« Maman ! Maman ! Pourquoi le ventre de madame Evans est si gros… ? Elle est malade ? » Sa mère sourit doucement devant son petit garçon qui venait tout juste d’avoir ses trois ans. Elle le prit sur ses jambes et caressa ses cheveux tout en enlevant l’herbe qu’il avait sur son haut. Axel avait joué toute l’après-midi dans leur jardin alors que les Evans et les Potter s’étaient réunis pour faire un déjeuner en plein air, afin de profiter de cette chaleur environnant presque les vingt-cinq degrés pour ce dix février. « Elle n’est pas malade mon cœur… Elle attend un bébé. » Le regard du petit garçon s’illumina d’un coup. Des étoiles se mirent à briller dan ses yeux soudainement. « Un bébé ? Comme celui de tata Susy et tonton Bob ? » Elle se mit à rire et hocha la tête caressant ses cheveux. « Oui mon cœur, comme ta cousine Nancy » Axel rit aux éclats tapant dans les mains pour montrer sa joie. Il regardait avec émerveillement le ventre de la meilleure amie de sa mère et sauta des jambes de sa mère pour venir vers Madame Evans… « Madame Evans… C’est vrai que vous avez un bébé dans le ventre… ? » Les deux femmes se jetèrent un regard et s’adressèrent un sourire avant que la madame Evans en question baissa la tête pour regarder Axel. « Oui Axel… C’est une fille… » Axel sourit et regarda le ventre. « Mais ça ne fait pas mal… ? Le ventre était tout petit avant ! » Tout le monde se mit à rire et l’amie de sa mère caressa sa joue. « Non ça ne fait pas mal… Mais elle bouge parfois, et ça fait tout drôle… Regarde. » Elle prit les mains du petit Axel, et les posa sur son ventre. Il sentit des petits coups et il s’émerveilla littéralement. « Je pourrais jouer avec elle quand elle sera là ? » Elle hocha la tête. Et sourit embrassant son front. « Évidement Axel ! Tu as intérêt à jouer avec elle ! » Il sourit et retourna jouer dans son coin, tout seul, sur l’herbe. Les Potter regardèrent leur fils et se dirent que cela ne pourrait que faire du bien à Axel d’avoir quelqu’un avec qui jouer… Que bientôt il ne sera plus seul à jouer avec ses jouets… Qu’ils seraient bientôt deux et qu’il ne serait plus tout seul.


Quand le réveil sonna, Axel se redressa d’un coup, sautant au pied du lit aussi rapidement que la lumière. Il était réveillé depuis une dizaine de minutes déjà, parce qu’aujourd’hui était un grand jour pour lui. Il l’avait attendu pendant des mois, des années. Il s’habilla en deux temps trois mouvements, et descendit en courant dans la cuisine. « On ne court pas dans les escaliers Axel Bastian Potter ! » Il sourit doucement, alla embrasser son père sur la joue, puis se dirigea vers sa mère qui lui faisait des pancakes pour l’embrasser également sur la joue « Désolé maman. » Il sourit et prit sa fourchette pour manger ses pancakes avec appétit alors que son père riait derrière son journal. A peine avait-il terminé qu’il sauta de sa chaise pour remonter se laver les dents à la vitesse de la lumière, de prendre son cartable et de redescendre tirer sur le bras de sa mère.  « Maman ! Maman ! Il faut y aller sinon on sera en retard ! » Elle rit en hochant la tête et ils saluèrent le père qui replia le journal pour aller embrasser sa femme et son fils. Axel se précipita hors de la maison courant sans attendre jusqu’à la maison voisine pour frapper à la porte corps et âme. Quand cette dernière s’ouvrit il afficha un immense sourire. « Bonjour Madame Evans ! Est-ce que Solveig est prête ? » Il n’attendit pas la réponse parce qu’il vit la petite Solveig. Il se précipita vers elle et prit son sac dans l’une de ses mains, et la main de la petite fille blonde dans l’autre. « Tu verras l’école c’est trop bien ! Mais maintenant que tu y seras avec moi ça sera encore mieux ! » Il embrassa la joue de la petite fille et ils allèrent vers la voiture, il la fit monter à l’arrière sur le siège et l’attacha avant de s’assoir et de se rattacher lui-même. « Ne t’inquiète pas, je serai là avec toi aujourd’hui ! Et si jamais quelqu’un t’embête viens me le dire ! » Il sourit encore et prit la main de la petite fille dans la sienne alors que les deux mères s’installèrent devant avec un petit sourire complice.  


Assis sur sa balançoire, Axel avait les yeux vides, et rouges. Il avait pleuré toutes les larmes de son corps, et encore plus. Il regardait ses hommes habillés en bleus avec écrit sur le dos « CSI Crime Scene Investigation » aller et venir chez lui. Sa mère pleurait dans les bras de Madame Evans un peu plus loin. Il referma les yeux et inspira doucement. Il avait refusé que Solveig puisse le voir dans cet état. Il ne voulait pas lui montrer son côté faible. Il était plus âgé qu’elle, et elle pouvait compter sur lui à tout moment et là ce n’était pas le moment. Il ne voulait pas lui montrer qu’il avait une faille. Une faiblesse horrible. Ses larmes de tristesse. Il inspira et regarda la voiture de son père avant de serrer le poing. Il avait eu ses neuf ans quelques mois auparavant et son père lui avait promis que sa voiture lui reviendrait et qu’il lui apprendrait à conduire. Mais aujourd’hui son père n’était plus là. Et tout ça à cause d’un cambrioleur qui lui avait tiré en plein cœur. Il se souvenait encore du corps entouré de sang qu’il avait vu en plein milieu du salon. Son père. Son modèle, l’homme le plus fort qu’il n’avait jamais connu. Encore plus que Superman. Il sécha d’une main rageuse ses yeux alors que son regard se porta sur le sol et l’herbe qu’il titillait avec ses chaussures. Une paire de pieds s’arrêtèrent devant lui et releva la tête pour voir un policier s’accroupir à son niveau. « Je sais que c’est dur pour toi mon garçon, mais tu dois être fort. Pour aider ta mère et rendre fier ton père. » Il regarda cet homme qui portait la veste bleue en question. Il releva la tête pour regarder sa mère, faible et triste. Il inspira doucement. « Oui monsieur… » Il baissa la tête un instant et regarda les vrais officiers de police entrer dans la maison, et interroger sa mère. « Monsieur… Vous n’êtes pas policier… ? » L’homme sourit doucement et passa une main dans ses cheveux. « Oui et non… Je suis policier, mais je ne fais pas le même travail que ces hommes là. Mon travail à moi, c’est de relever tous les indices et toutes les preuves afin de pouvoir retrouver les coupables le plus rapidement. Et je n’interviens que quand quelque chose de très grave et très triste est arrivé… Comme pour ce qui est arrivé à ta famille. » Axel hocha doucement la tête et inspira doucement. « Alors vous êtes quelle police… ? » L’homme sourit et se releva. « Nous somme la meilleure police qu’il soit : la police scientifique. » Et Axel sut à ce moment là que son ambition de devenir astronaute n'était plus que poussières...


Cela faisait maintenant quelques années qu’il vivait chez les Evans. Après la mort de son père, sa mère et lui n’avaient pas supportés vivre une seule minute de plus dans leur maison qui leur donnaient trop de souvenirs… Les plus bons, comme les plus mauvais. Il n’y avait pas un jour où il passait dans le salon sans avoir la vision de son père allongé dans une marre de sang. Alors à peine après quelques semaines, ils avaient déménagés chez les Evans. Sa mère allait mieux. Un peu mieux. D’autres soucis avaient détournés sa tristesse de la perte de son père. Sa meilleure amie, la mère de Solveig avait des problèmes, et c’était avec joie que leur famille les avait aidés, moralement, et financièrement. Avec l’assurance vie que son père leur avait laissés, et les dédommagements que l’état leur avait versés, ils étaient à présent à la tête d’une petite fortune tout à fait raisonnable. Alors maintenant que la situation des deux familles était revenue à la normale, c’était le moment d’annoncer leur départ.  Ils leur avaient dit qu’ils avaient réussis à avoir un appartement convenable à quelques minutes de voiture de là. Il y avait eu quelques larmes et des embrassades, mais Axel était rapidement monté faire sa valise, emportant ses affaires avec lui. Ils avaient vécus neuf ans, chez eux. Il avait à présent 18 ans et Solveig 15 ans. Ils avaient passés des instants mémorables, ses années passés ensembles avaient renforcés des liens, et des sentiments. « Ne t’inquiète pas. On ne sera pas si loin que ça maintenant que j’ai mon permis. » Il n’avait même pas eu besoin de relever la tête qu’il avait déjà deviné sa meilleure amie adossé dans le cadre de la porte. Il jeta le dernier haut dans sa valise, et un dernier cadre photo dans le carton voisin avant de relever la tête et de faire un sourire à sa meilleure amie. Il ouvrit les bras et elle n’hésite pas à se jeter dans ses bras. Il passa un bras autours de sa taille et l’autre autour de ses épaules, enfouissant son visage dans ses cheveux. Il inspira doucement son parfum et sourit. « Allons, tu sais très bien que tu pourras venir dormir à la maison autant que tu voudras… Et je n’ai pas oublié ma promesse de t’apprendre à conduire ! » Il la repoussa doucement et embrassa son front puis sa joue, comme il le faisait depuis qu’ils étaient petits. Il sourit et prit sa main dans la sienne la serrant doucement, pour lui faire comprendre qu’il serait toujours là. « Rien ne changera entre nous tu le sais. Tu seras toujours ma meilleure amie, quoi qu’il arrive. » Il sourit et la regarda dans les yeux… Si seulement il savait à quel point il l’aimait…  


La porte s’était ouverte d’un coup de vent. Il lança sa veste sur le petit canapé. Il avait réussit à avoir l’appartement qu’il avait toujours voulu avoir. Il l’avait choisi en sorte de pouvoir avoir une chambre dans laquelle Solveig pourrait venir dormir… Ou même emménager. Mais il ne s’était jamais attendu à avoir un « refus » pareil. James. Tout tournait autours de ce James. Depuis qu’elle était avec lui, elle ne lui accordait plus autant de temps qu’auparavant. Ils avaient changés, enfin, elle avait changé. Et il lui avait proposé de vivre avec elle, mais elle avait préféré d’emménager avec un mec qu’elle ne connaissait que depuis peu de temps. Il regarda le verre, ne souvenant même pas d’être allé se faire un petit verre d’eau. La seconde suivante, il regarda le verre au sol. Il avait une fois de plus fini par balancer et casser quelque chose. Il inspira doucement et alla de mettre dans le canapé, coudes sur ses genoux, tête entre les mains. Il tourna la tête sur le côté et vit une photo qui lui redonna le sourire. Lui, le nez cassé, Solveig inquiète. Sa mère avait réussi à prendre cette photo le soir où il avait embrassé Solveig parce qu’elle se plaignait que sa copine avait eu un baiser et pas elle. Il ne s’était pas attendu à recevoir un coup d’une telle force dans le nez. Mais à l’époque il l’aimait déjà. Sa vie tournait autours d’elle. Il avait eu quelques copines, rien de très sérieux, et avait rompu, quand il s’était rendu compte qu’elles ne pouvaient être Solveig. Il se passa la main sur le visage. Imaginer Solveig avec un autre le faisait bouillonner de rage. Il savait se faire acceptable, bien élevé et aimable quand ils voyaient James, mais intérieurement il ne désirait que lui refaire le portrait. Il inspira doucement et se dirigea vers son bureau préférant se plonger dans les révisions de son diplôme qu’il n’allait pas tarder à recevoir. Le cœur lourd. Chassant les images de Solveig et de James qui se mettaient à envahir son cerveau en rafales.


Il se prit la tête dans les mains. Mais qu’est-ce qu’il lui avait pris, merde ! Ils étaient tranquillement là, à regarder un film ensembles, quelque chose qu’ils n’avaient pas réussis à faire depuis un petit moment. Avec le travail de Solveig, son tout nouveau poste dans la police scientifique, le petit ami pédophile, c’était comme ça qu’il l’appelait, et ses petites histoires de cœur sans grand intérêt, se revoir était devenu mission impossible. Mais aujourd’hui, elle était venue pour le féliciter de son entrée dans la police scientifique. Pas encore en tant que policier, mais en tant que technicien de laboratoire, après tout, il fallait toujours commencer quelque part. Il avait été très affecté par ces hommes qui avaient aidés à retrouver le meurtrier de son père et avait décidé de devenir comme eux. Et quand il s’était présenté, CV en main, sans très grande expérience mais avec des résultats scolaires excellents, l’homme qui le reçut n’eut même pas de sourcillement en voyant son nom. Il s’était simplement contenté de lui dire « Je savais que tu rejoindrais nos rangs un jour où l’autre ». C’était l’homme à qui il avait parlé quand son père était mort, et cet homme était devenu aujourd’hui son patron. Il avait commencé à travailler il y avait de cela quelques mois déjà, et son travail était très satisfaisant. C’était pourquoi son patron lui avait donné l’occasion de passer le test afin de devenir un agent de terrain, afin d’aller sur les scènes de crimes… Et il avait réussi, et c’était ce qu’ils avaient décidés de fêter ce soir… Avant qu’Axel n’avait décidé de l’embrasser, la croyant endormie, et avant qu’il lui balance les sentiments qu’il cachait au fin fond de lui depuis plus de huit ans déjà. Mais elle s’était levée et partie sans rien dire de plus. Et Axel savait que plus jamais rien ne redeviendrait comme avant. Que leur amitié venait de voler en éclat… Et qu’il venait de perdre sa meilleure amie, son âme sœur. Celle qu’il aimait depuis ses 17 ans.