you talk, i walk
wanna feel the danger

Fiesta à Sea Village. Bass filthy à souhait qui rebondit sur tes tympans et dérègle les battements de ton cœur. Lumières qui se perdent dans les vaguelettes de la piscine de taille olympique. Pétasses aux mensurations cartoonesques qui se baladent sous le regard avide des beaufs. Lolita esquisse un sourire tout en s’engouffrant dans le hall; ce genre de soirée c’est une valeur sûre, genre t’y débarques sans douter une fraction de seconde que tu vas y passer du bon temps. Elle saisit son iPhone, allume l’écran sur lequel lézarde une craquelure, vestige d’une énième soirée épique, et pianote quelques mots. "Suppp t’es ou?" Elle doute que Cat lui réponde, c’est le genre de meuf qui ignore son portable dès qu’elle commence à s’enjailler, mais la flemme de la chercher à travers le domaine – il faudrait qu’elle s’enfile cul sec un verre ou deux pour s’en donner le courage. Lolita s’avance dans le salon, ignore ostensiblement le regard ravi qu’on jette sur ses jambes interminables coincées dans des échasses laquées; à chaque fois qu’elle sort il y a toujours ce genre de cassos un peu gras qui la dévisage comme si elle descendait de l’Olympe, fuck que c’est lassant à la longue. Scannage rapide de la pièce derrière ses cils surchargé de mascara bon marché. Bouteille de Bacardi repérée à une heure, partouzée par quelques mecs avec des bonnets Comme des Fuckdown. Parfait. Un des types lève la tête, la repère, son visage se fend d’un large sourire bien rutilant – le signal classique. Lolita s’approche, liane ondulante, pas nerveuse du tout, après tout ça fait longtemps qu’elle maîtrise ce genre de situation… Jusqu’à ce qu’un pied glissé soudainement devant elle manque de la faire tomber face première contre le tapis persan. Merde. Se cramponnant de justesse à une bibliothèque non-loin, elle fait volte-face. « Hé fais gaffe putain! » Elle se fige devant le regard bleu glacial qu’elle connaît très bien – trop bien. Edd Wilkes. Confortablement installé dans le canapé, celui-ci passe une main dans sa chevelure sombre comme si de rien n’était, mais la moue railleuse qui éclaire son visage sculptural lui confirme que ce qui vient de se dérouler n’avait rien d’un accident. Lolita se relève lentement, replie les bras contre son décolleté vertigineux et lui jette un regard dédaigneux. « ...Wow, comment tu gères mec, faire des croche-pieds aux meufs c’est tellement hype. » Elle a beau essayer d’avoir l’air blasée, sa voix tremble d’énervement. Il faut dire que parfois, seulement l’entendre respirer lui donne des envies de sang. Normal, c'est Edd.