T'as attendu qu'il pionce après ta vengeance, pour enfin pouvoir te coller contre lui sans te faire jeter comme une merde. Parce que c'était un truc que tu voulais faire, dormir dans ses bras, malgré le gros vent que tu lui as mit dans la tronche. T'es vraiment une salope des fois, et tu l'assumes parfaitement. Il l'avait totalement cherché, t'as strictement rien à te reprocher et tu le sais bien. Tu te feras un plaisir de le lui rappeler s'il te dit quoi que ce soit. Mais putain, c'était pas exactement le genre de réveil auquel tu t'attendais. T'es extirpée de ta rêverie, tu sais même plus à quoi tu rêvais. Peut-être à ce qu'il se serait passé si t'avais pas décidé de frustrer Jerk. Mais en tous cas, ton réveil manque pas de rebondissement. T'entends d'abord la porte se claquer violemment, ce qui te sort de ta pensée parce que ça peut pas être dans ton rêve. Tu sens le matelas s'affaisser et t'ouvres enfin les yeux. T'as les yeux agressés par la lumière du soleil de la fin de journée et l'autre qui te gueule dessus, tu l'écoutes même pas. C'est un peu comme un fond sonore, sauf que c'est un peu comme être réveillé avec du Metal à 3 heures du matin. C'est pas super agréable, comme fond sonore. « Putain mais c'est quoi ça ? » Tu tournes vite fait la tête vers lui, t'es pas décidée à bouger du lit et t'es pas décidée à l'écouter. T'as encore besoin de sommeil, bordel ! Tu le vois s'éloigner, tu fermes les yeux une nouvelle fois et tu sens l'odeur de la fumée de cigarette. Tu t'en fous, tant qu'il te fout la paix, ça te va ! Mais putain, sa voix raisonne encore dans ta tête et dans la chambre quelques secondes plus tard. « Rose-May ? ROSE-MAY ? Et puis quoi encore, I love u forever Rose-May ? Avec un coeur en prime ? » Qu'est-ce qu'il raconte ? T'as même pas envie de faire gaffe. T'as pas envie de lui donner un coeur, ni même de lui dire que tu l'aimes pour toujours. Tu comprends rien à ce qu'il dit, mais c'est pas grave, tu le laisses dans son délire de malade mental et tu te gardes bien de dire quoi que ce soit. Tu te tournes, tu remets la couverture de façon à ce qu'elle couvre ta poitrine qui était légèrement à l'air libre. T'as juste envie de dormir, c'trop compliqué à comprendre ? Tu refermes les yeux, tu te cales mais il semble pas super prêt à te lâcher. Et merde.

T'es tirée de ton sommeil par ce connard, il fait tout pour te réveiller et toi, t'as envie de rester dans son lit. Y'a son odeur dedans, alors t'es bien là... Tu sens son parfum sur son oreiller, parce que oui, t'as la tête sur son oreiller, ton corps dans ses draps et t'es pas chez toi. Tu pousses des grommellements qui montrent à quel point t'as pas envie de te lever, qui montrent à quel point t'as pas envie d'ouvrir les yeux. Tu te retournes, tu te mets en position phoetale et t'es bien. Ce que tu serais bien si cet abruti te laissait tranquille. « Eh oh, je te parle là. Ça te ferai pas un trou au cul de me répondre, t'façon, t'en as déjà un. » T'ouvres un oeil. Ca, c'est bien une réplique de la part de Jerk... Y'a vraiment aucun doute là dessus, c'est indéniable. Déjà parce que tu connais le son de sa voix par coeur, son ton est familier puisqu'il a jamais été patient et qu'il s'énerve à la moindre petite chose. Tu sens la couverture se barrer et tu sens de nouveau tes épaules, ta poitrine, ton ventre découverts. Instinctivement, tes bras se portent sur ta poitrine, pour la cacher ou pour la réchauffer, t'en sais trop rien. T'es dans un état second, tu viens juste de te réveiller. Tu pousses un autre grommellement et cette fois-ci, elle semblait déterminée à se lever pour gueuler à son tour. Cependant, il le fit avant elle. « ROSE-MAY OUH OUH. JERK APPELLE ROSE-MAY. » Il te prend pour une conne ou quoi ? Tu te redresses d'un coup, t'oublies de cacher ta poitrine et tu tentes de reprendre la couverture. « PUTAIN DONNE-MOI CA, T'ES CHIANT ! » T'as juste envie de lui en coller une tellement ça te saoule. Tu te lèves même, tu te mets face à lui et tu lui mets une gifle parce que c'est juste pas possible qu'il vienne te déranger en plein sommeil comme ça, sans doute pour de la merde. Il est énervé, bah il a pas de chance, maintenant tu l'es aussi.

Tu te rends pas vraiment compte que tu viens de lui mettre une claque. Tu te rends pas compte de l'humiliation qu'il doit ressentir ou encore de la haine contre toi qui commence à monter en lui. Tu sens sa main agripper ton poignet, tu fermes les yeux, prête à recevoir le retour. On dirait que t'es une femme battue, tellement tu te laisses faire quand tu sens que c'est ton tour de te prendre un coup. Il serre ton poignet fort dans sa main, t'as l'impression que ton sang va s'arrêter de circuler dans tes veines. T'ouvres les yeux, vos regards se plongent l'un dans celui de l'autre. Il souffle, dans ta gueule qui plus est. Avec l'haleine de chacal qu'il se trimballe après chaque cuite, et quelle cuite ! Sans vraiment avoir le temps de comprendre ce qu'il t'arrive, tu te retrouves sur le lit. Enfin, c'est un grand mot. Disons que t'es dans un équilibre précaire, entre le vide et le lit. Tu te retiens comme tu peux, tu reprends la couverture entre tes doigts et tu caches ton corps parce que t'as quand même un minimum de pudeur. Tu cherches ton soutif du regard et tu finis par le trouver, par terre, près de sa chaise de bureau. C'est tellement le bordel dans sa chambre, tu te demandes comment des meufs peuvent supporter tout ça. Alors que tu fais partie de ces meufs, évidemment. « Tu vas te calmer la tigresse et m'expliquer comment ton putain de nom a atterri sur mon torse. » Tu le regarde à ton tour, tu vois qu'il te fixe mais ça te dérange pas. Tu prends un léger sourire ironique et tu lui balances mot pour mot ce qu'il t'a dit quand tu as voulu lui faire oublier l'idée du tatouage : « Avec une aiguille et de l’encre de chine, tout simplement. » Tu te lèves, tu vas chercher ton soutif et tu l'enfiles. Tu te mets face à lui et tu lui dis tout en montrant le bas de ton ventre à l'aide de ton doigt : « Mais c'pas moi qui ai eu l'idée. J'étais pas assez morte pour ça. »

T'es bien arrangée avec ta marque sur le ventre, un Jerk qui se souvient de rien, ta marque sur son torse et toi, qui te rend compte qu'en fait, le marquer c'était pas une bonne idée. D'habitude, t'es intelligente pourtant, mais là, t'as clairement merdé. Lui aussi d'ailleurs, mais tu te souviens de la jouissance que t'as ressenti quand tu te vengeais. Parce que tu t'es vengé deux fois en plus, d'abord le tatouage, ensuite la frustration sexuelle que tu lui as fait subir avant de t'endormir comme une masse à côté de lui. « Eh merde.. » Ah, ça lui revient ou bien ? Tu le regardes, t'as l'impression qu'il a des souvenirs qui ressortent et c'pas plus mal parce que t'en as marre de te faire accuser alors que tu n'as fait que répondre à sa connerie. Ce qui est peut-être encore plus débile... Mais au moins, t'es pas la seule à avoir une marque dont tu ne veux pas. « J'espère que ça te gratte et j'espère que tu regrettes à fond. » tu lui sors ça comme ça, avant de tourner les talons et d'ouvrir la porte, t'as besoin d'une bonne douche après la soirée que tu viens de vivre. Toi ça te gratte, ça te brûle, t'as envie de te faire enlever la peau et d'en mettre une autre... Tu veux pas de son putain de "Jerk", t'as envie d'être libre, pas dans une cage... Tu t'arrêtes, tu te retourne vers lui et tu lui demande, histoire d'être assurée que sa mère va pas te tomber dessus : « Sont où tes vieux ? »

« Vraiment ? Pas très convainquant tout ça.. Sinon, non.. Je trouve que quand même c'était une excellente idée. La preuve sur mon torse, que tu l'a aussi appliqué, juste après. » Tu le regardes, t'as envie de le frapper. Il comprend rien ou il le fait exprès ? C'était une connerie, toi t'en est consciente et il devrait en être conscient aussi. C'est pas comme si vos vies allaient se terminer ensemble, comme si vous alliez mourir vieux, comme si vous auriez des enfants, comme si vous vous apparteniez vraiment l'un à l'autre. Vous êtes en relation libre, vous ne serez bientôt plus rien et toi tu le sais... Tu sais que ça va pas durer, tu sais qu'un jour il va arrêter d'être attiré par toi. Tu sais qu'un jour, il en aura marre d'être ton "mec" sans vraiment l'être. Tu sais qu'il ira chercher ailleurs et qu'il ne regrettera qu'une chose : qu'il ai ton nom sur son torse, parce que ça va le freiner dans tout ce qu'il entreprendra avec une autre. Et toi de même avec d'autres hommes. Tu réponds rien, t'as envie de sortir. Tu vas vers la porte, tu te retournes, tu lui poses une question et il te répond pendant qu'il est entrain d'enfiler un caleçon. « J'sais pas. Mais à cette heure ci tu risques pas de les croiser dans ce côté de la baraque, si c'est ça qui te gêne. » C'est une bonne chose, t'es contente qu'elle ne soit pas là, parce qu'elle te poserait sans doute des tonnes de questions. Sa mère s'intéresse à toi, elle te sait proche de son fils et toi, tu veux pas qu'elle voit que tu es attachée à lui. Tu sors sans un mot de plus, mais après un dernier regard vers un Jerk affalé sur son lit, la main sur le coeur. Un sourire en coin se loge sur ton visage, tu secoues la tête et tu vas te doucher.