MOI JE FAIS LA FÊTE AVEC InvitéInvité | Sujet: (côme) ce soir, nous danserons avec les étoiles dans un ballet lumineux. Jeu 26 Juil - 19:26 | |
| CE SOIR, NOUS DANSERONS AVEC LES ETOILES. CÔME & EBBAJe suis nue. Ses mains découvrent mon corps tatoué, mon corps entier dans ses moindres recoins. Il tremble et respire fort. C'est la première fois. Alors je le guide. Sans vraiment le guider, les hommes n'aiment pas être dirigés. Enfin, quand ils payent une femme du moins. Je ferme les yeux, la bouche entrouverte pour laisser des soupirs forcés s'échapper. Ces hommes qui se payent le corps d'une femme pensent-ils réellement qu'ils lui donnent du plaisir ? Ou savent-ils qu'elles ne sont plus capables d'en éprouver, à moins d'être nympho. Je n'ai l'impression d'être souillée. Je pense être arrivée à un niveau de souillure que rien ne m'atteint. Mon corps leur appartient désormais, ils ont toutes les libertés dessus, tant qu'ils en payent le prix. Ce qu'ils n'atteignent pas, il faut leur donner l'impression qu'ils l'atteignent, mon cœur. Mon cœur m'appartient encore. Même si la flamme qui l'animait perd de la vivacité. Vieux principe, ils n'ont pas le droit de m'embrasser. De toute manière, rares sont ceux qui osent me regarder dans les yeux. Je perds toute mon humanité face à eux, je ne suis plus une femme, mais un objet que l'on troue, tourne et retourne. Et encore, si ce n'était que ça. Après celui-là, ma soirée sera terminée. Je pourrais profiter de... Ouais, non. Oui, celui-là, parce qu'à mes yeux, ils sont des clients, j'évite toute familiarité avec. Certaines filles se font piéger, ils tombent amoureux - du moins ils le croient - elles aussi, mais ça ne peut pas marcher. C'est impossible, ça se finit toujours mal. Vous savez pourquoi ? Parce que nous ne sommes que des objets, des jouets. Et une fois cassé, le jouet, on s'en débarrasse. Voilà, c'est fini. J'ouvre les yeux, l'homme se rhabille, moi aussi. Il se barre. Au revoir. Contente de vous avoir fait plaisir. Je regarde mon porte-monnaie, plein. C'est rare. Mais plus pour longtemps. Il est encore tôt, dans les alentours de vingt heure. L'épicerie de nuit est ouverte, bien sûr. J'y dépense une partie de l'argent gagnée pour de la nourriture, pour de la boisson. Je croise un mec dans la rue, à qui j'achète quelques cachets. Puis, je prends le chemin du retour. L'appartement. Vide. La naine est chez une de ses amies probablement en train de boire comme un trou. Il est sombre, je ne prends pas la peine d'allumer la lumière quand je suis seule. Je pose les courses sur la tables, je ne ferme pas la porte à clé. Mauvaise manie mais bon. Mon téléphone repose sur mon lit, je ne l'emmène pas avec moi au boulot. Aucun message. Et je ne sais quelle force, quelle impulsion me pousse à envoyer un message à Côme. « Tu passes ce soir ? La porte est ouverte. » Je n'attends pas sa réponse, je sais qu'il va venir. Je traverse l'appartement à pas lent pour aller prendre ma douche. Tout est ouvert, il n'y a personne. Je ne peux pas ne pas me laver après avoir bossé, ça donne l'impression de se nettoyer de la souillure. Même si l'on sait qu'elle est toujours là. je reste un peu sous l'eau fraîche qui coule, les yeux à demi clos. Et je reste là, comme ça, combien de temps ? Aucune idée. Assez pour me laver de toutes les images vues dans la soirée, assez pour oublier les hommes qui me sont passés dessus. Mariés, divorcés, veufs, célibataires, certains sont habitués des femmes comme moi, certains autres non. Certains se prennent pour les rois, ils font tout ce qu'ils veulent de moi, et la plus part du temps, ils laissent des traces. Des traces qui ne s'effacent pas comme ça, elles mettent du temps à s'en aller physiquement, et mentalement, elle reste. Mais je les laisse faire, ils ont payé, je leur appartiens. Certains sont connus, je les reconnais quand je les vois sur des affiches, à la télévision, je les vois, et leurs images me reviennent. Certains sont inconnus, sont là juste de passage. Les pires sont les mariés, ce sont eux qui ont des pulsions étranges, que voulez-vous ? Ils les ont gardé pour eux pendant un bon nombre d'années, je suis là pour les soulager. Et il y a ceux qui ont peur, ceux qui viennent pour faire quelque chose, mais qui n'osent, alors, avec ceux-là, je parle. Pas de moi, non, jamais. Je parles d'eux. Avec un peu de chance, je serai prête quand il sera là. Mon esprit s'agite, mon corps ne veut plus bouger. J'entends une porte s'ouvrir et se fermer. Je sors rapidement et m'enroule dans ma serviette, laquelle je tiens fermement. Je sors de la salle de bain. « Salut. » Sourire maladroit. Je savais en combien de temps il serait là, je devais me dépêcher, je ne l'ai pas fait. Quelle idiote je fais !
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