Tu n’avais pas même remarqué ce matin que quelqu’un avait décidé de t’étriper pour ce que tu lui faisais vivre aujourd’hui. Ton esprit embrumé par la soirée du week-end, tu avais du mal à suivre quoi que ce soit, autant avec tes professeurs qu’avec tes amis. La journée se déroulait d’ailleurs bien trop lentement et il ne te tardait qu’une seule chose, retrouver ton oreiller et ta couette pour te laisser porter par Morphée, le temps de quelques heures.
Des filles le fixaient, lui Gale Bluester, certaines se foutant de lui sur ce que tu leur avais peut-être balancé. A vrai dire, tu n’y prêtais pas même attention. Peut-être en avais-tu parlé à deux personnes qui ne s’étaient certainement pas privées pour le révéler au quart du lycée. La façon dont tu avais joué avec lui pour l’avoir rejeté ensuite. Il avait été collant, tu détestais cela plus que tout. Ce n’était pourtant pas dans tes habitudes mais les problèmes avec ton père t’avaient rendu de mauvaise humeur et il avait suffi qu’il vienne t’aborder pour le prendre comme une cible. L’alcool coulant dans ton sang n’avait aidé en rien ton cerveau à fonctionner correctement cette nuit là et malgré ta quasi-lucidité, tu t’étais fichu ouvertement de lui. Que cette histoire ait autant de répercussion, tu ne l’avais pas réellement voulu. Mais le fait que Bluester puisse venir te faire chier de la sorte, tu avais eût du mal à le cautionner. Que l’on puisse l’arrêter dans les couloirs comme ça, la façon dont tu le rembarrais, te purifiait presque. Tu aimais bien le taquiner. Lui moins, mais peu importait finalement. Tu l’avais prévenu.

Les yeux encore fatigués, ton amie te racontait entre deux cours la façon dont il avait réagi ce matin, en classe sur la remarque que James lui avait lancé. Tu n’avais pu te retenir de rire à cet instant, le savoir dans cet état te plongeant dans un état de satisfaction extrême. Puis tu entendis maintenant ton nom, à travers le long couloir du lycée. Les lycéens se retournèrent vers celui qui venait de le crier. Gale, furieux. Tu savais que c’était pour toi, et tu ne réprimais pas le sourire en coin qui apparaissait au coin de tes lèvres. Oui, cela te distrayait presque. Les lendemains de soirée ne t’allaient pas, tu en paraissais plus mesquine peut-être. Lui, avait l’air de vouloir t’étrangler sur place. Ton cœur se mit à battre alors qu’il t’attrapait violemment le poignet. Ses doigts s’imprimaient sur ta peau et pourtant, pas un mot ne s’échappa de ta bouche. Tu t’attendais d’avantage à une scène publique de sa part. « Toi, tu viens avec moi. J'ai 2 mots à te dire. » Il t’obligea à le suivre, tu ne bronchais toujours pas, n’ayant pas le choix. Mine de rien, tu ne faisais pas le poids, au vue de sa grande taille. Il te poussa dans une salle de classe vide, sous les regards de tes amis. Le lendemain, tu avais conscience que des bruits courreraient dans les couloirs du lycée d’Oceanside, comme quoi vous auriez peut-être fricoté illégalement dans une classe. Il suffisait de bien peu aux gens pour lancer des rumeurs. Mais ce n’était pas l’idée principale qui te venait à l’esprit.

Il tourna le verrou de la classe et tu l’observas faire, immobile. Tu n’étais pas effrayée. « Bon toi et moi, on a un truc à régler ma p'tite. » Il te bloqua le dos contre le mur, ses mains appuyant fortement sur tes épaules, ne t’autorisant pas à te faire la malle. Tu n’en avais pas l’intention de toute façon. « Je crois qu'il est temps que t'arrêtes tes conneries, ok? Je suis pas ton putain de jouet! » Baissant les yeux sur ton poignet endolori, tu le frottas pour faire passer la douleur, laissant planer le silence autour de vous. « Putain, t’es obligé de me faire mal comme ça Bluester ?! » La colère s’empara de toi. Te réveillant peu à peu de cette torpeur dans laquelle tu étais plongée depuis la matinée, il commencait à t'énerver. Tu ne supportais pas de l’appeler par son prénom. Néanmoins tu restas immobile, relevant les yeux pour croiser son regard. Sourire sarcastique. « Me coller c’est devenu un peu ta spécialité non ? Je sais que tu ne peux te passer de moi, mais quand même. » Ironie. Tu n’étais pas narcissique ni foncièrement méchante. Tu ne l’avais jamais été réellement d’ailleurs. Seulement ce mec là, avait le don de faire ressortir ton côté le plus sombre, de te sortir de tes gonds, sans que tu puisses toi-même le comprendre, au fond. « Mon jouet.. j'aime bien. Désolé mais c’est bien trop tentant de te faire chier. Va falloir faire avec. Et puis remet-en un peu. » De la provocation, pure et simple. Tu aimais l'attaquer de la sorte, sachant qu’il redoublera d’effort à son tour. Tu ne pensais peut-être pas toutes tes paroles, mais il était bon de le rendre furieux. Tu approchas ainsi ton visage du sien avant de chuchoter, lentement, continuant de le fixer dans le blanc des yeux « Et puis j'aime bien te voir t'énerver comme ça..»

Spoiler: