Prénom : anouck ∞ Pseudo : junk ∞ Âge : 18 ∞ Où as-tu connu le forum : par pub abusive par MP sur un autre forum ∞ Présence : régulière ∞ T'as une suggestion, un commentaire à faire ? /blurp/ ah pardon, c'est sorti tout seul ∞ T'es prêt à faire la bamboula, t'amuser comme un dingue et te faire pleins de nouveaux copains ? tu veux cliquer ? ∞ Autre personnage joué écrire ici ∞ Scénario ou personnage inventé scénario, j'ai trop pas d'imagination j'vous jure ∞

AND WE DANCED

Une boule s’est formée dans le bas de mon ventre. Je l’ai littéralement sentir se former, se durcir, puis commencer à monter en ligne droite à travers mes intestins, très doucement, pour monter jusqu’à mes poumons. Elle est passée par mon cœur et ça m’a fait très mal, puis quand elle est arrivée dans ma gorge, j’ai su quoi faire. Comme à chaque fois, mes joues qui s’étaient gonflées et étaient devenues rouges se sont maintenant étirées parce que j’ouvrais grand ma mâchoire. J’ai crié. De toutes mes forces, j’ai crié. Il n’y avait aucune raison à ça, excepté que je voulais que ce démon sorte de moi et comme il se trouvait dans ma gorge j’étais persuadé qu’il dégagerait enfin. J’avais mal aux yeux à force de les fermer si fort. Je ne savais pas ce qu’il se passait autour de moi, mais je pouvais parier dessus : mon père transpirait, avait déposé sa bière au-dessus de la télévision. J’ai senti ses mains qui tenaient mes bras comme pour me tenir fermement. Il m’a un peu secoué pour me calmer, mais je n’arrêtais pas de crier alors il m’a secoué un peu plus fort. Il paniquait, je savais qu’il paniquait, mais il ne comprenait pas qu’en moi, j’abritais un démon qui ne demandait qu’à sortir et que c’était par ce cri que j’espérais le faire partir. Il me secouait de plus en plus fort… Puis je l’ai sentie, cette torgnole qui m’a calmé, un coup de poing dans la mâchoire. J’ai arrêté de crier. Je n’en voulais pas à mon père parce que c’était la seule façon existante de me faire arrêter. A l’âge de sept ans, trois à quatre fois par jour, je piquais cette crise. Tous mes organes me brulaient jusqu’à ce que j’explose. « Exploser », c’est le terme que les profs avaient donné à ce que je faisais – parce que ça m’arrivait en classe, aussi. On s’apprêtait d’ailleurs pour aller voir pour la toute première fois le psychologue social que la conseillère de l’école m’avait obligé à aller voir. « Il est peut-être hyperactif », qu’elle avait dit, « ça se soigne bien avec quelques petites pilules. » J’ai enfilé mon t-shirt et j’ai posé un peu de glace sur mon menton. Mon père ne savait plus quoi faire de moi, ce gosse qui lui avait pris la femme de sa vie… J’étais né en Floride mais après le décès de ma mère, quand je n’étais qu’un nourrisson, l’entreprise de mon père avait déménagé à Oceanside… Après deux ans, il s’était fait virer et n’avais plus jamais réussi à retrouver un job qui payait bien, ce qui expliquait le fait qu’on vive dans ce taudis des quartiers pauvres.
J’ai confronté une femme à lunettes qui m’angoissait. Mon ventre à commencé à me brûler, comme si j’allais « exploser » à nouveau. Je l’ai fait devant elle. Elle m’a toisé comme si j’étais un livre et qu’elle essayait de me déchifrer, parce que je n’étais pas écrit dans sa langue mais plutôt en chinois ou en arabe. Un cas compliqué. Elle a parlé avec mon père pendant longtemps et elle lui a tendu un papier. J’ai entendu des mots compliqués sortir de sa bouche, je n’avais aucune idée de ce que ça voulait dire, évidemment, mais à voir l’expression de mon père, qui transpirait à grosse goûtes – il faisait toujours ça quand il était dans un état de stress – c’était sûrement grave. Quand on est remontés dans le bus direction Riverdale, j’ai enfin posé la question qui me torturait l’esprit depuis quelques minutes. « Papa… ça veut dire quoi ”bipolaire” ? »

Dix-huit ans et demi, non mais qu’est ce que je foutais encore au lycée ? J’ai regardé tous les imbéciles qui m’entouraient, je m’en fichais d’être immobile au milieu du couloir, d’ailleurs, même si je les empêchais tous de passer. On n’osait pas me bousculer, j’étais Thom après tout, le type un peu à part, qui a toujours l’air stone, qui donne l’impression de n’avoir peur de rien. J’avais déjà vécu ça, la senior year et ce qui va avec. Je me suis rendu compte que même ces pourris de profs ne changeaient jamais le contenu de leur cours. Une année de déjà-vu, rien d’autre. Mes pulsions me poussaient à vouloir shooter dans les casiers tout en criant, en gueulant, mais grâce à mes petites pilules (apparemment) j’arrivais à me contenir. J’en avais rien à foutre d’être ici, j’étais majeur en plus, j’aurais juste pu sauter sur ma planche et me casser d’ici, aller à la plage, manger des moules que j’irais chercher moi-même, même si elles me déchiquetaient les doigts ces salopes. Mais le soudain poids sur mes épaules me rappelait ce que je faisais là ; sans même me retourner, je savais qui c’était. « Allez April, descend de là ! Une tape sur la tête. « Ah pardon Ashleigh, j’t’ai confondue avec l’autre… » Deux tapes sur la tête. « C’est bon j’déconne Simone, calme-toi ! » Trois tapes sur la tête. J’ai secoué les épaules pour qu’elle tombe. Toujours sans me retourner, j’ai réussi à passer mon bras autour de ses épaules. « J’te jure, aucun sens de l’humour cette Timae. » C’était ça la raison qui me faisait tenir dans ce lycée de cons au pays des cons, le plaisir d’être enfin dans la même classe que Timae. J’aurais du y penser plus tôt, doubler en sophomore ou en freshmen, j’aurais réussi à bien mieux profiter de mes années. J’vous jure, cette meuf, elle illumine mes journées.
Pour ce soir, j’étais allé chercher une pizza. J’avais passé l’après-midi à la plage (c’était le mois d’octobre, il faisait encore beau) à emmerder Timae et à la regarder surfer et à me foutre de sa gueule dès qu’elle réussissait à louper une vague. Dès que je la voyais, mes boyaux arrêtaient de bouillir. J’ai jeté la pizza sur la table et j’ai ouvert une bière. « P’pa, le dîner est servi ! » Je ne l’ai pas attendu pour m’enfiler ma première tranche de salami. Il m’a jeté ma boîte cylindrique orange sous le nez. « Allez, oublie pas, au dîner c’est la bleue. J’ai pas envie de t’entendre beugler toute la nuit. » Même si les pilules me calmaient quand je les prenais régulièrement, il m’arrivait encore souvent d’exploser. C’était sûrement parce qu’après dix ans mon corps s’était habitué aux substances, qui sait. Mon père, avec les années, était devenu grognon. Ses passe-temps préférés, c’était la chasse, la pèche et me cogner dessus les soirs de fête. Le trio gagnant : rien de mieux pour prouver sa virilité au bistro du coin. Quand j’oubliais par malheur de prendre ma pilule du soir et que je commençais à crier pendant mon sommeil, il venait dans ma chambre et m’étouffait avec un oreiller jusqu’à ce que je me calme. Parfois il ne prenait pas le temps d’attendre et m’assommait simplement avec mon radioréveil. J’ai entamé ma deuxième part après avoir repoussé la boîte de pilules. « T’étais où tout l’après-midi ? » « Avec Timae. » Je crois qu’il ne l’aimait pas trop. Il a grogné. « Tu sais p’pa… Quand je suis avec elle, j’explose jamais. Ja-mais. Ça m’est pas arrivé depuis que je la connais. Mieux, je me sens même bien, genre j’ai pas mal aux poumons. » Il m’a regardé, intéressé. « C’est vrai ce mensonge ? » J’ai acquiescé. J’ai toujours pas avalé ma pilule. « Du coup… Je me disais que je pourrais arrêter les cachets… ça ferait des économies ! » Je lui ai évidemment sorti l’argument qui l’intéresserait le plus : déjà qu’on était sur la paille, comme notre maigre couverture médicale ne prenait pas en compte les maladies mentales, on se ruinait tous les mois. Trois pilules par jour, ça revient cher sur dix ans de vie. Mais mon père a encore grogné, il a jeté sa part de pizza entammée dans la boîte et il s’est approché de moi. « écoute-moi bien, fils. Si t’arrêtes ces cachets, tu sais bien que ça recommencera comme quand t’étais gosse. Tu sais aussi que tu détestais ça. Alors fais pas le con, sinon tu sais bien ce que tu vas recevoir. » Je lui ai jeté un regard noir. « Si c’est pas les pilules qui me calment, ça sera toi, c’est ça ? » Il a fait un mouvement brusque et, par réflexe, j’ai sauté de ma chaise. J’ai choppé une part de pizza avec moi, ma boîte de cachets et je suis monté m’enfermer dans ma chambre. J’ai pris la pilule bleue, ce soir-là. C’est le matin suivant que j’ai évité de prendre la jaune.
La journée se passait plutôt bien. C’était l’après-midi et je marchais à côté de l’autre brunasse avec qui je passais tout mon temps. Je m’étais senti assez bien toute ma journée, même en ayant loupé deux pilules. Je me réjouissais déjà d’être ce soir pour annoncer fièrement à mon père que les médocs ne servaient plus à rien. Peut-être que j’aurais pu lui faire croire que je les prenais toujours et empocher l’argent que ça coûtait pour m’acheter de la weed… J’étais pensif pendant que l’autre déblatérait sur je ne sais quelle « pouf » de sa classe d’espagnol. Et d’un coup… Oh merde. Je ne saurais pas expliquer cette sensation. C’est un peu comme quand d’un coup tu sens que tu vas avoir la chiasse, tu vois. T’as les boyaux qui se réchauffent, qui commencent à bouillir, sauf que dans mon cas ça ne descendait pas, non, ça montait. Cette sensation horrible d’un démon qui doit s’enfuir. Il me restait trente secondes avant d’exploser, je savais bien à quelle vitesse ça montait. On passait justement à côté des toilettes. « Attends-moi là. » J’ai poussé la porte et me suis enfermé dans une chiotte. Au lycée, quand t’es un mec et que tu vas pas au pissoir, tu te choppes toujours des remarques désobligeantes. « Baaah, il y en a un qui va faire caaaa-caaaa », voilà le niveau. J’ai vite déroulé le papier toilette et j’en ai fait une boulette d’à peu près la taille de mon poing que je me suis fourré dans la bouche le plus vite possible. Retiens-toi, Thom. Retiens-toi. J’ai posé mes mains de part et d’autre de moi, sur les parois de la toilette, pour m’agripper. Putain ça y est, c’était monté, j’avais envie de crier. A la place, j’ai mordu sur la boulette le plus fort possible. Bordel de merde, j’étais avec Timae pourtant. Ça n’aurait pas du se passer. Mon corps se tordait, je transpirais à mon tour à grosses gouttes, j’explosais, ma mâchoire me faisait mal à force de forcer autant sur le papier qui s’était vachement durci. Bordel, Thom. Je suis sorti des toilettes après cinq minutes et j’ai rejoint Timae pour la raccompagner chez elle. Le soir, j’ai pris ma pilule bleue, et depuis j’ai plus arrêté.