Ses pieds nus s'enfoncent dans le sable fin, tiédi par la nuit approchante. Au loin, la mer roule et vient s'écraser aux pieds des premiers fêtards. Un haut feu de joie illumine la foule d'une lumière crue. Le soleil s'apprête à s'enfoncer dans les flots. Rani inspire l'air marin, s'emplit les poumons des odeurs de viande grillée et de fumée de cigarettes. Elle sent dans ses muscles endoloris toute la fatigue du match qu'elle a disputé dans l'après-midi. Les bleus sur les tibias, les mains écorchées, les bras raides, tendus, nerveux. Autant de cicatrices qu'elle porte comme un trophée : le lacrosse a une grande importance dans la vie de Rani, il lui a permis de consolider l'équilibre précaire qu'elle a créé après la mort de sa mère. Chaque match, chaque entrainement est un instant de paix et de liberté dans le quotidien étriqué de l'adolescente. Alors lorsqu'il s'agit de gagner ... Gagner lui donne la sensation d'être invincible. Et entourée de ses coéquipières, Rani se sent intégrée. Une sensation qu'elle ne souhaite pas renier, elle qui cherche par tous les moyens à ne pas rentrer dans le moule imposée par ses professeurs, ses parents et la société.

Rani s'étire une dernière fois, libère ses cheveux qu'elle avait tressé pour le match, dépose son sac et ses chaussures dans une tente -elle les récupérera bien plus tard, ne garde que sa carte d'identité -la vraie ? la fausse ? et quelques billets, se plaque un sourire mutin sur les lèvres, et se décide enfin à approcher le cœur de la fête, qui commence doucement à se mettre en branle. La musique a déjà commencé à s'emparer d'elle, et elle avance en rythme, un pied après l'autre, le sable pourrait presque avoir la texture des nuages. Elle repère bien vite le stand qu'elle cherchait. Après toute l'agitation de l'après-midi, l'adrénaline encore présente dans ses veines, l'odeur des hot-dogs lui donne presque un haut le cœur. Mais ce soir, Rani ne s'en éloignera pas. Car parmi les lycéens s'en occupant, elle reconnait bien vite la chevelure claire de sa sœur. Sa petite sœur, sa petite Sari, présente à sa première fête étudiante. Son cœur de mère se serre. Elle se sent soudain bien vieille. Mais elle n'en oublie pas moins sa mission, ni ses principes. Elle a certes autorisé sa sœur à venir, mais hors de question que celle-ci se laisse tenter par quelques bêtises qui seraient pourtant digne de son âge. Ce soir, Rani l'a à l’œil. Et gare au premier qui approche Sari, si sa tête ne revient pas à sa sœur ...

∆ suavemente, besa me.

Des cris surgissent des gradins. Les joueuses de l'équipe d'Oceanside ont gagné le match. Lennon s'en fou un peu. Elle est assise devant à côté de Summer. L'arbitre n'a pas encore annoncé la victoire qu'elles sont déjà parties dans la voiture du chauffeur de Summer. Mario. Il fait délirer Lennon. Elle se fiche constamment de sa gueule. Mais gentiment, bien sûr. Elles foncent chez Summer et passent en revues une bonne dizaines de fringues avant de trouver la tenue convenable. Lennon enfile une tunique blanche transparente qui laisse voir son maillot de bain bleu azur bandeau. Elle passe des tropeziennes couleur chair, attrape un petit sac marron en bandoulière contenant son portable, du cash et des faux papiers (pour l'alcool, au cas où elle s'appelle madame Carla Lepers, 22 ans, stripteaseuse...), attrape Summer par le bras et filent dans la voiture du chauffeur. Lennon s'assoit à la place du conducteur et met le moteur en marche. Le compteur affiche 150 km/h. Ouais bon, être dingue de la vitesse, ça plaît ou pas hein.

Les deux blondes arrivent sur la plage qui commence doucement à se remplir. Lennon lance d'une voix plutôt satisfaite à Summer : Bon, je sens qu'on va bien s'éclater. Alors, on va à l'eau ou on bois.. Ou les deux ? Et Lennon sourit, pensant à cette soirée qui s'annonce bonne. Et elle a un compte à régler, pour le champagne dans ses cheveux de l'autre soir... Merci qui ? Joyce, bien sûr ! Qui d'autre pour une pareille attention ?

Les Lacrosse avaient gagnées leur premier match de la saison. Ce n'était pas vraiment étonnant, les filles constituaient la meilleure équipe depuis des années, et de loin. Pam était la capitaine, mais aussi un des meilleures amies de Jillian. La blonde était donc dans les tribunes, hurlant comme une folle pour encourager Paloma, Drizzle et Loann, ses copines pour la vie, malgré la rivalité latente entre Lacrosse et Cheerleader. Cette victoire écrasante était une excellente raison de faire une maxi soirée à la plage, qui promettait d'être absolument grandiose. Bon, bien sur, âgée de seulement dix sept ans, Jill était mineur, et même carrément mineur. Et comme il était hors de question qu'elle tourne à l'orangina toute la nuit, elle avait prit soin de se munirde sa fauss carte d'identité. Il était impressionnant e voir à quel point il était facile de s'en procurer une en Californie... Elle s'appelait désormais Eleanor Palmer, et était une serveuse âgée de vingt cinq ans. Jillian savait que la carte passerait sans problème, elle avait toujours fait plus vieille que son âge, et de toute façon il y avait peu de chance pour que les gens soient très regardant : tant qu'elle payer ses consos, c'était du bénéfice en plus pour eux. C'est donc toute imprégnée du personnage d'Eleanor qu'elle se rendit à la soirée sur la plage, en voiture bien sur, certainement pas à pied.

Jill se gara, sortit et verrouilla les portière, glissant les clés dans sa pochette rouge. Soirée plage oblige, elle avait opté pour une tenu plutôt décontracté : short en jean effilé, t-shirt blanc tombant légèrement sur l'épaule et spartiate marrons. La journée était finit mais le soleil avait brillé sans se lasser sur la Californie et il faisait encore excessivement chaud. Jillian passa une main dans ses cheveux d'un geste machinal. Elle ne savait pas trop qui elle retrouverait à cette soirée, surement les filles de Lacrosse et donc ses copines, les cheerleaders, qui manquaient rarement une soirée, les gars de l'équipe de Basket et sans doute toute une smala d'autres élèves qu'elle ne connaissait pas. Cet atmosphère de fête et de soleil ne laissait pas vraiment croire que l'année scolaire avait bel et bien démarré. Jill sortit son blackberry de sa pochette et pianota rapidement 'Vous êtes où les chéries. Je supporte mal la solitude je vous préviens...' à l'intention de Paloma, Drizzle, Loann et Leven. Il y avait déjà des gens sur la plage, et Miss Hawkins chercha avidement un tête connue, peu désireuse de rester plantée là.

Ce fut vers les alentours de dix-sept heurs que je vis le message sur la page facebook parlant alors de la soirée pour la victoire de Lacrosse . On allait faire la teuf, on allait s'éclater et ça je le sentais. J'étais prêt depuis une demie-heure avant la soirée, j'étais habillé décontracté de fou. Short jusqu'au genou, débardeur et tong aux pieds, j'allais m'amuser. Je me dirigeai vers la plage avec un pack de bière acheté par un de mes meilleurs potes. J'avais laissé le pack dans la voiture, et j'en avais pris une dans la main et je me dirigeai vers la plage où il y avait déjà quelque personnes. Je me mets dans un coin, et pose ma bière sur le sable. Je sors de ma poche mes affaires : cigarette, de la beu - c'était super cool, ça - et une feuille à rouler. En moins de six minutes, j'avais fini rouler et je mis le joint à mes lèvres pour finir par l'éclater. Il était bien tassé, parfait comme je les aimais. Je pris ma bière dans ma main de libre, et me dirigea vers le monde.

Le DJ était parfait, et mettait de bonnes musiques qui pouvait faire une très bonne ambiance. « QUI VEUT FUMER ? », criais-je alors d'un coup. Ouais, j'proposais un peu de mon joint, j'étais poli, non ? Cette soirée, je voulais finir complètement déchiré à la bière et au joint. Ouais, les boissons alcoolisées étaient interdites pour les mineurs, mais j'allais trouver un petit stratagème.

❥ Ce soir c’est direction la plage. Ouais, j’ai entendu parler d’une éventuel fête qui durera toute la nuit, il y aura tout les lycéens. Alors sincèrement je me suis dis : Pourquoi pas ! Après tout, je suis une fille très connue du lycée et je ne manque jamais une seule soirée et puis franchement sa promet une soirée comme ça. En début d’après-midi j’ai commencé à chercher comment j’allais m’habiller pour ce genre de soirée, il fera chaud et en plus il y aura de l’eau. Donc j’opte pour un débardeur blanc moulant assez décolleter et sexy, ainsi qu’une jolie jupe noir léopard noir et blanche. Ainsi qu‘une paire de ballerines noir. Bon ce n’est pas tout à fait le genre de tenue que je porte habituellement mais là ce n’est que pour l’occasion et puis c’est habillé comme ça que j’arriverais certainement à repartir avec un garçon. En tout cas je l’espère. Une fois ma tenue choisie je me suis rendu dans ma salle de bain, j’ai pris une bonne douche bien fraîche et j’suis ressortie une demi-heure après pour enfiler ma tenue de soirée. J’attache mes cheveux bouclés à l’aide d’un élastique et j’en profite pour me maquiller fond de teint, crayon noir, mascara noir, fard à paupières noir. Un truc vraiment gothique malgré que c’est loin d’être mon style. Bref, la journée c’est déroulé dans mon salon devant un film d’horreur avec un pétard dans la main et un verre de vodka-pomme dans l’autre. A l’aise comme si rien n’était important que ce moment-là.

Puis arriva l’heure de la soirée, j’enfile une veste légère. Je décide de laisser mon téléphone à la maison afin que personne ne m’embête pour que je leur vende quoi que ce soit, ce soir je ne pense qu’a moi. En arrivant là-bas, je constate qu’il y avait déjà beaucoup de monde, j’acquiesce un sourire. Sa c’est de la soirée. J’arrive donc près du comptoir, je commande un verre d’alcool mais mademoiselle ne veut pas m’en vendre parce que je suis encore mineure. J’hurle après elle, ensuite un homme vient la rejoindre pour voir le problème du coup il me prend à part. J’en profite pour lui faire de l’œil et il finit par craquer suite à ça, j’ai en main un beau verre lumineux de vodka-pomme. J’étais déjà bien fraîche alors sincèrement sa promet tout ça. Un homme que je connaissais proposa à quelqu’un de fumer. Je finis par m’éloigner de lui pour éviter de le croiser. Je me pose près des marches en bois, je roule alors un bon bédo en toute tranquillité.

“ OCEANSIDE BEACH PARTY ”

J’avais promis de supporter les filles durant le match malgré que je sois suspendue et j’avais tenu ma promesse. J’étais restée assise sur le banc pendant toute la durée du match en me faisant royalement chier. A quoi bon porter un short aussi court pour rester seulement sur le banc de touche. J’étais tout de même assez heureuse que les filles remportent le match, on avait écrasé ses salles garces et plus d’une auraient reçu ma crosse en tête tellement elles étaient insupportables. Une soirée sur la plage s’organisait tranquillement, mais je devais absolument passer par chez moi afin de prendre des affaires de rechangent. Troquant ma tenue de lacrosse pour un short en jean et un débardeur blanc, cachant mon maillot noir en bandeau. Passant un coup de brosse dans mes cheveux, j’entendis le bruit d’une voiture surement celle de Jordan. On devait passer le début de soirée ensemble. En gros boire, fumer et être carrément bien en arrivant à la plage.

Attrapant mon téléphone afin d’envoyer un message à Mae chou pour qu’elle ramène son gros boule : « Bitch, j’espère que tu viens à la soirée t’a bouille me manque un peu beaucoup énormément. Love you maou » Je lance un clin d’œil à Jordan et range mon téléphone dans la poche de mon short. Mauvaise idée ? Je sais, si je le perds pas c’est que je suis vraiment une championne. Augmentant le son de la musique qui passait à la radio je me mis à danser en rigolant. J’avais gavé Jordan pour qu’il m’accompagne et je suis assez fière d’avoir réussi. « Chouchou ! » dis-je en rigolant déposant mes lèvres sur sa joue pendant qu’il conduisait. Il se gara rapidement près de la plage et vu le monde qu’il y avait sur la plage, on était carrément pas en avance. Tant pis ! M’avançant, j’attrapais le bras de Jordan en souriant. « Ça va être bien drôle cette soirée sur la plage. » annonçais-je en l’emmenant jusqu’au lieu de la soirée. Sortant de nouveau mon téléphone je ne vis aucune réponse de mae : « Si tu viens pas, je te ramène par la peau des fesses ! » Ouais je crois que j’étais l’amie la plus adorable du monde. Humidifiant mes lèvres, je détaillais un peu les gens du regard… Rien de bien intéressant pour le moment. Mais bon le principal c’est qu’aucune crise ne se manifeste ce soir… Parce que la mer trop près de moi c’est pas bon signe. « On va boire ? » demandais-je en plantant mon regard dans le sien. Ouais j’étais déjà bien alcoolisée, mais bon un verre de plus ou de moins c’est pas embêtant et puis il fallait que j’oublie que j’avais passé le match assise sur le banc…

J'étais posé en train de fumé mon petit joint, j'avais alors proposé aux gens déjà présent si quelqu'un voulait fumer. J'étais généreux pour ce soir, je faisais partager ma marchandise. J'entendis alors une voix me dire que j'étais en mode généreux ce soir, me retournant, je vis alors Roberto. Lui, c'était mon meilleur pote depuis que j'étais arrivé dans cette ville. Il connaissait ma vie de A à Z, comme l'inverse. Bref, on fit notre tchek comme tous les jours que l'on se voyait. « Moi ? Attends, tu m'connais, non ? », disais-je en rigolant. Je lui donnais alors mon joint, je voulais qu'il tire dessus, moi j'avais déjà la gorge sèche et j'avais besoin de boire un peu de ma bière. Je regardais les alentours, et j'aperçus un peu au loin, Maxine. Je fis un petit sourire, j'avais décidé de la laisser tranquille pour cette soirée là... A part si je suis complètement mort. « Concrètement, poto. Tu comptes gérer des meufs ce soir ? », lui demandais-je. Lui et moi, on était plutôt radical avec les filles. Soit on gérait, soit on gérait pas. « Regarde, y'a Madge. Je suis sur qu'elle m'a déjà vu jouer des matchs. Putain, faudrait vraiment que j'aille lui parler cette meuf. Elle est trop douce. », lui disais-je en rigolant.

Il fallait attendre que je sois bien bourré ou défoncé pour que je puisse aller voir des filles. C'était les meufs populaires, on pouvait pas y aller comme ça à l'arrache. C'était mieux quand t'étais complètement mort, et que la fille aussi était complètement morte.

Oh ce match était vraiment génial ! J’adore aller supporter Ivy et son équipe lorsque les filles jouaient, je me déchainais à chaque fois pour les soutenir. La théâtreuse en moi se manifestait à chaque fois, je vivais chaque minute de match comme si j’y étais. Totalement dans l’ambiance que la victoire avait déclenchée, je décidais d’aller à la soirée sur la Plage. En même temps, quoi faire d’autre ? Mais auparavant, il y avait quelques arrêts obligatoires : la maison pour prendre une bonne douche, me remaquiller, choisir une tenue, une fine robe noire sur un maillot de bain rouge allant parfaitement avec ma peau de porcelaine et ma crinière de feu. Parfaite ! Elias rentre dans la salle de bain au moment où je me mets du mascara. S’en suit les questions : où tu vas ? Avec qui ? Etc. Une fois que je lui ai répondu, je lui demande où il va lui. Il va diner avec son nouveau mec. Je trouve ça tellement plus romantique entre deux garçons. Je récupère un sac, clefs, papiers, fausse carte d’identité - Charlie Horson, 23 ans, étudiante en littérature -, bouteille de tequila. Je l’embrasse, lui souhaite de passer une bonne soirée. Arrivée dans l’entrée, je me chausse et attrape un sweat que je laisserai surement dans la voiture. Caressant mon bouvier qui est en plein milieu du chemin, je lance : « Bouge Saxon ;… à plus maman ! », et je quitte la maison.
 
Arrivée près de la plage, je gare ma Mini près de l’entrée, entre toutes les autres voitures. Je retire mes talons pour pouvoir marcher pieds nus dans le sable fin et encore chaud malgré la nuit qui tombe depuis un moment déjà. Je salue de la main quelques personnes du bahut que je reconnais. Un DJ passe de la musique, des groupes discutent déjà entre eux. Je traverse la foule en écoutant quelques commentaires. Parait-il qu’il va y avoir un concours de t-shirts mouillés, du beach volley, on parle de beer pong, oh je suis une grande professionnelle de ce genre de jeu d’alcooliques. Cette soirée promet. Un jeune homme crie « Qui veut fumer ? », je le reconnais, je crois qu’il est basketteur... Je me doute qu’il parle d’un joint. Oh, pourquoi pas, ça fait un petit moment que je n’ai pas goûté à ce paradis artificiel ! Le temps de le rejoindre, un autre jeune homme est arrivé. Je les entends discuter meufs, et alors, eux aussi sont considérés comme de la viande bien souvent, ce qui m'intéresse est ce qu'il a dans la main. Encore une fois, je vais parler à quelqu'un que je ne connais pas... Je m'en fous, j'ai un objectif... Je lance, agrémentant le tout d’un large sourire, les yeux pétillants : « J’ai de la tequila, ça te dit un échange de bons procédés ? » Et en plus, s'il accepte,... la tequila l'aidera surement mieux à avoir la douce Madge qu'un malheureux bédot...

« Le cours est terminé. » Cette phrase tu l’attendais tellement. Ca fait plusieurs heures que tu pourris dans cet établissement que tu ne supportes déjà plus. Le problème c’est que tu as toujours mis un point d’honneur à accomplir tes devoirs. Tu te retrouves donc l’élève le plus assidu de la promo. Une grande majorité te prenne pour un fou qui ne pense qu’aux études et tu les comprends lorsque tu te pointes à 8h du matin à l’amphithéâtre alors que tu sors à peine d’une soirée bien arrosée et c’est bien en ça que tu les plains aussi. Au final tu sais ce que tu veux et ce n’est pas plus mal que ça, n’est-ce pas ? Tu ranges donc tes affaires en vitesse, le sac sur les épaules tu descends les marches deux par deux et tu déboules dans le couloir bondé. Il est tôt encore et tu n’as rien de prévu ce soir, alors que demain tu n’as pas cours. La fac a tout de même certains avantages. Tu marches sans but en écartant ceux qui foncent sur toi sans regarder, ton regard est instable, tu crois que tu es malade mais c’est juste l’heure que tu viens de passer à dormir sur tes cours qui te met dans cet état. C’est bête pour toi, tu as encore voulu en faire trop et du coup t’as raté une bonne dizaine de feuilles de notes. Puis tu te révoltes enfin, tu es en week-end après tout, les problèmes d’étudiants sont derrière toi pour les prochains jours à venir. Tu sens ton portable vibrer dans ta poche, tu le sors et tu souris bêtement. Soirée plage ce soir, alcool interdit pour les mineurs. Tu ris cette fois en pensant à la fausse carte d’identité qui est rangée dans ton portefeuille. Tu sais quoi faire alors, tu rentres chez toi à Sea Village et tu te sapes comme il faut. Tu n’y vas avec personne, tout seul, tu rencontreras peut être des gens là-bas, qui sait. Tu enfiles directement ton maillot, c’est un short qui est aussi parfait pour une tenue dite normale. Tu sautes dans ton Aston Martin et tu roules jusqu’à la plage. Il y a déjà du monde et tu galères à trouver une place. Tu en vois déjà qui sont frais, tu trouves ça drôle mais aussi déplorable. Tu files vers un stand, tu tends ta fausse carte d’identité et tu prends un verre d’un cocktail à base de vodka. « Le tournoi de beach c’est où ? » On t’indique un lieu que tu rejoins directement, ton verre à la main. Tu te mets torse nu et tu attends près du terrain.

Je venais de finir ma bière, et mon meilleur pote me repassa le joint. Je m’empressais de tirer à nouveau dessus, je voulais être défoncé le plus vite possible. Je regardais Madge, elle était réellement canon et mon pote avait pas tort. Soit elle me claque, soit elle m'embrasse, c'était du clair et net. Alors que j'avais dit cela, un camarade de l'équipe de basket passa à côté de nous, avouant qu'elle était vraiment douce. Il s'approcha d'elle et l'embrassa, devant nous. Un peu pour nous en mettre plein la vue, je soupirais et regardais alors Roberto : « T'sais quoi ? Lui, j'vais lui casser ses dents, un de ces quatre. Il se la joue vraiment, sa copine là, j'vais la lui piquer, t'inquiète pas. », disais-je dans un léger soupir. Levant ma tête, je vis une fille postait devant nous, une petite rousse. C'était une fille du club de théâtre, club auquel je faisais parti, il y a quelques temps. Elle souhaitait échanger le joint contre la tequila, et Roberto en profitait pour rajouter que je ferais n'importe quoi pour de l'alcool, il n'avait pas tort. « Et, tu fais partie du club théâtre toi ? Je t'avais déjà vu pleins de fois quand j'étais encore au club. », lu déclarai-je avec un sourire, elle m'avait surement aperçu.

« Allez, tiens. C'est bien parce que t'es belle. », disais-je en rigolant. Je tendis mon joint, et elle me tendit sa tequila. J'ouvris rapidement la bouteille, et but quelques gorgées. « T'en veux, mon pote ? », demandais-je à Roberto, en lui tendant le fameux alcool.

On est finalement arrivé en un seul morceau, et je pousse un soupir de soulagement en avançant sur le sable fin. En revanche j’en connais un qui n’a pas eu cette chance, et j’éprouve une once de remord passager envers ce pauvre hérisson. Paix à son âme. J’ai besoin d’un verre, d’un joint, j’ai envie de me foutre la tête à l’envers. Mais non, pas ce soir. La retenue très cher, c’est bon pour les affaires. Je me tourne vers Drizz’, prêt à lui dire un truc super intéressant, cela dit j’ai à peine le temps d’ouvrir la bouche qu’une nana me pousse de ses deux mains et commence à m’insulter, le visage rouge comme une tomate. Elle a ses règles ou quoi putain ? « Eh, calme-toi là tu vas me faire un arrêt cardiaque. » Et c’est reparti que je t’insulte, et je prends même une baffe en prime. Ok, c’est dans ces moments là que les gens ont de la chance que je sois un mec calme et réfléchi, parce que j’ai sacrément envie d’agripper sa tignasse pour la faire taire. Elle me parle de mon herbe –et je resserre instinctivement mes doigts sur le sac plastique qui repose au fond de la poche de mon blouson-, de son petit frère, et je ne tarde pas à faire le calcul. Elle a du surprendre son boutonneux de frangin avec un joint contenant ma beuh, et maintenant elle vient me faire une leçon de morale. Je la laisse parler sans moufter, hochant la tête de temps à autres, et elle finit par partir d’elle-même. Finalement, je lève les sourcils en observant Drizzle qui n’a pas bougé d’un iota. Si elle rit … elle n’a pas intérêt à rire. « J’crois qu’on ferait mieux de se séparer, non ? Je n’voudrais pas que tu finisses en torche vivante. » C’est tragique quand même, qu’on ne puisse pas traîner ensemble sans avoir une poisse monstrueuse. Je lui souris avant de me diriger vers le stand de boissons que je suis censé tenir.

J’vois Rani qui campe près du stand de sa sœur qui jouxte le mien, aussi je la salue d’un signe de la main en secouant la tête d’un air désespéré. La blonde est toujours collé à ses basques, y’a bien un jour où elle va lui filer entre les doigts pour aller faire une grosse connerie. M’enfin, tant qu’elle a l’illusion d’avoir le contrôle elle se sent mieux et c’est quelque chose que je peux comprendre. Je m’accroupis derrière le comptoir histoire d’évaluer le matériel, sortant les gobelets en plastique –super polluant- et dévissant quelques bouteilles. Mais au bout de dix minutes, je commence à m’emmerder sérieusement. Parce que ces petits cons ont apporté leur propre alcool, franchement à quoi je sers ? En plus c’est une meuf du club de théâtre qui brandit sa bouteille de Tequila, elle est où la solidarité là … J’enverrai bien un petit chef de la soirée pour les emmerder, mais je suis persuadé qu’ils sont eux-mêmes en train de se saouler dans un coin. Je suis sur le point de m’endormir, la joue enfoncée dans la paume de ma main, quand un brun vient me réclamer un Blue Lagoon, celui qui a fait une teuf y’a pas longtemps. Léandre, si je me plante pas, et je mettrai ma main à couper qu’il n’a pas l’âge requis pour picoler de l’alcool fort. Je louche sur sa carte d’identité, l’attrapant vivement pour la retourner dans tous les sens. « Hm, pas mal faite. » Un sourire se dessine au coin de mes lèvres tandis que je verse la vodka en lui rendant son morceau de plastique. J’ai décidé de jouer les cons ce soir, après tout comment je suis censé distinguer une vraie d’une fausse hein ? C’est pas comme si j’avais un pote qui se chargeait de les faire … D’ailleurs celle-là n’est pas de lui, faudra que je lui parle d’une éventuelle concurrence. Bien sûr si c’est un morveux que je n’peux pas me blairer il est possible que je l’envoie sur les roses, autant abuser un peu de mon semblant d’autorité. J’indique le tournoi de beach à mon ‘client’ avant de me servir de la bière. Ouais ouais, faut bien un avantage à tenir ce stand de merde. Je repère alors Alexys qui a déjà l'air bien faite. Soit je l'ai raté de peu à mon stand, soit elle a fait comme tout le monde et a pris ses munitions. En tout cas, elle a l'air un peu perdu, aussi je ne manque pas de garder un oeil sur elle comme je le fais toujours, histoire d'anticiper les emmerdes.

Je sais pas quelle heure il est, je vois juste le soleil en train de se coucher, j'suis en bikini rouge sang brodé de fils dorés, le cul dans le sable, les vagues viennent me lécher les jambes jusqu'au cou. J'ai coincé mon verre de vodka à côté de moi dans le sable, je sais plus combien j'en ai bu mais j'ai encore les idées claires, l'état que j'affectionne tellement de hyper-over-méga-torchée veut pas venir, pourtant dieu sait que ça me ferait du bien ce soir. Je suis pas allée en cours, j'ai passé ma journée au fond de mon lit en grosse larve que je suis, envie de rien, même pas de ramener mes fesses à cette soirée en l'honneur de gonzesses que je connais à peine, pourtant je suis là, dans mon petit bikini, les cheveux remontés en chignon sur ma tête et l'air plus déprimée qu'autre chose. Je soupire, vide mon gobelet d'une traite et finis par me lever. Ca tangue un peu, il me faut un instant avant de pouvoir récupérer une vision à peu près claire, mais je me dirige un peu plus lentement vers le bar. Je récupère au passage ma petite sacoche pour en tirer un paréo blanc que j'attache autour de ma taille, mon paquet de Marlboro, je m'allume rapidement une clope et je soupire, j'ai envie de rentrer chez moi.

Mais voilà j'ai prévenu Cerbère pour cette soirée et je pense qu'il pigera pas si je me pointe pas alors que je lui en ai parlé. Je l'ai vu, d'ailleurs, d'abord entre deux jeunettes puis dans la flotte pour jouer au volley avec une autre gonzesse sur les épaules. Ouais, en fait je serais quand même mieux au fond de mon lit, mais puisque je suis là, autant me biturer la gueule jusqu'au bout. Je me repaye un verre de vodka avec une part de pizza, pas très équilibré mais boire à jeun c'est jamais vraiment bon. Un mec m'accoste, inconnu au bataillon, il me parle, il essaie de me draguer, m'attirer dans un coin pour tirer son coup. Ses doigts finissent par effleurer ma nuque, juste là où ma clef ânkh, la clé de vie égyptienne, est incrustée à l'encre noire sous ma peau, cadeau de Cerbère pour mes vingt ans. Je me recule presque brutalement. « Touche pas. » Incompréhension, je hausse les épaules et je me tire, je me faufile entre les jeunes.

Et le revoilà le chien des enfers. Je le suis un moment du regard, j'hésite, j'vais le voir ou je reste dans mon coin ? Finalement l'envie est trop forte et je le chope par le bras en me composant le masque de la fille un peu pompette que je sais si bien faire. Il a pas besoin de savoir que je vais mal, encore moins que c'est à cause de lui. « On dit plus bonjour à sa meilleure amie, espèce de p'tit con ? » J'esquisse une moue faussement boudeuse, les sourcils légèrement froncés au-dessus de mes yeux verts, finalement je me hisse sur la pointe des pieds pour coller un baiser sur sa joue. Parfois, mon petit mètre cinquante-huit est un vrai handicap. « Comment tu vas ? » Et j'sais déjà que j'vais devoir lui mentir et dieu sait que j'déteste ça.