« Allez, allez, fais pas ta chieuse ! » Je tends la main. Elle finit sa gorgée et me donne la bouteille. Le monde tourne autour de nous, il n'est pas vraiment stable. Et d'ailleurs, c'est trop fun. Je bois une gorgée. Puis une autre. Au fond, ça brûle un peu, mais on s'habitue vite à ça. Elle sort une petite pilule qu'elle avale. « T'en veux pas ? » Je fais non de la tête et éclate de rire. Le sable me gratte le derrière. J'essaye de me lever. En vain. Elle se fout de ma gueule. Je pars dans un fou rire avec elle. Puis, je me mets à quatre pattes pour me lever en douceur. Un pas vers la droite, un pas vers la gauche. Merde, ça penche en avant, en arrière. Pas très stable tout ça. Elle me tend la main pour que je la lève. « Débrouille-toi ! » Elle peine à se lever mais y arrive plus vite que moi. Sans doute l'habitude. Je bois une autre gorgée, je ris, je lève les bras au rythme d'une musique inexistante. J'avance vers l'eau et trempe mes doigts de pied dedans. « AAH. Elle est gelée ! » Non pas vraiment, mais bon. Je tente de courir vers elle mais j'abandonne vite cette idée. Question d'équilibre. « Tombe pas ! Tu vas vider la bouteille ! » Elle rit, moi avec elle. Il y en a toujours d'autres dans son coffre de bagnole. Je la prends dans mes bras et lui colle un baiser sur la joue. « Oh putain, je t'aime tellement. » Elle me tape dans le dos affectueusement, on se retrouve sur le sol l'une sur l'autre. Je me mets à quatre pattes au dessus d'elle. « Tu comptes me violer Joplin ? » Je lui fais ma mine la plus sérieuse et méchante. Elle me repousse, je roule. On rit de plus belle. Pourquoi a t-on choisit la plage ? Aucune idée, c'est allé comme ça. On partais pour une soirée entre filles. Puis on a commencé à boire. Enfin, elle a commencé à boire, moi, je n'ai fait que suivre le mouvement. Puis hop, nous voilà sur une plage quasiment déserte. Ouais, quasiment parce que je suis sûre qu'il y a d'autres gens. Je me relève avec la même peine que plus tôt. Un mec passe. J'accours vers lui. Les variations de sol créées par le sable me font faire des pas bizarres. Une fois proche de lui, je le prends dans mes bras. « Booonjouuur étrangeeer. » « Hé, mais, attends-moi Gaiaachou ! » Elle arrive à " grand " pas. Je ne lâche pas pour autant l'étranger. « Et Marco t'en fais quoi ? » Je lâche enfin l'inconnu. « Marco ? » Elle acquiesce. L'étranger s'en va. Dommage, je l'aimais bien. « Oui, ton mec. » Je réfléchie. Je n'ai pas vraiment de mec... AH, oui ! Je ferme les yeux, le monde tourne d'autant plus. Je tâte la poche de ma veste en jean. Mon cellulaire. Oh et d'ailleurs, la bouteille, elle est où ? Enfin. Je sors mon cellulaire. Sparrow.

Elle attrape mon cell et s'éloigne un peu. Je m'en fiche et j'avance vers l'eau. C'est fun ces vagues qui viennent fouetter mes doigts de pieds. Je shoote dedans. « Merde ! ça mouille ! » Je me retourne. Elle a le téléphone sur l'oreille. Je l'entends balancer dedans. « MARCO, GAIA EST ENTRAIN DE SE NOYER A LA PLAGE. VIENS DE SUITE. » Elle rit, je rapplique. « Repasse-moi çaaa ! » Elle raccroche et me renvoie le cellulaire. Je lui décoche un coup de poing mou sur l'épaule. Elle tombe en arrière. Elle rit. Je ris, m'installe à côté d'elle. Tiens, elle a retrouvé la bouteille. Elle boit, me la passe, je bois. Une gorgée, deux, trois. Elle récupère la bouteille, mais la tend vers moi. Ouais, je comprends. Alors, elle me fait boire. Une gorgée, deux, trois, quatre, cinq. J'ai dû mal à tenir le rythme. Elle arrête en voyant que j'en échappe. Je lui fais la même. On rit. La bouteille est vide. Merde, ça, ça craint vraiment ! Elle me prend la main et me tend l'autre. Je regarde. Elle me tend un cachet, j'hésite. Oui, non ? J'ai jamais essayé, quel effet ça fait ? C'est pas bon pour la santé, ça va vraiment me pourrir en tant que danseuse ? J'ai peur, mais la tentation est là. Merde. Je le prends, ou pas ?

Je dois le prendre, oui ou non ? Merde quoi. J'ai l'impression d'abriter un concert de rock dans ma tête. La musique est forte, elle donne un putain de mal de crâne. Mais pourtant, elle envoie. Elle donne envie de secouer ce mal de tête. Alors au moment où j'allais céder à la tentation et m'enfoncer encore plus dans de concert de rock, une voix. Une voix représentant la sagesse. « Gaia ? » Ma main qui s'apprêtait à attraper le cachet retombe et je ne souris plus. Oui, merci. On est dans la merde. « Mais qu’est-ce que vous foutez bon sang ? » Je n'ose pas me retourner. J'ai trop peur de paraître trop allumer. Je ferme les yeux forts forts forts pour faire taire ce concert de rock. Pourtant, il y a toujours cette foule qui m'appelle. Bon sang, j'aimerais y participer. « Laisses là, lui refiles pas ta merde. » Ah bah. Une partie de la foute tentante se barre. Non, mais, attendez. J'allais vous dire oui. Attendez-moi. J'échappe un gloussement dû à mon élan de folie interne. Euké Gaia, tu délires. Le cachet a donc disparu, je l'ai suivit des yeux, il est allé droit dans les poches de... Sparrow ! Il me semblait bien que sa voix me disait quelque chose. Sa main enserre mon bras et me tire vers le haut. Non mais, je veux pas partir. Et puis je peux me lever toute seule. Oh ! Peut-être qu'il veut me faire un câlins. Je titube un peu. Mais en même temps, il me tire trop rapidement, mes pieds ne suivent pas. Il parle. Je n'écoute pas, je me concentre sur le sol. C'est dingue ce que c'est dur de marcher dans du sable ! Il s'arrête, ses mains sur mes épaules, ses yeux dans les miens. Les miens .. fuyards, allumés, fous. « Mais qu’est-ce tu fiches ? T’as pris un de ces cachets ? » Non. Je n'en ai pas prie. Pourtant, j'ai pas envie de lui répondre. Élan rebelle sans doute. Le concert de rock recommence. Je pars dans un éclat de rire. Tout n'est pas très clair dans ma tête. Le rock est désormais plus violent. Il m'emporte un peu plus. Et il me surprend. Tout comme je pense surprendre Sparrow en m'échappant de son emprise. Ouais, il devait pas penser que je bougerais. Alors me voilà, désormais sautant dans tous les sens en riant à gorge déployée. J'essaye de chantonner ce rock qui me pousse à agir ainsi, mais c'est une bouillie de paroles qui sort de ma bouche. Quelle horreur ! Moi qui chante plutôt juste d'habitude, moi qui déteste être dans le faux. J'attrape la main de Sparrow au passage et l'entraîne. « Vieeens ! » Je me rapproche de lui et me fais plus calme. Le rock se radoucit. Pas un slow, loin de là, mais un rock un peu plus doux. Je cherche la fille du regard, elle n'est plus là. Dommage. Je ferme les yeux, lève les mains. Tiens, j'ai dû échapper la main de Sparrow. J'ai l'impression d'être dans une foule immense qui bouge au même rythme que moi, j'ai l'impression d'être en communion avec des millions de personnes. Mon dieu, je deviens folle. Je me retourne face à Sparrow. Peut-être qu'il a parlé, peut-être qu'il m'a touché. Je n'ai rien sentit. Je le regarde, souriante, encore pleine d'énergie à revendre. A vrai dire, j'aimerais me jeter sur lui et lui rouler une pelle. Ce qui peut sembler cru dit comme ça, ou alors dénué de toute poésie, mais c'est la vérité. Le truc c'est que j'ai beau me sentir pleine d'énergie et plutôt adroite, je sais - suite à mes multiples trébuchement - que je suis pas au meilleur de ma forme question adresse et équilibre, mais question assurance surtout. Il m'aura stoppé avant que mes lèvres touchent les siennes. Mais merde. Qu'est-ce que j'en ai envie. Je le regarde, cligne des yeux, je ne bouge plus. Je ne souris plus. Je réfléchie à une technique. Ouais bah, j'sais pas hein. On verra bien.

Bien que ce que tu avais fumé altérait la moindre de tes pensées, tu arrivais à faire la part des choses, garder une part de lucidité. L’habitude certainement. Ainsi, lorsque tu compris que Gaia s’apprêtait à prendre ce petit cachet blanc, tu t’en emparas avant de l’enfoncer au fond de ta poche. Tu ne savais même pas pourquoi tu avais fait ce geste. Tu t’étais toujours dit que Gaia faisait ce qu’elle voulait de sa vie et que tu n’avais en rien à lui dire quoi que ce soit. Vous aviez beau être promis l’un à l’autre, vous faisiez ce que vous vouliez chacun de votre côté. Du moins, c’était ta vision des choses. Peut-être pas la meilleure, certes. Tu lèves alors Gaia en la tenant par le bras, lâchant à son amie qu’il était temps pour elle d’essayer de se remémorer le chemin qui menait à chez elle et d’éviter de refiler ses trucs à la rousse. Posant tes mains sur les épaules de cette dernière, tu la fixes dans les yeux alors qu’elle semble bien imprégnée de l’alcool bu auparavant. Elle fuit ton regard, semble ailleurs. Tu l’es aussi un peu en quelque sorte, mais bien moins qu’elle. Tu la soutins. Puis elle se met à rire, et tu sursautes presque en la voyant changer d’attitude comme ça. Elle t’échappe et se met à courir dans tous les sens, dansant sur le sable, déversant un flot de paroles inintelligibles. Tu la regardes calmement, un léger sourire apparaissant au coin de tes lèvres. « Vieeens! » Elle t’attrape le poignet, mais tu ne bouges pas, solide comme un roc. C’est elle qui s’approche et te fait face de nouveau. Elle te sourit et tu ne dis rien, te contentant de la fixer. Elle ne répond pas à tes questions et semble soudainement bien préoccupée. Comme si elle se battait avec ses pensées. Elle s’agite un peu, tu sens son regard sur tes lèvres. Il te faut un temps pour comprendre. Tu fronces les sourcils. Tu sais pertinemment que vous êtes promis l’un à l’autre, même si parfois, cela te sort complètement de l’esprit. C’est toi qui l’a en quelque sorte amené à se comporter comme ça. Et tu ne t’en sens pas vraiment coupable. C’est mal, peut-être. Vos lèvres se rapprochent le temps d’un instant, puis tu t’éloignes. « Je peux pas te ramener chez toi dans cet état, tes parents vont te tuer. » Tu coupes court à l’échange silencieux en quelque sorte. Un peu abrupte, tu le sais pertinemment, mais si tu l’embrasses alors bizarrement, tu penses que ce sera différent ensuite. Comme si tu étais quelqu'un de responsable. Alors que tu ne l'étais pas vraiment. Tu fais un pas en arrière, le regard embrumé. Tu penses soudainement à la mer juste derrière vous. « J’espère que t’as un maillot ? » S’enfoncer dans l’eau ne pourrait que l’aider à reprendre un semblant d’esprit. Ou peut-être pas. Mais enfin, même s’ils n’avaient pas de maillots peu importait. Il attrapa le poignet de Gaia, la tirant presque jusqu’au bord. Il enleva son t-shirt et son jean noir. Il se fichait bien de se retrouver en caleçon ou pas. La pudeur ne faisait pas spécialement parti de son vocabulaire. Il entra alors doucement dans l’eau, avant d’y enfoncer carrément la tête le temps d’une seconde. La fraicheur de l’eau fouetta son esprit, lui donnant presque mal au crâne. Puis, revenant à la surface, il fixa Gaia pour voir si elle ne s’était pas échappée entre temps avant de lui faire un signe de tête. « Bon qu’est-ce que tu fous ? » Léger sourire dans la pénombre.

Allez, allez, quelques malheureux centimètres à franchir et je cèlerai enfin notre premier baiser. Loin de là le dernier. Merde. Le concert de rock reprend de plus belle alors qu'il s'éloigne. Les émotions s'entrechoquent. Déception, colère. « Je peux pas te ramener chez toi dans cet état, tes parents vont te tuer. » Mais qu'est-ce que viennent foutre mes parents là dedans ? N'importe quoi ! De toute manière, je ne rentrerais pas chez moi maintenant, j'en ai vraiment pas envie ! Ils m'énervent eux. Mon rock mental se fait plus dur, plus métal. Sparrow fait un pas en arrière. Distance, il met la distance. Je sers un peu les dents, ouais, mes émotions sont multipliées. Pourtant, je sais qu'en une seconde, elles peuvent changées. « J’espère que t’as un maillot ? » Non, j'en ai pas. J'avais pas forcément pensé que je finirais ma soirée à la plage, rappelons-le, c'était censé être une soirée tranquille entre filles. Je n'avais pas spécialement prévu de finir torchée sur la plage. Merde, y a plus de vodka. Je me fais songeuse. Il peut s'en passer des choses si on finit à l'eau. Est-il conscient qu'il contribue à mon désir ? Est-il conscient que ça ne va que l'amplifier ? Sa main enserre mon poignet, il me tire jusqu'au bord. Je trébuche plusieurs fois. Il s'arrête enfin pour retirer son jean et son t-shirt. Je l'observe faire. Ma colère se transforme en satisfaction. Je le fixe alors qu'il s'avance dans l'eau. Je dois le rejoindre ouais, je dois vraiment le rejoindre. Il disparait sous l'eau. Hé mais, attend-moi ! Ne pars pas, Sparrow ! D'un geste légèrement nerveux, je repousse mes mèches rousses en arrière. Comme par magie, il réapparait à la surface me fixant. Non, je n'ai pas fuit, je suis toujours là. Je ne discerne pas ses expressions. Je ne peux pas dire s'il me regarde vraiment. Je discerne juste un signe de tête. « Bon qu’est-ce que tu fous ? » Je souris alors. Je défais les boutons de mon short en jean qui glisse le long de mes jambes pou finir sur le sol. Et alors, je retire ce misérable débardeur noir déchiqueté de tous les côtés. Finalement, me voilà en sous-vêtements. Ils sont noirs et à dentelles. Simples mais efficaces. Enfin, je crois. Toute prudence a disparut de mon esprit, j'avance d'un pas sûr, rapide, dans une eau fraîche qui provoque des frissons plus ou moins agréables. Au bout d'un instant, je plonge littéralement sous l'eau. Je ne sais pas vraiment où je suis, ce que je fais ou quoique ce soit d'autre. Mais bon sang, ça fait du bien. Je remonte à la surface. C'est dingue, je sais encore nager. Je m'approche de Sparrow. Je frissonne à nouveau. Merde, elle est fraîche. J'y ai été trop vite, la différence air / eau en est presque douloureuse. Mais je l'ignore. Seul Sparrow m'intéresse. Je m'approche de lui. J'ai ce truc à l'intérieur qui m'empêche de raisonner correctement, cette espèce de lueur. Ouais, je ne suis plus moi. Et le concert de rock mental s'excite. « Sparrow. Embrasse-moi. » Je l'exige. Je le veux. Je le souhaite. Je le rêve. S'il te plaît.

Tu la vois se déchainer, courir, danser avant qu’elle ne se rapproche de toi. Vos regards se croisent, elle s’approche un peu et vos lèvres ne sont plus qu’à quelques centimètres. Mais soudainement, tu te retires, faisant un pas en arrière dans le sable. Tu la fixe dans la pénombre, elle semble profondément frustrée. Tu n’es pas effrayé, non, il t’en fallait tellement plus que ça, qu’un simple baiser. Disons que tu ne sais plus ce que tu fais. Tu fais comme si tu étais responsable en mentionnant ses parents alors qu’au fond tu ne l’es pas réellement. Tu ne l’as jamais été, peut-être était-ce dû à ton an d’avance. Tu ne sais plus. Tu soupires, tu recules encore avant de penser subitement au bain de minuit qui s’offrait à vous, qui pourrait vous remettre les idées en place même si tu te sentais bien à ce moment présent. Tu enlèves alors sans aucune gêne tes vêtements, gardant seulement ton boxer et tu plonges dans l’eau froide l’invitant à te rejoindre. Même à travers la pénombre, tu peux encore l’apercevoir en train de se déshabiller et tu ne te gênes pas vraiment pour la regarder, appréciateur. Te retenant de dire qu’elle était plutôt pas mal foutue, elle plongea avant de reparaitre à tes côtés, les yeux brillants. Elle se rapproche, tu restes stoïque, n’arrivant pas même à réfléchir malgré la fraicheur de l’eau qui vous entoure et le calme environnant. C’est bien la première fois que tu la détailles autant. Elle est sérieusement pas mal, tu n’y avais jamais fait gaffe. Cette histoire de promis te passait parfois bien au-dessus et tu ne pensais pas réellement que cela pouvait avoir de l’importance pour Gaia, ou qu’elle puisse t’attendre. Toi tu ne t’étais à vrai dire pas gêné pour prendre de l’avance sur elle. « Sparrow. Embrasse-moi. » Tu n’es même pas surpris par ces paroles, le ton exigeant de sa voix. Il y a quelques minutes tu l’as évité. Elle parait bien plus sure d’elle malgré l’alcool qui doit lui couler dans le sang, chose qui t’arrache ton éternel sourire en coin. « Si je dis non ? » La situation t’amuse, la façon dont elle te le demande. Tu en joues peut-être. Tu restes un long moment silencieux, savourant l’emprise que tu as. Le joint te fait voir tout ça d’une manière différente, te fait penser autrement. Tu avoues hésiter un peu, tu n’as pas reculé pour rien la première fois. Mais finalement, tu t’en fiches. Tu l’attrapes soudainement par la taille, la collant presque contre toi, souriant de plus belle. Tu l’embrasses d’abord lentement au coin de la bouche, avant de finalement t’emparer de ses lèvres, les posant d’abord sur les siennes. Puis, avec une certaine langueur, tu vins titiller sa langue, l’enrouler, jouer avec et pendant un long moment vos lèvres mouvent ensemble, au même rythme. C’était la première fois que vous vous embrassiez de la sorte, et c’était plutôt agréable, même s’ils vous manquaient à tous deux la lucidité de vos gestes. Tu recules avec lenteur pour la laisser respirer. Tu vins poser ta main sur sa joue, un sourire taquin aux lèvres. Tu ne bouges plus, plongeant son regard dans le sien. Puis subitement, tu l’enfonces dans l’eau, la tête la première. Tu étais de nature calme, posée, néanmoins, il t’arrivait d’avoir des élans de débilité profonde.

Je me dois d'essuyer un refus. Un refus, puis des minutes silencieuses. Mon visage durci par l'exigence. J'en veux, je ne lâcherais pas. Puis, finalement, deux mains sur ma taille me collent presque contre lui. Un sourire et un ... baiser au coin des lèvres. Non, sérieusement ? C'est tout ? Et là. Ouais, là, c'est l'explosion. Mon cœur palpite et ça m'en fait mal. J'ai l'impression qu'il tente de s'enfuir de ma pauvre poitrine. Le concert de rock mental est à son apogée, c'est l'explosion. Le moment où tout le monde est content, le point culminant. J'ai l'impression d'entendre une centaine de chœurs, d'entendre tout un orchestre. Feux d'artifice. Un peu comme un feux d'artifices. Je suis transportée, envoyée sur Mars, Vénus ou quelque soit la planète. Les longues minutes, les longues heures ou longs jours d'attente sont enfin récompensés. Je ferme fort les yeux pour mieux admirer cette explosion monumentale. Je le savais, j'en étais sûre, Sparrow est plutôt doué. Je vais enfin faire plaisir à mes parents qui commençaient à désespérer de ne pas nous voir fourré ensemble. Ses lèvres se séparent des miennes. Je m'en fiche d'être à bout de souffle, j'aurais aimé continuer. Ouais, jusqu'à en mourir. Je me mords légèrement la lèvre inférieure, souriant timidement et regardant l'eau. Oui, ça y est. Sa main vient se poser sur ma joue, je relève le regard pour observer son sourire taquin. Quoi ? Taquin ? Pourquoi ? Aucun mouvement. Seul le bruit de l'eau. Je n'ose plus bouger de peur de perdre ce silence, de le briser comme un brise le cristal. D'un coup, trop rapidement pour que je m'en rende compte, je me retrouve plongée sous l'eau. Je bois la tasse. Panique un peu. Je me débats pour finalement remonter à la surface. Je tousse et m'essuie les yeux. « T'es con. » Je le pousse. Je dois avoir l'air ridicule. Je pourrais tout à fait le prendre à la rigolade mais là, ce n'est pas ce ton là que j'ai employé. Un ton plus dur, plus brutal. Ouais, man, je suis énervée. Mes émotions sont décuplées par l'alcool. « J'vois pas pourquoi mes parents t'ont choisit, ça aurait du se voir que t'allais devenir con. » Je m'écarte un peu. Ouais, je boude comme une gosse. Mais ça m'énerve royalement. Je m'avance pour sortir de l'eau. Je croise les bras sur ma poitrine. Il fait frais. Je ne regarde pas par dessus mon épaule, je me fiche complètement de ce qu'il fait. Enfin ... Pas vraiment, mais je dois lui donner cette impression. Je m'éloigne de l'endroit ou l'on se trouvait. S'il venait à me suivre, je me mettrais à courir. « Je le déteste. » Je murmure. « Je le déteste ! » Je hurle. Et de nouveau, je m'avance dans la flotte. Bien loin - enfin je n'ai pas vraiment beaucoup marché - de là où nous étions tout à l'heure. Il m'énerve. Rah. Quel con !

(c'est trop merdique, désolée, désolée, désolée, désolée)