Casque sur les oreilles, musique à lui en crever les tympans, elle courait autour du terrain de sport, l'esprit complètement ailleurs. Ayant son après-midi de libre, Bonnie avait décidé de se pointer sur le terrain de basket du lycée de Oceanside, après que des étudiants du bahut l'aient attaqués à coup de prospectus réduis en boules. Elle avait simplement fini par s'enfuir en courant tandis que leurs rires raisonnaient dans son dos. Courir lui permettait de faire évacuer ses soucis quotidiens et de se détendre. Le sport, hormis l'écologie, était un domaine dans lequel elle excellait, et elle n'était pas peu fière de pouvoir s'en vanter. En venant ici elle espérait y trouver le coach Connor, afin de le supplier, une énième fois, de l'intégrer dans l'équipe de Basket du lycée. Mais pas de coach en vue, ce jour-là. L'unique personne présente sur le terrain, hormis Bonnie, c'était Edd Wilkes. Naturellement l'étudiante l'avait vu apparaître en haut des gradins quelques minutes auparavant, mais elle ne s'était pas arrêtée pour le saluer, ni l'invité à la rejoindre sur le terrain. Non, à la place elle avait simplement continué ses tours de pistes. L'échauffement, c'était sacré à ses yeux. Lorsqu'elle eut finalement fini de s'étirer et de reprendre son souffle, elle traversa le terrain en direction de Edd. Elle était souriante, heureuse finalement de le voir malgré leur relation conflictuelle. Ils étaient un peu comme deux grands gamins qui ne s'avouaient jamais vaincus. L'intérêt à chaque fois était de battre l'autre. Non pas qu'ils étaient mauvais perdants, au contraire, c'était juste une foutue question de fierté. Battre l'autre pour sauver leur honneur. D'ailleurs Bonnie aimait régulièrement rappeler à Edd qu'elle l'avait battu à un match lors de leur rencontre. Lui, le basketteur du lycée de Oceanside, se faire battre par une simple étudiante qui aspirait à changer le monde. « Wilkes ! » le salua-t-elle, à sa manière alors qu'elle retirait ses écouteurs pour les ranger dans son sac. Elle fixa le grand brun joyeusement, toujours aussi fière d'avoir réussi à le remettre à sa place alors qu'il s'était moqué d'elle. Bonnie ignorait pourquoi il était là, mais sur le moment, ce n'était pas ça qui la préoccupait. Elle supposa qu'il venait prendre sa revanche. Comme quoi certaines personnes aimaient récidiver. « Tu viens prendre ta revanche ? » finit-elle par demander néanmoins.

« Athlète et intelligente ? » rétorqua-t-il du tac-o-tac, alors que Bonnie haussa les épaules innocemment, l'air de dire « peut-être que oui, peut-être que non » et elle vint éclater de rire ensuite. Intelligente, elle ? Pire que ça, c'était une surdouée. Son QI supérieur à la moyenne ne lui avait toujours attiré que des ennuis, néanmoins, à l'heure actuelle, elle était assez fière d'avoir un « super » cerveau, comme elle aimait dire. Mais là, même sur un terrain de basket, son intelligence semblait à nouveau lui attirer des problèmes. « On m'a toujours dit que cette association ne fonctionnais pas » se moqua-t-il et à la place de se vexer – chose assez difficile à provoquer chez la brune – elle rit, une nouvelle fois. Elle eut l'envie subite d'expliquer à Edd que dans un sens, il s'auto-critiquait, parce que dans l'histoire, techniquement, c'était lui le sportif, mais elle ne dit rien. Après tout, elle aussi avait toujours entendu cela. C'était un peu cliché selon elle, mais soit, chacun son avis sur les sportifs. Bonnie était une addict au sport, elle les avait probablement tous testé au moins une fois. Mais pour le moment, son objectif était de rejoindre l'équipe du lycée. « Oui, j'ai eu vent de cette rumeur. Pure légende urbaine si tu veux mon avis. Le sport et la culture se combinent très bien. » Elle laissa à Edd le soin de se faire son propre opinion sur elle et ne préféra pas se vanter de son QI trop élevé. Il s'était déjà fait battre dans son sport de prédilection, son égo en prendrait un sérieux coup si maintenant il découvrait qu'elle était peut-être plus intelligente que lui. Alors Bonnie attrapa le ballon que lui lança Edd, le défiant du regard, un sourire ornant ses lèvres. « Allez chérie, impressionnes-moi, et prouves-moi que tes compétences ne sont pas simplement dues au hasard ! » Elle haussa les sourcils à l'entente du surnom qui lui attribué : « chérie » puis elle secoua la tête avant de commencer à dribbler tandis qu'elle se dirigeait vers le centre du terrain, Edd sur ses talons, naturellement. Lorsque le basketteur se mit en position de défense, Bonnie se demanda comment cela se passerait entre eux, si, un jour, le coach Connor acceptait par miracle, que Bonnie rejoigne l'équipe. A tous les coups Edd organiserait un piquet de grève avec ses coéquipiers afin qu'elle quitte les Pirates, mais elle, ça la ferait bien rire. Elle regarda Edd s'ébouriffer les cheveux, tout souriant, sans doute persuader que Bonnie n'avait eu que de la chance la dernière fois. Alors elle s'avança en trottinant, concentrée dans son jeu, bien déterminée à lui prouver qu'il n'avait jamais été question de hasard ou de chance. Elle fit mine de partir vers la gauche pour marquer, mais feinta au dernier moment à droite. Panier ! « Alors, j'ai fais bobo à ton égo, Amour ? » demanda-t-elle innocemment. Il n'y avait pas que lui qui pouvait sortir des surnoms idiots.

Dans le fond, elle l'adorait ce type. Ils avaient beau être partis sur de mauvaises bases, elle ne pouvait pas nier partager certains points communs avec lui. Mais bon, de là à dire qu'ils finiraient amis, jamais de la vie. D'ailleurs les seules fois où ils se voyaient, c'était principalement sur le terrain de basket. Trop opposés pour se côtoyer en dehors. Et naturellement, afin de montrer leur différence, il se moqua à nouveau d'elle et de sa technique de jeu. Elle eut l'envie évidente de lui lancer le ballon à la tête, mais elle savait que cela serait mal vue et les étudiants présents dans les gradins l'accuseraient de l'avoir volontairement blessé. Elle leva les yeux au ciel à la nouvelle entente de l'appellation par laquelle il la désignait : chérie. Un surnom plein de sarcasme qui faisait finalement rire Bonnie au lieu de la mettre en colère. Face à elle Edd s'ébouriffa les cheveux pour la seconde fois et l'étudiante le regarda, septique, se demandant si au cours du match il arriverait à mettre plus de panier qu'il ne se toucherait les cheveux. Elle étouffa un rire, mais ne cacha pas son amusement et laissa faire lorsque Edd prit le ballon avant de le lancer dans le panier. « Je dois avouer que tu m'as vraiment ébloui, je ne m'attendais à ce que tu utilises une technique aussi élaborée et complexe à mettre en œuvre. » Son ton moqueur fit à nouveau sourire Bonnie qui répondit à sa suite : « dit le type qui se fait battre à chaque fois par une fille... » L'idée qu'il ait pu la laisser volontairement maquer ce point l'agaçait. Elle aurait pu voir cela comme un acte de gentillesse si elle n'avait pas connu le basketteur. Sauf que là, Bonnie voyait très bien qu'il en profitait. Il vint finalement récupérer à nouveau la balle et la lança d'une main à l'autre. L'étudiante croisa les bras et le dévisagea, septique, lorsqu'il lui demanda s'ils comptaient enfin jouer sérieusement. C'est lui qui se moquait, et qui la laissait marquer les points mais c'est elle naturellement qui ne jouait pas sérieusement. Il désigna la balle d'un geste de la tête et l'agita devant le visage de Bonnie, la prenant de toute évidence pour une idiote. Il s'approcha d'elle, déposa ses lèvres conte son épaule et repartit en courant vers le milieu du terrain. « Mais vas-y, embrasse-moi, j'te dirai rien. » maugréa la jeune Sullivan d'une voix pleine de sarcasme et d'ironie, pas certaine non plus que le basketteur ait entendu. Enfin, pour le coup, elle s'en fichait qu'il ait pu l'entendre ou non. « Tu veux pas que je t'apprenne les techniques de bases avant qu'on ne joue sérieusement ? Tu sais, dribbler, lancer dans le panier... Enfin, tout ça. » demanda-t-elle, souriante et moqueuse à la fois. Le basketteur affichait toujours son sourire de voyou et de mauvais garçon, trop fier de lui. Bonnie, les bras toujours croisés, le regarda faire, priant pour qu'il rate son coup. « Ne trembles pas trop ! » cria-t-il avant de lancer le ballon en direction du panier à l'autre bout du terrain. Frimeur ! « Sportif idiot, sarcastique, honteusement macho et un égo surdimensionné. Amour, tu as des qualités qui font rêver ! » clama-t-elle alors qu'elle applaudissait et s'approchait de Edd.