment je peux oublier ces cinq années d'attentes interminables, alors que ce que je ne vois que c'est ses putains de filles et toi ? Et si jamais, je dis bien si, je suis assez folle pour croire en tes dires quelle garantie j'ai que tu ne vas pas t'enfuir une seconde fois ? me demanda-t-elle, ou plutôt, hurla-t-elle. Sa voix résonnait dans l'espace clôt que nous occupions, sa voix résonnait dans mon esprit. Je ravalais ma salive, je savais pertinemment que je n'avais pas le droit de fuir à ces questions. Pour son bien, mon bien. Je la regardais marcher, partout, et me levais alors d'un bond. Je me glissais derrière elle, et attirais son dos contre mon torse afin de l'obliger à s'arrêter de marcher. Elle allait nous rendre tous les deux plus fous que nous l'étions déjà. Arrêtes Sea lui soufflais-je, d'une voix qui était tout aussi tremblante que la sienne. Mes mains se déposèrent contre les siennes, ma tête tomba contre la sienne. Je ... tu me connais, non ? Je, je ne sais pas quoi dire pour que tu me fasses confiance lui murmurais-je. Je ne veux plus fuir, je ne veux plus te fuir. Je l'ai trop fait. Et ce que je t'ai dis .. C'est sincère, je ne te l'aurais pas dit, sinon, pas moi, j'en aurais pas été capable ajoutais-je, cette fois d'une voix plus franche. Je t'aime, aveu que je ne pouvais pas dire sans y croire. J'étais certes un très beau parleur, un connard qui te faisait croire tout ce qu'il voulait, mais là, non. J'avais cependant terriblement peur que ma sincérité ne lui parvienne pas. Que faire, que dire ? Mes doigts étaient incapable de la relâcher, je la tenais contre moi, larmes glissant le long de mes joues. Je te le promets Sea, je ne te mens pas soufflais-je, murmure presque inaudible, tout en relevant mon visage. J'avais la sensation de l'étouffer, mais j'avais également la sensation que cela nous m'était essentiel pour m'éviter de m'écrouler sur le sol.

Je la tenais, la conservais auprès de moi et de mon corps. J'en avais besoin, sérieusement, j'allais m'écrouler sinon. Mes jambes étaient tremblantes, ma tête allait exploser. Jamais je n'avais ressenti pareil émotions. Il faut qu'après de Sea, mes sentiments n'étaient plus les même. Tout changeait. Ce qui expliquait les situations extrêmes, et compliquées que nous avions subit. Elle se retourna vers moi, je craignais que sa main s'abatte sur joue. Au lieu de cela, elle chassa du bout de ses doigts me larmes. J'en esquissais un très faible sourire, comme pour la remercier. Je sais Edd, je sais me murmura-t-elle, avant d'attraper mon visage. Le suite m'échappa. Ses lèvres frôlèrent les miennes, m'attrapèrent. J'étais captivé, capturé, et j'aimais cela, cette sensation. Douce, explosive, différente. Elle se recula, j'en perdais mon souffle, j'étais essoufflé, choqué, mais en même temps heureux par ce qui venait de se produire. C'était sincère. Je t'aime m'avoua-t-elle, son regard se noyait, le mien également. Putain, j'me découvrais un caractère sensible, un caractère que j'ignorais encore. Oui, je t'aime Edd et je sais que je ne devrais pas, que sûrement que tu ne le mérites pas, mais je t'aime ajouta-t-elle, je savais que ce qu'elle disait était vrai. Je ne méritais pas son amour, je ne méritais pas qu'elle perde encore son temps à mes côtés, je ne la méritais tout simplement pas. Mes mains remontaient à son pouce, mes doigts prenaient place contre sa douce peau, et mes pouces caressaient déjà ses joues. Je ne pouvais plus la lâcher, à présent, j'avais besoin d'elle à mes côtés. Edd, avant d'aller plus loin, j'ai besoin de savoir ce que tu nous réserves. Je dis 'tu' parce que oui je t'aime, oui tu m'aimes, mais tu sais qui tu es autant que moi je te connais. Et je refuse de plonger à corps perdu dans cet amour, si de ton côté tu ne changes pas me souffla-t-elle, je me doutais que ces paroles allaient finir par résonner dans l'endroit. Je me doutais qu'elle allait finir par me faire demande. Pour elle, je devais changer, j'en avais envie. Du moins, c'est ce que le temps avait fini par me faire comprendre. Seulement, en étais-je capable ? Étais-je capable de passer à autre chose, d'oublier toutes mes conneries ? Ma réputation, ces femmes que je captivais avec plaisir. L'idée de la perdre, seule, me faisait comprendre que je n'avais plus le droit à l'erreur, et que je me devais réussir, ne pas échouer, pour elle, pour son amour, mais également pour le mien. Pour toi lui murmurais-je, sachant pertinemment qu'un long discours n'était pas plus significatif que ces quelques mots. Je souriais, une esquisse sincère, révélant mon humeur changeante : l'bonheur, à croire que c'était presque accessible à tous, même à moi. Par contre, ça m'fait peur avouais-je alors, tout en redressant un peu plus mon buste, afin de l'attirer contre mon torse. Son visage contre ma poitrine, et mes mains dans ses cheveux. Parce que je m'en veux, vraiment, pour tout ce que je t'ai fait. Je ne voudrais pas que ma rancœur envers moi-même vienne pourrir tout ça. Et je ne sais même pas pourquoi je te dis ça, je n'ai pas besoin que tu viennes me réconforter, j'ai pas le droit d'attendre ça de toi murmurais-je, réellement agacé envers moi-même. Afin de chasser ses pensées, je déposais mes lèvres contre son épaule, et me laissais submerger par son odeur, toujours présente malgré notre passage dans l'océan. Comme quoi, ma sœur, n'était pas si inutile que cela.