Dans cette chambre trône un bordel pas possible. Un genre de désordre qui traîne là depuis des jours, voire des semaines. Tu explores la pièce du regard et en dehors du parterre recouvert d'innombrales objets plus divers les uns que les autres, tu vois cette fille allongée sur son lit. Elle regarde le plafond depuis un long quart d'heure. La lumière du lampadaire qui se trouve dehors juste en face de sa fenêtre pénètre dans la fente de ses volets croisés. Le silence règne dans la chambre et aucun autre bruit vient perturber cet effroyable sentiment qu'elle a tous les soirs quand elle réalise que son père est en voyage pour le travail de façon continuelle et que sa mère n'a pas donné signe de vie depuis 6 mois. En réalité, son père en a rien à foutre d'elle - trouve son job plus important que la vie de sa fille, qui elle sait : dans une force inexistante pour remonter la pente que tout s'est dégradé depuis le divorce de son père et de sa mère, il y a 5 ans de cela. Elle s'appelle Swann, elle est destroy, impuissante, trop faible mais surtout trop fière pour avouer qu'elle est perdue.

Son Iphone sonne, un nouvel sms. Tu as entendu la sonnerie mais tu ne vois pas son corps bouger, comme si elle en a strictement rien à foutre de qui cela peut être - à cette heure ci avancé de la nuit.

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Elle s'est finalement levée, a enfilé un short et une veste pour sortir. Tu sais qu'elle a longtemps tardé sur son lit, en petite culotte - nullement décidé a bouger son bras pour chopper ce téléphone. Et encore moins pour bouger son cul : effort qui lui a demandé quelques minutes de plus. Swann n'a envie de rien ce soir et pourtant, elle se trouve sur le trottoir en train de marcher, lentement certes : doucement mais sûrement vers l'endroit où JJ lui a donné rendez-vous. Pour des affaires de drogues, trafics. Tu vois la silhouette frêle de Swann disparaître dans l'angle de la rue, où elle tourne. Tu ne la voit plus jusqu'à capter à nouveau son allure avancer de trottoir en trottoir. Non, elle ne fait pas la pute. En croise pourtant deux. Elles la regardent de travers, comme si elles lui en veut de venir traîner son cul sur leur territoire. Swann n'est pas une catin, elle ne suce pas - elle ne baise pas pour avoir du fric. Déchets de la société. Swann glisse sa main dans la poche de sa veste et dépose à ses lèvres une indus qu'elle embrase.

Tu la vois ralentir le pas, tu te demandes ce qu'elle fait là, à traîner son corps ici - à cette heure. Cet endroit te paraît d'un seul coup tellement glauque. Swann le remarque aussi et elle frisonne. Elle perçoit la silhouette de JJ se tailler dans la lumière d'un réverbère qui fatigue. La blonde est un poil rassurée mais pas tant. Elle se presse à son niveau, arrive et sourit. « Désolé du retard. C'est quoi cet endroit merdique ? C'est pas l'endroit habituel à c'que je sache ! »

Tu ne le sais pas mais il faut savoir que Swann aime se faire désirer. Sauf que là, ce n'est pas une question de se faire languir mais juste une histoire de flemme. Monstrueuse, en plus.
Elle avance, progresse, voit JJ, s'approche, parle et sourit.

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Riley ou JJ comme tu préfères est le genre de fille à chercher la merde sans même sans rendre compte. Le fait d'être dans cette situation - Swann le capte. Elle n'est pas du genre a donner à quelque chose un air dramatique mais elle le sent gros comme une maison. Swann ne dit rien, reste silencieuse un petit instant avant de prendre la flasque d'alcool pour venir verser dans sa bouche quelques gouttes. Vodka. Cela fait trois heures qu'elle n'en a pas eut sous le palet. Oui, sa dernière soirée remonte à si peu.
« Tu as bien fait de m’appeler. Quitte à mourir, soyons deux ! » Elle lui sourit une fois de plus et lui rend la flasque. Swann se retourne pour regarder derrière elle. Elle scrute puis elle sursaute en entendant la voix de Riley lui parler une seconde fois.

Tu les vois marcher - elles progressent dans la rue, de trottoirs en trottoirs. Plus elles avancent, plus elle se fondent dans le décor lugubre qu'est ce quartier. Il y a deux silhouettes non loin d'elles. Swann ne peut s'empêcher de les regarder au fur et à mesure qu'elles avancent. Elles s'approchent davantage et Swann ne baisse pas la tête pour autant. Un grand black est accompagné d'un blond costaud et laid. Tu perçois presque les frissons de Swann mais aussi, tu imagines la sensation que te donnerais la chair de poule de la blonde si tu toucherais sa peau. Tu as soudain peur pour elles et tu frémis. Les deux gros dures continuent de les mater quand elles sont passées. Il les fixe jusqu'à ne plus les voir et Swann se sent un peu soulagée quand elle ne perçoit plus dans son dos le regard insistant qui les reluqué.

« [...] d'après ce qu'on m'a dit il faut s'enfoncer un peu dans le quartier. » Sans rire. Swann estime s'être déjà trop aventurer justement. Elle reste silencieuse pourtant et se contente de marcher. Pour continuer de l'accompagner. Elle tremble à présent aussi de froid. Swann grille une nouvelle cigarette et en propose une à JJ. Aussitôt dit, aussi vu.

Swann voit quelqu'un à quelques mètres d'elles. Pas l'un qu'elles ont croisé tout à l'heure en montant l'avenue. Non. Un mec à l'allure plus confiante, plus tranquille. Il ne faut pas se fier aux apparences. Sa mère lui a toujours dit.

Tu regardes ce nouveau tableau qui se dresse devant tes yeux. Un homme est adossé à un réverbère grillé, deux filles - bonnes et alléchantes pour les animaux qui rôdent à Riverdale Neiggbors. « Fais vite. J'ai pas envie de coucher là ce soir. Dans tous les sens du terme. Fais tes affaires et on se casse ! » prononce t-elle assez bas pour que JJ soit la seule à l'entendre.

Tu vois JJ s'avancer vers le gars louche pour faire ses affaires. Swann est restée en retrait sans pourtant trop l'être, de quoi défendre son amie si cela dérape. Oui, elles ont peu de chance de s'en tirer si cela arrive mais il ne faut pas y penser. Swann fixe les filles aux allures de putes qui accompagnent le dur commerçant. Elle fait la moue, humecte ses lèvres et fronce les sourcils, toujours sur ses gardes. Elle entend JJ parler, elle ne cille pas et se tient prête. JJ garde une certaine distance entre les trois autres et elle mais ce détail n'a pourtant pas l'air de rassurer Swann. Elle reste perplexe, tu le devines à son regard qui scrute les moindres recoins de la rue. Et même aussi tu entends le battement de son coeur. « Coke et skeud, y’a moyen ? » Coke, d'accord - Swann sait de quoi il s'agit. Skeud, du tout. Soit, la blonde s'en fou - elle désire juste partir de ce trou et retrouver son lit. Bien que cela n'est pas encore prêt d'arriver car elle sait que Riley va l'entraîner avec elle jusqu'à chez elle ou dans un squat pour pouvoir consommer. Elle le voit gros comme une maison. Swann sait que JJ veut lui faire goûter d'autres substances qui pourtant même si elle ne l'avoue à personne, sauf à elle lui font peur. Les effets, tout ça !

Swann revient à la réalité quand elle entend la voix du mec répondre à son amie. Il attend quelque chose en retour ce fumier. Il ne fallait pas se leurrer - c'était bien trop beau de rêver à s'en tirer comme ça. Sans histoire. Swann soupire : elle n'est pas d'humeur. Elle ne l'était pas avant de sortir, encore moins maintenant. Elle avance de quelques pas vers JJ pour toiser l'autre gars et ses deux chiennes. Le rire de JJ, elle ne le perçoit pas. Pas tout de suite en fait. Le regard que lui jette le salaup, si. Swann a sérieusement envie de lui cracher dessus. Elle accompagne son amie, dans un rire court, lasse, sévère.

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Elle agrippe le poignet de JJ pour lui faire comprendre qu'il faut se dépêcher. Elles n'ont pas leur place dans ce quartier : c'est trop dangereux, elles ne vont pas finir entières si elles traînent encore ici trop longtemps. Si elles doivent supporter ce dealer louche, il y a aussi les autres de tout à l'heure. Swann est désespérée à l'idée de revoir leur tête. Elle a juste envie de leur flanquer un coup pied dans les parties et de s'enfuir en courant. Tout de suite.

Le dealer a sa main tendue vers JJ - histoire de déposer le fric. Swann flanque sa main dans la poche du short à Riley pour en finir une bonne fois pour toute. Faire les échanges et au revoir. Adieu, plutôt. L'autre con et ses dames sourient. En quête de la liasse, il est prêt à les attraper quand Swann recule tout de suite. « La marchandise et après le fric ! » articule t-elle, sèche. Il est prêt à lui en foutre une, les deux putes sont aussi prête à taper de leur poing manucurés. Le gars s’exécute, jette le sachet par terre. JJ le récupère et Swann lui balance les billets à la gueule.

Tu les vois courir; les deux gazelles - vers d'autres horizons moins glauques. Elles s'enfuient. Une moto démarre derrière elles sur le trottoir. C'est le grand blond de tout à l'heure qui conduit, sans casque. « Cours JJ ! »

A présent, c'est la course pour survivre.